DRH, quelle est la Valeur Ajoutée Sociale de votre entreprise ?

Pour un investisseur, le retour sur investissement (TRI) attendu se mesure essentiellement à travers l’analyse des bilans financiers. Quel serait aujourd’hui l’indicateur différenciant qui permettrait à des financiers qui ne connaissent pas une entreprise de décider d’y investir ?

Tous les grands comptes ont dans leur bilan annuel un volet « social » qui regroupe les informations sur la qualité de vie dans l’entreprise et tout ce qui touche aux Ressources Humaines.

Le climat social, la gestion des accidents, la gestion des syndicats, le budget alloué à la formation, la politique de recrutement, la diversité hommes-femmes, l’intégration des handicaps et des minorités, sont autant d’indicateurs différenciateurs qui apparaissent dans ces bilans mais qui ne sont pas quantifiés ni quantifiables…

Restait à élaborer une solution pour établir un réel indicateur de la Valeur Ajoutée Sociale d’une entreprise, qui soit un véritable outil d’aide à la prise de décision pour les investisseurs.

Pourquoi lancer un indicateur de Valeur Ajoutée Sociale ?

Selon Jean-Christophe Le Feuvre, CEO de PIANA HR Group, « les grands messages marketing des sociétés ne sont plus crédibles. Les baromètres Best Place to Work et autres ne reflètent pas la dimension sociale des entreprises. Ce n’est pas parce qu’elle a mis en place un babyfoot ou une crèche qu’elle évite les dépressions ou les suicides »

Certes, ces mesures améliorent la qualité de vie de certains, mais elles ne constituent pas des éléments différenciants qui permettraient à un investisseur de vraiment appuyer son choix.

Alors comment mettre en avant les entreprises qui valorisent réellement la productivité de leurs employés en leur permettant d’être heureux dans leur poste et de gagner de l’argent ?

« Car nul ne peut le nier : avoir des employés heureux dans le cadre du travail les rend plus productifs ! Ce qui fait donc gagner de l’argent à l’actionnaire ! », souligne Jean-Christophe Le Feuvre.

Il est donc nécessaire d’établir un nouvel indicateur de la Valeur Ajoutée Sociale, à la fois neutre et indépendant, qui soit garant de la pertinence sociale interne d’une entreprise. Ainsi, l’investisseur disposera d’un indice différenciateur pertinent, révélateur de la santé de l’entreprise et de ses capacités de productivité et de profits.

 Comment définir un indicateur objectif de la Valeur Ajoutée Sociale d’une entreprise ?

Comment établir cet indicateur de façon neutre et objective, indépendamment des enjeux médiatiques du moment (par exemple pour Renault), des intérêts des syndicats et de ceux de la direction ? Sachant qu’il est aussi impossible de s’appuyer sur le seul jugement des employés qui peut changer selon le contexte du sondage. « France Telecom a fait un sondage en interne sur le stress au travail, est-ce pertinent et suffisant pour dire que le climat social s’améliore dans l’entreprise ? », commente Jean-Christophe Le Feuvre.

De plus, selon les secteurs d’activités, des impératifs de sécurité physique, de pénibilité, etc., doivent être pris en compte, comme c’est le cas par exemple dans l’Industrie. Les critères définissant la Valeur Ajoutée Sociale doivent donc s’adapter au métier de l’entreprise. Seul un expert des Ressources Humaines, indépendant des entreprises auditées, peut disposer de l’expertise nécessaire, dans tous les secteurs d’activités, pour réaliser un benchmark objectif autour de la Valeur Ajoutée Sociale d’une entreprise.

Des critères concrets pour un climat social apaisé

En proposant une analyse objective du volet social d’une entreprise, il s'agit d’éviter toute manipulation éventuelle des données par la direction ou par les investisseurs.

Seuls des critères objectifs sont retenus, sans s’appuyer sur du déclaratif. « Le turn-over est un critère pertinent, qui n’est pas forcément négatif. Tout dépend du secteur, de la maturité de l’entreprise, de son développement. Il n’y a pas de règle, c’est bien pour cela que seuls des experts RH comme nous peuvent évaluer la Valeur Ajoutée Sociale », défend Jean-Christophe Le Feuvre. « Il s’agit de critères concrets, qu’on ne peut pas "marketer". Une transparence totale de la politique sociale de l’entreprise basée uniquement sur des données objectives. Un des indicateurs qui me paraît essentiel est l’attractivité des jeunes. Une entreprise qui veut évoluer, est une entreprise qui doit participer à l’intégration des jeunes dans un plan de carrière. C’est un gage de réussite et d’avenir pour elle. Il faut considérer le nombre de jeunes, de stagiaires et d’employés en alternance qu’accueille l’entreprise », ajoute-t-il.

Le plan de carrière interne est aussi un critère de taille selon lui : « Une entreprise qui a déjà formalisé les différentes étapes que doit parcourir un collaborateur pour évoluer dans l’organisation me semble très important. Parce qu’une entreprise ne peut se projeter avec confiance dans l'avenir que si ses collaborateurs eux-mêmes se projettent avec optimisme au sein de leur société ».

« Ce n’est pas le DRH à lui seul qui porte la problématique RH de l’entreprise, les dirigeants ont un rôle essentiel à jouer dans la gestion des Ressources Humaines. Toute étude de la Valeur Ajoutée Sociale doit commencer par un audit du comité de direction, puis des managers, sur leur conscience des Ressources Humaines et sur l'importance qu'ils accordent à ces différents critères », souligne-t-il.

Le rapport de Valeur Ajoutée Sociale pourra aussi devenir un outil pour apaiser un climat social éventuellement tendu au sein d’une entreprise (incidents extérieurs, non-dits, pressions médiatiques), car il proposera aux directions générales tous les arguments objectifs de défense, basés sur des critères concrets, tout en soulignant les points d’amélioration possibles et nécessaires, pour s’ajuster face à la concurrence par exemple.

« Promouvoir le bonheur au travail, c’est mettre tous les moyens en œuvre pour que ses employés ne soient pas malheureux. Voilà la clé. Car la plus grande difficulté d’une entreprise c’est la gestion des hommes. C’est pourquoi  l’indicateur de Valeur Ajoutée Sociale, va devenir pour les investisseurs un véritable critère révélateur de la santé de l’entreprise et de son avenir », conclut Jean-Christophe Le Feuvre.