Femmes et freelances : faire carrière autrement

Le salariat présente encore de nombreux avantages. Pourtant, certaines femmes ne le voient pas de cet œil et envisagent leur carrière autrement en devenant freelances.

Le salariat ne les fait plus rêver

Accès au logement facilité, assurance chômage, sécurité sociale en cas de maladie, congés maternité, congés payés…Le salariat présente des avantages indéniables. Mais certaines femmes ne le voient pas de cet œil et envisagent leur carrière autrement : elles ont choisi de court-circuiter les inégalités salariales persistantes, les systèmes hiérarchiques archaïques et la pression managériale parfois destructrice. Elles ont franchi le pas pour plus de liberté, des missions choisies et une meilleure qualité de vie. Comment ? En devenant freelance.

Sur les 10 000 experts IT qualifiés de notre communauté environ 1 000 sont des femmes. C’est  peu, les métiers de la tech et data n’attirent pas encore assez de femmes. Le secteur de l’IT est très dominé par les hommes, et les femmes “modèles de réussite” sont encore trop peu nombreuses.

Quels sont les freins à devenir freelance en tant que femme ?

L’incertitude financière est sous doute le premier frein que je constate en discutant avec les femmes freelances de notre communauté. Il faut accepter le risque de ne pas savoir s’il y aura des missions disponibles à moyen terme et apprendre à vivre avec une visibilité à 6 mois.

C’est parfois inconfortable ou incompatible avec des projets immobiliers où les banques ne suivent pas nécessairement. Pourtant, dans l’IT le travail ne manque pas, mais les banques ont besoin de plusieurs exercices comptables pour vous faire confiance. Si vous souhaitez devenir freelance, assurez-vous de ne pas être bloquée dans vos projets personnels, quitte à reporter le projet de freelancing d’une année ou deux.

Il y a des moments de vie où il est difficile de se lancer, j’ai moi-même été freelance pendant 7 ans, j’ai globalement trouvé cela très vertueux; mais cela fluctue au fil du temps et je comprends qu’une jeune maman isolée puisse le percevoir différemment.

Je pense aussi que certaines femmes ne se sentent pas encore capables de gérer leur entreprise, le côté commercial, les aspects administratifs etc… Est-ce que les femmes ont moins confiance en elles pour devenir leur propre patron ? C’est possible et pourtant irrationnel, il existe de nombreuses formations et ressources pour se lancer et il est tout à fait possible de déléguer la comptabilité, la facturation ou d’autres tâches chronophages.

Certaines de nos freelances sont passées par une période de portage salarial pour tester leur projet sereinement et bénéficier des avantages du salariat (couverture sociale, cotisation retraite, prévoyance, droit à la formation…). Les démarches administratives sont par ailleurs prises en charge par l’entreprise de portage qui les salarie.

Enfin, les femmes sont moins enclines à réseauter, et les cercles professionnels propices aux rencontres et à des opportunités de business sont trop souvent réservés aux hommes. Mais cela tend à changer avec des initiatives portées par des femmes partout en France.

Les avantages du freelancing au féminin

Le fait d’être une femme est un élément de différenciation qui peut faciliter la recherche de missions : dans des univers très masculins comme dans l’IT, une femme peut apporter sa sensibilité, son empathie, et donc s’avérer être un véritable atout pour faciliter le travail d’équipe.

A compétences égales, une femme freelance est payée autant qu’un homme, elle est choisie pour ses compétences et selon le TJM (tarif journalier moyen)  pertinent sur le marché. Une bonne façon de ne plus être confrontée aux inégalités salariales.

Le manque de visibilité sur le revenu généré à moyen terme est largement compensé par le gain de liberté : la liberté de décision, d’action et d’organisation. Être freelance est épanouissant : nous sommes actrices de notre réussite, nos missions sont variées et nous nous organisons comme nous le souhaitons ! Un confort de vie indéniable avec moins de temps consacré aux transports, aux réunions interminables et plus de temps pour soi et ses proches. 

Il reste cependant beaucoup de zones grises quant au freelancing et à la précarité de ce statut, surtout pour les travailleurs des plateformes de jobbing et de livraison. Les pistes d'amélioration sont nombreuses, et on peut espérer beaucoup des élections à venir, voire d'un consensus européen sur le sujet pour un statut unique des freelances avec des droits alignés sur le monde du salariat. Mais pour celles qui ont la chance d’exercer des métiers fortement valorisés comme ceux de la tech et de la data, c'est une véritable opportunité d'adopter ce nouveau mode de travail et de vie.