Les premiers bâtiments à énergie positive fleurissent en France

Plus que l'industrie ou les transports, les bâtiments sont, au sein de l'UE, un véritable gouffre d'énergie primaire, et responsables en majeure partie des émissions de CO². La France, où le bâtiment absorbe environ 46 % de la consommation d'énergie, n'échappe pas à cette statistique. Les bâtiments à énergie positive arrivent à point nommé.

Les bâtiments à énergie positive (BEPOS) sont l'ultime évolution d'une technologie bâtimentaire économe en énergie, qui s'est fortement développée dans les années 1970, en marge des chocs pétroliers répétés, avec notamment le concept de « bâtiment à énergie passive » (BEPAS). En France, selon l'Agence de l'environnement et de la maitrise de l'énergie (ADEME), la consommation énergétique du bâtiment – chaleur, électricité – équivaut quasiment à celles de l'industrie et des transports réunies. C'est pourquoi, à partir de 1974, les gouvernements adoptent régulièrement des réglementations thermiques (RT) adaptées aux enjeux du moment, imposant la performance énergétique dans la construction des bâtiments.

Les progrès suscités par la technologie BEPOS

Et à chaque nouvelle RT, les exigences en matière d'économies d'énergie augmentent ; ce qui tenait de l'évolution dans la précédente, devient la norme de base dans la réglementation en vigueur à l'instant t. Concrètement, la RT 2012, entrée en vigueur le 1er janvier 2013, impose aux bâtiments basse consommation (BBC) de diminuer leur absorption énergétique de 50 % par rapport au seuil de la RT 2005 ; ainsi les BEPAS sont-ils définis comme la nouvelle norme pour les constructions nouvelles. Ces « habitats passifs » doivent permettre une isolation thermique renforcée et une excellente étanchéité de l'air, sans toutefois devoir produire une quantité d'énergie renouvelable supérieure à celle consommée.

Cette dernière obligation, quand elle est respectée, permet d'estampiller un bâtiment "BEPOS". Afin d'être éligibles à cette catégorie bâtimentaire – et par conséquent aux avantages fiscaux qui en découlent –, les nouvelles constructions devront produire plus d'énergie qu'elles n'en consomment. Aux exigences des BEPAS s'ajoutent la nécessité, par exemple, d'un équipement en moyens de captage ou production énergétique – récupération et utilisation des eaux pluviales, photovoltaïque, éolien.

L'installation encore frileuse des BEPOS dans le secteur tertiaire

A partir de 2020, les constructeurs de bâtiments neufs devront donc prendre en compte cette balance énergétique positive, à la fois respectueuse de l'environnement et propre à encourager la production d'énergies renouvelables, alors que la diminution de la part du nucléaire est une mesure phare de la transition énergétique débattue au Parlement.
L'idée de cette technologie novatrice étant, in fine, de créer de vastes réseaux d'acheminement du surplus d'énergie créée, au sein de quartiers d'habitation comme d'ensembles de bâtiments destinés aux bureaux.
La France voit d'ailleurs tout doucement son activité tertiaire évoluer, avec l'application encore un peu frileuse des normes de la future RT 2020 dans la construction de ses bâtiments. La Cité municipale de Bordeaux comme la technopole Sophia Antipolis – en région PACA – font ainsi dores et déjà partie des premiers ensembles de bureaux à énergie positive de France.

Les efforts concernant les BEPOS sont encore trop souvent l'objet d'entreprises plus individuelles que collectives. Pourtant, cette technologie semble revêtir un triple enjeu pour les sociétés : écologique et économique, évidemment, parce que réduisant les émissions de gaz à effet de serre et les factures énergétiques, mais également marketing, puisqu'elle est le symbole d'une démarche entrepreneuriale clairement éco-responsable et citoyenne. Du greenwashing, en somme.
Face à la flambée prochaine et inexorable du prix du pétrole, ressource non-éternelle, le recours aux énergies renouvelables permis par les BEPOS apparaît donc comme un atout majeur pour les entreprises. Gageons que les exhortations de Ségolène Royal en ce sens portent leurs fruits.