L’industrie de demain, ou comment réinventer l’emploi

La modernisation à grande vitesse de l’industrie, accompagnée de la multiplication des cobots, ces robots collaboratifs, va changer notre vision de l’emploi.

Valeur du travail, compétences recherchées, marché de l’emploi : autant de facteurs qui seront durablement affectés par la cobotique. Et ce, plus tôt qu’on ne s’y attend… et pas de la manière qu’on pourrait le croire !
Une révolution comme les autres ?

Chaque révolution industrielle majeure amène son lot de peur et d’incompréhension. Toujours compréhensible, parfois justifiée, l’inquiétude de voir l’humain, le salarié, sacrifié par des industriels ou patrons peu scrupuleux est tenace. La révolution robotique et la multiplication des cobots dans les entreprises inquiète et c’est d’une certain façon, bien normal.

En effet, la révolution robotique va avoir un impact sur un très grand nombre de travailleurs, et la transition pourrait prendre de 20 à 50 ans. La principale solution à ces problèmes est d’améliorer l’éducation et de favoriser la formation continue des travailleurs, mais naturellement, tous ne peuvent pas acquérir les compétences qui leur seront demandées. Résultat : oui, des emplois seront détruits. Mais pas autant que ceux créés.

Selon le cabinet PwC. "L'intelligence artificielle et les technologies connexes comme la robotique, les drones, les véhicules sans chauffeur, peuvent détruire de nombreux emplois auparavant réalisées par des humains, mais créeront aussi de nombreux emplois supplémentaires à mesure que la productivité et les salaires augmentent et que de nouveaux et meilleurs produits sont développés."

Quels changements pour demain ?

Aujourd’hui, on estime que 20% des emplois britanniques existants seront menacés par l'intelligence artificielle d'ici 2038. Au total, ce sont sept millions de postes qui sont sur la sellette.

Les secteurs les plus touchés sont l'industrie, avec l'automatisation des machines-outils, mais également les transports et la logistique avec l'arrivée des drones et des voitures autonomes. De même, que ce soit en France ou dans d’autres pays, les régions où se trouvent les principaux sites de production seront les plus touchées. A l'inverse, l'intelligence artificielle devrait créer 7,2 millions d'emplois sur la même période. Les secteurs qui en bénéficieraient le plus sont la santé et les services à la personne, les métiers de la communication, la publicité et l'éducation, des métiers concentrés dans les grandes villes.

Mais pour maximiser les effets positifs des cobots et robots sur l’économie, des actions devront être faites. Il sera nécessaire d'investir dans la recherche, l'innovation, et offrir aux opérateurs des formations continues adaptées et gratuites, comme c’est déjà possible de le faire actuellement avec des outils comme l’UR Academy. Les politiques d’éducation doivent évoluer pour intégrer au plus tôt la cobotique dans les formations initiales de filières technologiques.

Le vrai défi ici est donc de prendre en compte les différentes localisations d’impact. Les zones et métiers qui seront affectés négativement par l’industrie robotique ne seront pas les mêmes que celles affectées positivement. Mais en se préparant à cette transition, il sera possible de faire en sorte que celle-ci se déroule en douceur.

Une union versatile et efficace

Avant, les hommes étaient au service des machines qui imposaient leur cadence. Aujourd’hui, l’homme et la machine travaillent de concert.

Le développement du cobot qui sort de sa "cage" pour devenir l’assistant de l’opérateur permet d’éliminer peu à peu toutes les tâches pénibles et répétitives. L’internet des objets (IoT) rend les machines intelligentes voire sensibles au travers de multiples capteurs. Mais il change aussi les modèles d’affaires en accédant à des données précises sur les produits et leurs usages par les clients. Afin de ne pas être dépendants de la technologie, il faudra changer nos paradigmes mentaux.

Si, avec le numérique, les métiers se réinventent, certains ne doivent pas être perdus. Les compétences et savoir-faire fondamentaux doivent être préservés afin que nous ne soyons pas totalement dépendants de la technologie. Alors que l’industrie se modernise, elle devra aussi et surtout moderniser ses méthodes de recrutement, de management et de transmission de savoir.

Révolution managériale

En effet, dans cette industrie du futur, un opérateur travaillant avec un cobot aura accès à des données et des informations de même niveau que celles dont dispose un contremaître voire un ingénieur. Le travail se fait de plus en plus en réseau, et les responsabilités de chacun seront bien plus grandes qu’aujourd’hui. On se retrouvera donc à devoir modifier nos anciennes structures hiérarchiques autrefois très pyramidales. Ce qui est une bonne nouvelle, car plus un travailleur est responsable, plus il est impliqué, plus il est efficace. 

La révolution numérique est donc une superbe occasion pour la France de revenir dans la course industrielle, course dont elle a été laissée en arrière depuis le début du siècle. Mais pour profiter de cette révolution, il faudra de nouveaux employés. Or, les jeunes ne se bousculent pas pour entrer le marché de l’industrie. Ils sont pourtant indispensables ! Sans salariés, les cobots ne pourront fonctionner et les usines seront à l’arrêt.

C’est pour cela qu’il faut, en plus de former les employés risquant d’être touchés par l’arrivée des robots, maximiser l’introduction des cobots (qui ne remplacent pas l’employé) dans notre tissu industriel. Prendre en compte ce nouvel environnement de travail pour revoir également nos méthodes de management et d’organisation, afin de créer un univers de travail plus posé et agréable.

Une fois ceci fait, il sera bien plus aisé de donner envie à la nouvelle génération d’intégrer les usines à des postes d’opérateurs, sans danger, moins difficiles et plus valorisants qu’auparavant, pour enfin créer l’industrie intelligente que nous méritons tous.