Bien-être au travail : le rôle clef de la qualité de l'air intérieur (QAI)

Les entreprises mettent le bien-être des employés au cœur de leurs préoccupations, et les initiatives sont nombreuses. Mais qu'en est-il de la qualité de l'air au bureau ?

Les entreprises mettent le bien-être des employés au cœur de leurs préoccupations. D’ailleurs, 40% des jeunes considèrent le bien-être au travail comme un critère essentiel de sélection, devant le temps libre ou la rémunération selon BVA Opinion. Salles de repos, repas entre collègues, aménagement des horaires… les initiatives sont nombreuses.

Qu’en est-il de la qualité de l’air au bureau ? La qualité de l’air intérieur est au moins aussi importante que la température ou la lumière pour le bien-être des salariés. Elle est même une des obligations des employeurs selon le Code du Travail. Si l’entreprise opte pour une ventilation naturelle, « le Code du travail impose que les dispositifs de commande de ces ouvrants (les poignées de portes ou de fenêtre, par exemple) soient accessibles aux occupants des locaux », selon les articles R. 4222-3 et R. 4222-4. Une mesure plus qu’importante quand on sait que l’air intérieur est 8 fois plus pollué que l’air extérieur, et que l’air intérieur respiré au sein d’un open-space serait 10 à 20 fois plus pollué que l’air extérieur selon une étude de l’Université de Purdue.

Au bureau, les employés sont exposés à différents polluants : les COV qui s’échappent du mobilier et des fournitures, les encres des imprimantes qui émettent de l’ozone et des hydrocarbures, les virus portés par leurs collègues, les particules fines des parfums et déodorants, le CO2… Plus de 500 souches bactéries différentes ont été découvertes dans l’air intérieur d’immeubles de bureaux en France.

Les écoles ont déjà l’obligation de contrôler le taux de CO2. En effet, les effets néfastes du CO2 sur la santé sont nombreux. Une concentration de CO2 de « seulement » 1 000 ppm peut entraîner : une aggravation des symptômes asthmatique et une détérioration des performances psychomotrices chez l’adulte, une dégradation de la capacité à prendre des décisions de 10% à 25%, une réduction considérable de la capacité à se concentrer, à mémoriser, à résoudre des problèmes et à réaliser plusieurs actions à la fois, une augmentation du risque de transmission virale par voie orale due à une mauvaise aération des pièces, et l’apparition de maux de tête. Les écoles utilisent donc des capteurs de CO2. Ainsi, elles reçoivent des alertes leur permettant d’ouvrir la fenêtre et d’aérer avant d’atteindre un seuil néfaste pour la santé des élèves.

Peut-on imaginer un capteur de CO2 et de COV dans nos bureaux ?

L’article L220-1 du Code de l’environnement dit que nous avons tous le « droit à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé » et le 16 avril 2022, Emmanuel Macron annonçait un « effort massif de purification de l'air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraite et tous nos bâtiments publics. Vous en verrez les premiers résultats avant la fin de cette année ». Mais pourquoi s’arrêter aux bâtiments publics ? C’est également vrai au travail et, déjà en 2019, les Français travaillant dans le secteur privé représentaient 77% de la population active !

Il est urgent pour les entreprises de prendre la qualité de l’air intérieur au sérieux, et pour l’Etat de les aider à passer le pas en légiférant sur ce sujet. Les coûts socio-économiques liés à la pollution de l’air intérieur sont estimés à 19 milliards d’euros par an, et engendreraient plus de 20 000 décès ! La pandémie du Covid-19 nous a prouvé l’importance d’un air sain, les initiatives prises en 2020 pour lutter contre la propagation du virus doivent être pérennisées.