Pour diriger une entreprise durable, il faut parfois faire des choix étonnants

S'insurger contre le fait que les conférences sur le climat se déroulent dans l'arrière-cour des lobbyistes pétroliers, ou refuser un client important qui ne partage pas vos valeurs par exemple.

Il n'y a pas une seule vérité applicable en matière de développement durable en entreprise, mais des principes simples peuvent s'appliquer à de nombreux cas de figure, en voici 5. 

1. Choisir l'impact avant les bénéfices

C’est sans doute la décision la plus importante mais la moins évidente à prendre. Habituellement, la priorité des entreprises est de générer des bénéfices, cela demande donc une certaine dose d’abnégation de viser l'impact d'abord. 
Cela ne veut pas dire qu’il faut tirer un trait sur les bénéfices, mais pour une entreprise durable, les faire passer en premier signifie souvent qu’elle est prête à faire des compromis sur l’environnement ou d’autres sujets sensibles.

2. S’engager sur les 3 grands piliers = Planète, personnes, animaux

Les entreprises consacrent souvent beaucoup de temps et d’énergie à trouver les mots justes pour parler de leur impact. Et on les comprend, il y en a beaucoup trop qui ne veulent rien dire, comme "vert", "respectueux de l'environnement" ou "naturel".

Lorsque l'on parle de durabilité, la plupart des gens pensent à l'impact sur la nature et ses ressources. Mais elle devrait couvrir trois grands domaines, la planète, les personnes et les animaux.

Planète : les politiques environnementales de l’entreprise, l'utilisation des ressources et la gestion des déchets, les types de matériaux utilisés et leurs sources, l'engagement en faveur de la circularité, la consommation d'énergie et les émissions de carbone, les impacts sur l'eau, la biodiversité, etc.

Les personnes : en considérant l’ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Les politiques et les pratiques en matière de travail des enfants, de travail forcé, de sécurité des travailleurs, d'égalité des sexes et de salaires, et de diversité.

Les animaux : les politiques en matière de bien-être animal ; si des produits d'origine animale sont utilisés, comment sont-ils tracés ?

3. Les faits, rien que les faits, et la validation d’un tiers

Le greenwashing est si courant qu'il en est ridicule. Il y a une règle assez simple à suivre : tout ce qu’une entreprise prétend être, avoir ou faire, doit être fondé sur des faits et idéalement, être validé par un tiers. En l'absence de faits ou de preuves émanant de tiers, les "labels" ou les mentions comme "ingrédients 100 % naturels" sur les produits sont dénués de sens et finissent par faire plus de mal que de bien (le Parlement européen vient d’ailleurs d’adopter une directive dans ce sens).

Il existe tellement d’organismes de certification qu’il peut être difficile d'en choisir un. Cependant certains tirent leur épingle du jeu, et s’imposent par leur sérieux et leur fiabilité, tel que B Corp.

4. Éditer des rapports cohérents

La responsabilité environnementale est une démarche en constante évolution. De plus, les normes et les attentes augmentent au fur et à mesure que l’entreprise grandit. C'est pourquoi il est important de faire un reporting précis et cohérent. 
Qu'il s'agisse d'un format interne ou d'un rapport externe, il permet de définir les priorités, de rester sur la bonne voie et de rendre des comptes. Personne n'est parfait, et le mieux que nous puissions faire est d'être honnêtes sur nos défauts et de montrer comment nous travaillons pour être meilleurs demain.

5. Ne pas craindre la politique

Prendre une position politique est souvent considéré comme risqué, car la politique est par nature source de division. Mais l’engagement en matière d’environnement et la politique sont intrinsèquement liés. Rester impartial est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. Les entreprises doivent se faire entendre et être actives dans le paysage politique afin de susciter un véritable changement.

Il suffit de réfléchir à l’action des lobbys industriels, et des sommes qu'ils dépensent, pour influencer les différents niveaux de prise de décision pour s’en convaincre. Faire les choses de manière durable ajoute une couche de complexité, c’est évident, mais il n’y a pas d’autre alternative. Mais surtout, il faut savoir faire preuve d’esprit d’initiative, être sincère dans sa démarche et dans son rapport avec ses clients, et si nécessaire inventer de nouvelles règles, pour un avenir plus durable.