Management agile : retour aux sources ou nouveau paradigme ?

Avec le rythme de l’économie mondialisée qui ne ralentit jamais et la montée en puissance du digital et du tout numérique, la comparaison entre la vie dans l’entreprise et la jungle prend de plus en plus de relief. Pour saisir les bonnes lianes, devons nous devenir agiles ou ne le sommes nous pas déjà ?

La survie des organisations devient un véritable enjeu : une erreur d’appréciation sur un marché, un bouleversement géopolitique dans une région clé de votre chiffre d’affaires, un raid boursier ou une rupture d’innovation non anticipée peuvent bouleverser la trajectoire d’une entreprise et de l’ensemble de ses collaborateurs.
Pour naviguer dans ces conditions durablement complexes, les organisations hissent peu à peu une nouvelle voile pour prendre le large, celle du management agile dans des entreprises agiles.  
Dans cette quête de l’agilité, chacun à son poste endosse les attributs du héros universel qu’est Tarzan. Cette figure emblématique qui survit dans un environnement dont il n'est pas natif parle à l'inconscient collectif : il survit, prospère et gagne ses combats en respectant les ressources disponibles tout en en tirant le meilleur. 
Prisée de la doctrine en management, cette agilité est en fait ancrée en chacun de nous. Car si nous aimons tous Tarzan c’est que nous nous identifions facilement à lui et à ses qualités : s’approvisionner dans  la nature et l’apprivoiser pour survivre fut la première mise en action de l'agilité. Pour être agile au 21è siècle, les hommes et femmes qui font vivre l’entreprise doivent revisiter nos comportements primitifs (et non primaires) qui nous ont permis d’évoluer pour en faire un référentiel de performance.
Pour développer l’agilité, revenir aux sources et miser sur la richesse humaine reste probablement le chemin le plus rapide pour les entreprises qui mettront en place des programmes de développement centrés sur cette notion.
Dans « Le manager agile » parus aux éditions Dunod, Jérôme Barrand partage l’observation des sociétés humaines et met en lumière les cinq critères comportementaux fondamentaux qui nous permettent de prospérer dans la jungle :
  1. La confiance entre tous qui passe par la certitude de pouvoir se fier à chacun et permet de diminuer le niveau de pression ressentie à l’intérieur de la communauté. Celle-ci se focalise sur la performance collective : c’est la subsistance du groupe qui se gagne grâce à la confiance que chacun attribue à la capacité de l’autre à tenir son poste. 
  2. Le partage de l’information qui est organisé pour être un levier de la performance collective et non pas une source de pouvoir individuel. L’intelligence collective se nourrit de ce partage et chacun est capable de reconnaître une information clé pour la diffuser immédiatement au bon destinataire. Ce référentiel d'action lié à l’information permet de diminuer les aléas et de sécuriser la chaîne de transmission.
  3. La responsabilité pleine et entière de ses actes, dont chacun est porteur avec en tête les conséquences des changements de son périmètre d’action. Responsable d’une partie du système, il est pleinement conscient de son rôle dans la réussite de l'ensemble.
  4. L’hybridation qui se matérialise dans la mixité des profils, des origines, des parcours et des points de vue : elle est reconnue et cultivée comme une force. 
  5. L’aptitude au changement qui offre à chacun de nous d’accepter et d’accueillir le changement pourvu qu'il le comprenne. Les plans de transformation ont remplacé le rythme des saisons
Parvenir à l'agilité nécessite une prise de conscience de la richesse de nos instincts de survie et de leurs intérêts lorsqu'ils sont adaptés au monde de l'entreprise 
C'est là que réside le nouveau paradigme car en faisant vivre les cinq critères comportementaux sus-cités, l’entreprise et son management s'appuient sur le levier le plus naturel et le plus universel chez l'être humain : l’instinct de prospérité et de survie qui soutient le sens et l’essence de toute entreprise humaine.