Les deux marchés de l’intérim

Les agences d’intérim affichent souvent dans leurs propositions commerciales deux coefficients: un coefficient de gestion et un coefficient de délégation. La révolution numérique permet de mieux comprendre comment sont construits ces deux taux.

Le secteur de l’intérim a récemment été bouleversé par une petite révolution. De nouveaux acteurs sont apparus avec une présence essentiellement numérique et des coefficients défiant toute concurrence de l’ordre de 1,7. 

Cependant ce taux n’est pas permis par les seules économies dues à des process numériques automatisés. Leur modèle économique repose sur des agences n'offrant que la gestion administrative des contrats de travail et ne faisant ni recherche, ni sélection des candidats. "Pas de recrutement" signifie "pas d’agence physique" et donc des coûts moindres et un coefficient plus bas. Mais il faut bien comprendre que ce coefficient est un coefficient de gestion et non de délégation.


Choisir 1,7 comme coefficient de gestion ce n’est pas un hasard. C’est le coefficient qui rend les coûts de l’intérim égaux à ceux d’un CDD. C’est un des arguments forts des nouveaux acteurs numériques qui jouent ainsi sans retenue la carte de la transparence. Les agences d’intérim classiques hésitent encore à baisser leur coefficient de gestion. Historiquement les contrats de gestion contribuent dans le budget des groupes d’intérim à financer le coût des agences physiques qui ne servent pourtant qu’au recrutement. Cependant la transparence amenée par le numérique sur ce marché fait que bientôt ils ne pourront se permettre de proposer un coefficient de gestion supérieur à ceux proposés en ligne. Les groupes d’intérim vont être contraints de repenser leur modèle en séparant, du moins budgétairement, les activités de gestion des activités de recrutement.


Qu'en est-il de la construction du coefficient de délégation ? L’écart entre le coefficient de gestion et de délégation s’explique par la prise en compte de deux services : le recrutement et l’assurance en cas de défaut d’un employé. Aucun de ces deux coûts n’est facile à évaluer pour les entreprises et ils sont souvent sous-estimés par les PME. Sur ce second marché, les agences d’intérim sont plus libres de fixer leur propre coefficient. On ne peut s’attendre à un recrutement de qualité si une entreprise propose un coefficient de délégation de 1,7. Ce coefficient à terme, sur un marché transparent, devrait s’aligner avec la réputation de l’agence d’intérim. Une agence proposant des intérimaires de qualité pourra sans rougir faire transparaître la qualité de son service dans ses prix.