Chasseurs de tête sur LinkedIn, ils racontent

Chasseurs de tête sur LinkedIn, ils racontent Trois recruteurs expliquent comment ils utilisent le réseau social professionnel pour dénicher les bons profils… et les convaincre de les rencontrer.

Le plus souvent, ce sont les recruteurs qui font le premier pas. Mais en contactant sur LinkedIn Thibaud Chalmin, vous recevriez ce message : "J'ai malheureusement atteint le quota maximum autorisé de 30 000 relations sur ce profil. En revanche, vous pouvez m'inviter sur mon nouveau profil." Chasseur de tête depuis 2004, Thibaud Chalmin compte en effet 85 000 relations sur le réseau social professionnel. "J'ai été obligé de me créer trois profils différents. Sur le premier, je porte une cravate rouge, sur le deuxième, une cravate bleue et sur le troisième, une cravate violette", sourit le chasseur de tête indépendant. Il estime passer sur le réseau social "au moins trois heures par jour".

"J'ai atteint le quota maximum autorisé de 30 000 relations"

Thibaud Chalmin intervient en dernier recours, lorsque les annonces postées par une entreprise qui recrute n'ont rien donné et que personne dans le réseau de l'employeur ne fait l'affaire. "Pour chaque mission, j'identifie 100 à 150 personnes, toutes en poste. Je les contacte toutes et seulement 10% d'entre elles acceptent de me rencontrer", calcule-t-il. Le chasseur de tête présente in fine trois candidats à l'entreprise recruteuse. Quant à son rythme de travail, il mène toujours trois recherches de postes en parallèle et prend en moyenne huit semaines pour dénicher les candidats.

Son utilisation du réseau social s'arrête à cette étape. "LinkedIn est un très bon outil pour l'identification, mais pas pour l'approche directe, estime le chasseur de tête. Ensuite, j'appelle le standard de la société dans laquelle le candidat est en poste et je le contacte directement." Malgré un abonnement payant, Thibaud Chalmin note une deuxième limite de LinkedIn. "J'identifie plus facilement les candidats avec une recherche Google, en cherchant 'inurl:linkedin.com plus mes mots clés', remarque-t-il. LinkedIn reste un réseau social et pas un outil de recherche."

"Les mots clés que nous recherchons sont des noms de technologie, d'outil"

Baptiste Delorge, 4 000 relations, s'arrête aussi sur des mots clés. Le chasseur de tête a monté il y a presque trois ans le cabinet de recrutement Bao, spécialisé sur les profils tech. "Les mots clés que nous recherchons sont des noms de technologie, d'outil, de langage de programmation que les candidats doivent maitriser", indique Baptiste Delorge, qui pense consacrer environ 40% de son temps de travail au réseau professionnel.

"Notre utilisation de LinkedIn est assez poussée. On utilise deux LinkedIn différents : la version classique pour étoffer notre réseau, suivre toutes les actus et effectuer quelques prises de contact, et la version Recruiter Professionnal Services (version dédiée aux entreprises de recrutement, ndlr) qui permet d'automatiser les envois de message et de faire des recherches très approfondies."

Si Bao dispose d'un corps de message automatisé, Baptiste Delorge tient à le personnaliser. "En regardant le parcours d'un candidat, on trouve des points sur lesquels on a envie de s'arrêter. On demande comment était une ville dans laquelle il a travaillé par exemple". Le taux de réponse du chasseur de tête se situe entre 20 et 30%. "Certains répondent même s'ils ne sont pas intéressés, précise-t-il. C'est important, ils seront peut-être plus ouverts plus tard et se rappelleront de nous."

"Je cherche des personnes qui font figurer #OpenToWork sur leur profil"

"Ça permet de garder un certain vivier qui peut se réactiver à tout moment", confirme Danielle Roumieh, responsable RH d'Emagine. Le cabinet, qui se situe entre conseil et ESN, compte actuellement 600 consultants placés en mission et 50 salariés en interne. Danielle Roumieh se charge de recruter 20 salariés supplémentaires cette année.

Son utilisation de LinkedIn diffère de celle d'un chasseur de tête comme Thibaud Chalmin, en quête de profils très rares sur le marché du travail. Pour la responsable RH qui cherche notamment des chargés de recrutement et des commerciaux, LinkedIn vient en complément des jobboards. "Je cherche des personnes qui font figurer #OpenToWork sur leur profil, parce que j'ai besoin de candidats disponibles immédiatement, souligne-t-elle. On pense à actualiser son profil LinkedIn mais pas forcément à retirer son CV d'un jobboard."

Qu'en est-il de sa stratégie d'approche ? "J'aime bien personnaliser les messages pour faire la différence, répond Danielle Roumieh. J'en reçois beaucoup moi-même et souvent je n'y réponds pas, parce que je remarque qu'on n'a pas regardé mon profil. C'est un jeu de séduction le recrutement, c'est dire : j'ai envie de travailler avec toi et pas avec quelqu'un d'autre". Reste à trouver les mots doux.