Sept repères pour prendre de la hauteur en matière de formation

Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, lance le projet de loi réformant notre système de formation professionnelle. Il s’agit d’obtenir une baisse significative du chômage, l’accroissement de la compétitivité des entreprises et l’épanouissement des salariés.

Sur le terrain, les professionnels constatent que stagiaires et entreprises sont de plus en plus exigeants. En revanche, ils ne comprennent la plupart du temps rien au fonctionnement de la formation professionnelle. Ainsi, ils ne savent pas formuler leurs exigences clairement et encore moins obtenir satisfaction. Voici sept repères pour comprendre les enjeux et les opportunités.

La qualité

La qualité, dans les normes internationales, serait déterminée par la capacité à satisfaire les clients et les parties intéressées. Le stagiaire et son manager, présent ou à venir, sont les clients. L’entreprise, l’Etat, les partenaires sociaux et la Région sont les parties intéressées. La formation doit donc satisfaire les besoins exprimés du stagiaire et du manager. C’est bien identifié aujourd’hui dans le décret du 30 juin 2015. Il reste à le faire connaître et le faire appliquer.

La gouvernance

Le député Sylvain Maillard, responsable du texte sur la formation pour la République en Marche, a déclaré "qu’il fallait remettre un pilote dans l’avion". La gouvernance du système est pilotée par les parties intéressées. Chacune s’appuie sur ses administrations dont les fameux OPCA. Il s’agirait donc plutôt de choisir un pilote et de faire sortir les autres du cockpit voire de le construire. Dans la future réforme de la formation professionnelle, la tendance est à la reprise en main par l’Etat de la finance, en particulier la collecte et la subvention.

Le financement

Le système gouverne par le financement. "L’argent de la formation" est l’indicateur clef dans une certaine opacité. Il est difficile de savoir combien la France dépense et, pour un Français, de savoir à combien il a droit. La certitude est que tous les projets de formation sont examinés à l’aune du financement. Un stagiaire conçoit rarement de payer lui-même sa formation. En plus, l’attribution des fonds devenant tellement aléatoire, l’important est désormais de pouvoir demander et non plus d’obtenir. L’objectif de la réforme est de simplifier l’accès en le rendant plus transparent, mais aussi de concentrer les fonds qui se dispersent. Le projet de loi prévoit que seuls les organismes de formation certifiés qualité pourront proposer l’accès au financement.

Des organismes de formation de qualité

Un des aspects majeurs de la complexité du système est le nombre d’organismes de formation et la difficulté à appréhender leur qualité. De ce fait, le système génère la création d’intermédiaires pour aider au choix. Il est à l’origine du problème. En effet, il finance la personne morale qui réalise une activité de formation à condition qu’elle obtienne par l’administration un Numéro de Déclaration d’Activité (NDA). Ce n’est pas forcément un "organisme de formation". On trouve quatre groupes : les organismes de formation de la branche, les organismes de formation comme activité secondaire, des formateurs indépendants et des "opportunistes". Une double démarche qualité a été mise en œuvre par la précédente réforme. 8 000 organismes, sur 90 000, sont aujourd’hui certifiés qualité. 

Le formateur

Même s’ils ont tous les deux un NDA, il ne faut pas confondre organismes et professionnels. Le professionnel est la personne physique qui accompagne le stagiaire et l’entreprise à l’instar du personnel navigant dans une compagnie aérienne. Le formateur est la variable d’ajustement du système et un élément essentiel de la qualité. Il y a de moins en moins de formateurs salariés. La réforme précédente a admis des certifications de personne dans la liste des certifications qualité retenues. Le problème est donc résolu sur le principe. L’application de la loi sur la sous-traitance devrait également aider. Le client doit être vigilant sur la qualité de l’animateur de la formation.

Les opportunistes

Le marché est encombré d'opportunistes qui obtiennent le fameux NDA pour capter ponctuellement des financements. Pour preuve, sur 90 000 organismes déclarés, 40 000 n’ont même pas présenté une demande de référencement sur Datadock, la base de données des OPCA. Bien évidemment, un opportuniste peut être créateur de valeur et innover. C’est ce qui fait la complexité de la gouvernance. La certification qualité devrait régler le problème. En particulier, la certification de personne qui devrait permettre aux entrepreneurs avec une compétence et une expérience minimum d’accéder aux financements publics. Seul un pilote confirmé pourra monter dans l’avion.

Le service : parcours, CPF et certification professionnelle

Les partenaires sociaux insistent beaucoup sur la gratuité, l’accompagnement et la mise en avant de la certification professionnelle. Pour la Ministre, l’essentiel est dans l’acquisition de compétences attestées et reconnues. Ce sont des points importants qui restent cependant des éléments du parcours du stagiaire et de son manager qui doit être valorisant et renforcer leur sentiment d’efficacité. C’est la raison pour laquelle ils doivent être accompagnés par des organismes et des professionnels qui agissent en ce sens et en cohérence. Dans la future réforme, il est prévu de simplifier l’accès aux compétences professionnelles certifiées et à la formation et de prévoir une fonction nouvelle : le Conseil en Evolution Professionnelle.

En conclusion, la formation professionnelle est un processus indispensable pour les salariés et les organisations qui veulent s’épanouir ou se développer. La loi devra permettre d’améliorer notre système avec des signaux plus visibles pour que soient distingués et développés les formations, les organismes et les professionnels de qualité.