Des coopérations soutenables et solidaires pour transformer notre société

Pour y parvenir, et à l'aune des élections régionales, les collectivités territoriales, dont les régions sont les "cheffes de file", doivent jouer une partition essentielle.

La sortie de crise sanitaire que nous commençons à entrevoir nous laisse face à des enjeux sans précédents dans leur diversité, leur gravité et leur interdépendance : récession économique, accroissement des inégalités, risques environnementaux (biodiversité, climat…).

Répondre à ces enjeux impose de réinventer nos modèles collectifs pour imaginer des solutions à même de conjuguer les dimensions économiques, sociales et environnementales. Notre résilience dépend de l’ancrage territorial de ces solutions et de leur cohérence au local et au national.

Dans ce contexte, des coopérations ambitieuses entre tous les acteurs (entreprises classiques, acteurs de l’ESS, société civile, collectivités) sont indispensables, et les acteurs territoriaux ont un rôle prépondérant à jouer pour l’émergence de ces partenariats au service de la transition de leur territoire.

Pour contribuer à la construction d’un monde soutenable et solidaire, ces coopérations doivent placer au cœur de leurs préoccupations les liens sociaux et écologiques, reposer sur des valeurs partagées et s’accorder sur les modalités d’actions et les objectifs poursuivis (réduction des GES, des inégalités, encadrement et partage de la valeur, renouveau démocratique…). L’implication dans une démarche partenariale si ambitieuse engage une réflexion à tous les niveaux et questionne la notion même de création de valeur, permettant un changement culturel à la racine des organisations.

Ces coopérations apportent aussi des réponses aux enjeux stratégiques des acteurs s’y engageant : positionnement, diversification, changement d’échelle, recrutement, ancrage local ou même emploi et inclusion à l’échelle d’un territoire. En permettant la mutualisation de ressources, de compétences ou de risques, elles constituent un terreau propice à l’innovation sociale, managériale et organisationnelle. Elles encouragent à repenser profondément sa chaine de valeur (via des réflexions sur le recrutement, la gestion financière, la gouvernance, la relocalisation d’activités) et donc ses relations avec les territoires.

Fruits d’expérimentations menées par des pionniers, ces coopérations soutenables et solidaires existent déjà : Pôles Territoriaux de Coopération Economique, démarches d’écologie industrielle territoriale, création de joint-ventures sociales (JVS)… C’est par exemple RepareSeb, JVS entre les groupes Seb et Ares, premier magasin-atelier d’insertion professionnelle dédié à la réparation du petit électro-ménager et à la lutte contre l’obsolescence programmée.

Pour approfondir ces prémices, les collectivités ont un rôle fondamental à jouer : créer les conditions favorables pour que ces coopérations transformatives soient possibles sur leur territoire. En donnant l’impulsion et en pilotant la dynamique locale, elles permettent une mobilisation des différents acteurs pour agir collectivement au service de défis communs. Les projets innovants ayant émergés dans ces cadres de coopération peuvent venir nourrir les politiques publiques en retour.

Ce rôle de facilitateur peut être porté à différentes échelles et s’exprimer de manière diverse : diagnostic et dialogue territorial, création de lieux de rencontres et d’interconnaissance, financement et accompagnement de projets partenariaux ou même implication directe dans les projets. C’est par exemple le cas de la Ville de Paris qui s’est impliquée au sein de RepareSeb afin de permettre sa mise en œuvre dans un QPV, notamment en facilitant l’accès au foncier.

Les compétences territoriales des régions (planification, gestion de biens publics, coordination d’acteurs territoriaux, gestion de financements…) leurs confèrent de nombreux leviers pour la transition écologique et sociale et la résilience de leur territoire : leur champ d’actions pour faciliter l’émergence des coopérations est très riche et porteur. A ce titre, les élections régionales du 20 et 27 juin revêtent une importance majeure.

En faisant appel à des acteurs du décloisonnement pour promouvoir les modèles et initier des projets, en agissant à la conjonction de plusieurs politiques publiques, en mettant en place des comités de relance (notamment pour l’ESS), les Régions peuvent s’engager pour travailler la coopération à plusieurs niveaux et donner de la cohérence, de la lisibilité et des moyens à cette dynamique.

Face à la multitude d’enjeux auxquels nous devons faire face, la co-construction entre acteurs complémentaires est indispensable pour inventer de nouvelles réponses. A plusieurs égards, cette dynamique doit s’ancrer localement et être impulsée par les acteurs publics territoriaux. Dans une société qui se distend, où la République censée réunir s’effrite, les coopérations sont une réponse au besoin de vivre ensemble et de résilience. Faisons donc de ces prochaines élections régionales un accélérateur des coopérations solidaires et soutenables pour construire le monde de demain.