Débaucher sans risque le salarié d'un concurrent Une pratique répandue

Des avantages indéniables

"On peut sortir de la concurrence lorsqu'on est dans des business models équivalents"

Le débauchage est une pratique répandue. Il est en effet logique, lorsqu'on cherche un candidat qui possède une connaissance du secteur, d'aller prospecter chez les concurrents. Cela devient encore plus vrai si l'on requiert du candidat un carnet d'adresses ou la maîtrise d'une technologie : il sera totalement opérationnel beaucoup plus rapidement.

Raison pour laquelle Thierry Mercier, fondateur et dirigeant de Mercier & Partners et d'ExecAvenue, cabinets de chasse de têtes spécialisés dans les cadres dirigeants, remarque : "C'est en effet l'essentiel de ce qui nous est demandé. En revanche, il y a des circonstances où ce serait un peu abusif, comme pour les fonctions support transversales : RH, finances, juridique... On peut aussi sortir de la concurrence lorsqu'on est dans des business models équivalents, pour le marketing et la vente par exemple. Cela apporte de la fraîcheur dans la façon d'aborder les problèmes. Mais force est de constater que dans certains secteurs comme la distribution et l'automobile, tout le monde a travaillé partout."

"Dans la distribution et l'automobile, tout le monde a travaillé partout"

Et puis évidemment, chacun a le droit de choisir son employeur. "L'entreprise quittée peut réagir en offrant une promotion ou une augmentation mais dans 90 % des cas, cela se passera mal. Quelqu'un qui a démissionné et envoyé sa lettre de démission a démissionné." Même si cela prend du temps. Rares sont également les entreprises qui acceptent les demandes de rupture conventionnelle si il s'agit d'un départ vers la concurrence.

Attention aux dérapages

Certains cas de débauchage peuvent toutefois mal tourner. L'une des affaires les plus célèbres est celle d'Ignacio Lopez, directeur des achats de General Motors passé chez Volkswagen en 1993. "Evidemment, il connaissait tous les prix, ce qui est particulièrement critique dans ce secteur, se rappelle Thierry Mercier. Mais il est peut-être aussi parti avec des informations confidentielles." Depuis accusé d'espionnage industriel par la justice américaine, il aurait effectivement emporté avec lui des renseignements confidentiels, dont les plans d'une nouvelle usine.