Les avantages du SEPA pour les entreprises et les banques

En permettant aux clients d'effectuer des paiements vers un bénéficiaire situé dans la zone euro, le Single Euro Payments Area est une opportunité tant pour les entreprises que pour les banques qui sauront le développer.

Un récent article de la Harvard Business Review a souligné l'opportunité pour les banques de "tirer parti du ralentissement". Dans un secteur des services financiers en difficulté et de plus en plus souvent soutenu par les fonds publics, il peut être difficile d'en convaincre les banques. Comment peuvent-elles investir dans l'avenir alors qu'elles sont confrontées à des problèmes tels que la mise en conformité au SEPA (Single Euro Payments Area, ndlr) et à la PSD (Payment Systems Directive, ndlr), les effets d'une récession économique mondiale et la faible confiance des consommateurs ?

N'oublions pas que le principe derrière SEPA est de permettre aux clients d'effectuer des paiements en euro vers un bénéficiaire situé dans la zone via un seul compte en banque et un seul ensemble d'instruments de paiement [1]. Les avantages du SEPA, en particulier du prélèvement automatique SEPA, pour les banques et leurs clients, les sociétés notamment, sont considérables. Ceux-ci constituent une opportunité pour les banques qui seront capables d'offrir ces services au plus tôt.   Les clients d'abord Dans la crise économique actuelle, il est d'autant plus important pour les entreprises de connaître leur situation de trésorerie et d'encaisser les règlements le plus rapidement possible. Désormais, les sociétés peuvent pratiquer l'encaissement par prélèvement automatique dans toute la zone SEPA. Jusqu'alors, les sociétés ne pouvaient procéder par prélèvement automatique qu'à l'intérieur du territoire national mais depuis novembre 2009, elles peuvent utiliser cet instrument de paiement au-delà des frontières. Les services de prélèvement SEPA proposés par les banques présentent des avantages évidents pour les entreprises, en particulier dans des secteurs tels que les télécoms, l'eau, l'énergie et les assurances, qui recouvrent une grande partie de leurs factures par prélèvement automatique.   Les grandes entreprises pourront tout particulièrement améliorer leurs flux de trésorerie  et réduire leurs charges de fonctionnement en utilisant les prélèvements automatiques transnationaux. En garantissant les dates d'encaissement, les prélèvements améliorent la gestion de la trésorerie, limitent les recherches, les relances, facilitent l'automatisation des rapprochements bancaires et le traitement des anomalies. D'autre part, cela réduit le niveau de demandes et les coûts d'opération associés des services administratifs.   Le recours systématique au prélèvement donne aux entreprises la possibilité d'unifier leurs  opérations et leurs relations bancaires et d'accroître, ainsi l'efficacité du traitement des flux. Jusqu'au lancement du SEPA, les entreprises réalisant des opérations transfrontalières devaient disposer d'un compte en banque dans chaque pays de la zone euro où elles avaient des clients et chaque pays avait sa propre approche du traitement des prélèvements automatiques. SEPA donne aux sociétés la possibilité de réduire le nombre d'établissements bancaires et de comptes qu'elles utilisent puisqu'elles n'auront plus à centraliser les encaissements dans chaque pays. Les sociétés ont ainsi la possibilité  de réduire le nombre de leurs  comptes et d'optimiser la situation de trésorerie de leurs filiales. Il n'y a désormais plus lieu d'avoir de comptes dans chaque pays pour les encaissements locaux, ce qui améliorera et simplifiera aussi le traitement de l'information.   La gestion des autorisations de prélèvement au coeur du système Si le prélèvement automatique transfrontière rendu possible par le SEPA présente des avantages évidents pour les sociétés, ces dernières doivent également faire face à certaines contraintes. Un processus unique remplacera les processus de gestion des autorisations de prélèvement des pays membres. Les méthodes actuelles de gestion des autorisations pourraient ne pas êtres conformes aux nouveaux processus SEPA et devront donc changer.   Pour accompagner ce changement, les banques doivent mettre en place une application de gestion des autorisations ainsi que le traitement complet des prélèvements, donnant leur statut et traitant les anomalies. L'analyse régulière des informations sur les transactions est un excellent moyen pour les sociétés d'améliorer leur maîtrise des flux de trésorerie.   Des avantages indéniables Pour les banques, offrir des services de prélèvement dans le cadre du SEPA peut leur permettre de conserver leurs clients ou même d'en gagner de nouveaux. Mais comment ce service peut-il amérliorer leur efficacité ? L'adoption de nouveaux instruments de prélèvement pour le SEPA entraînera également des réductions de coûts pour les banques. En effet, la mise en place des prélèvements automatiques SEPA facilite la centralisation de la gestion de la trésorerie au sein des banques et permet l'utilisation d'une infrastructure de paiement unifiée et donc d'un seul ensemble d'instructions et de services de paiement. On estime que les économies pourraient s'élever à 60 millions d'euros par an pour le secteur bancaire européen une fois la migration effectuée.   À maintes reprises, la Banque centrale européenne (BCE) a insisté sur ce point. Récemment, un membre du conseil de la BCE, Gertrude Tumpel-Gugerell a demandé qu'une date finale soit arrêtée pour l'abandon des systèmes nationaux, rappelant "qu'il est à la fois inefficace et coûteux de continuer à faire fonctionner en parallèle deux systèmes [2]". Ainsi, l'effort consenti dans le court terme sera compensé par les économies réalisées dans le long terme.   En outre, les banques internationales possédant des filiales dans différents pays de la zone euro ne seront pas les seules à en recueillir les avantages: une banque petite ou moyenne ne possédant que quelques filiales mais ayant une clientèle multinationale exigeant des paiements SEPA bénéficiera également de ce nouveau système de paiement. La suppression du double système dans les différents pays et son remplacement par des solutions centralisées, mises par les banques à la disposition de leurs clients locaux de façon uniforme et cohérente (des banques sur ses marchés locaux), réduiront de manière significative les dépenses de fonctionnement. Bref, si les banques européennes ont encore du chemin à parcourir pour aboutir à une mise en oeuvre réussie du SEPA, le résultat en vaudra la peine.   [1] Solution : SEPA, la zone euro unifiée. Banque central européenne. http://www.ecb.int/paym/sepa/about/solution/html/index.en.html. [2] Finextra, 17 mars 2009, http://www.finextra.com/fullstory.asp?id=19777