Guerre des talents : quels atouts pour les banques ?

La banque continue de souffrir d’un déficit d’image auprès des étudiants d’école de commerce, de management et d’ingénieurs. Des populations pourtant visées par les recruteurs du secteur bancaire. L’heure est donc à la réflexion pour savoir comment attirer les meilleurs profils.

Je participais récemment à une table ronde organisée par l’Observatoire des métiers de la banque sur la thématique : " Attirer les talents : défi de la banque de demain". Parmi les intervenants, des dirigeants ou salariés RH de grands groupes bancaires, des acteurs du conseil en management et des sociologues. Au fil d’échanges intéressants, un constat s’est dessiné : le manque d’attractivité des banques est grandement lié à leur manque de transparence.

Transparence et  lisibilité : des enjeux RH pour les banques

Par manque de transparence, on entend ici que leur offre manque de lisibilité, en termes de fonctionnement, de projets, d’initiatives internes comme externes. Pour un observateur extérieur qui envisagerait une carrière bancaire, c’est évidemment problématique. Car aujourd’hui, les talents attendent des réponses, des engagements. Quelles sont les perspectives d’évolution dans l’entreprise ? A l’international ? Qu’en est-il du cadre de travail ? Quels sont les avantages proposés? Quid du management et du degré d’autonomie ?

Le degré d’autonomie, parlons-en. Si les jeunes, issus de la génération Z, aspirent aujourd’hui à travailler en équipe, de manière transverse, au contact d’intervenants divers, ils associent à cette diversité une plus grande liberté. Une liberté qui se traduit par un besoin d’autonomie, de responsabilité. En cela, certaines structures travaillent déjà à des changements en termes de management et de gestion des ressources humaines. Car dans le secteur bancaire, comme dans l’assurance ou la fonction publique, on imagine une organisation très hiérarchisée, un modèle entraînant un manque de souplesse et donc une certaine inertie. Et lorsqu’un modèle évoque un manque de flexibilité ou de dynamisme : il repousse plus qu’il n’attire.

Transformer et communiquer

Quand nous parlons de transparence, nous parlons, par exemple de donner la parole aux salariés, notamment aux nouveaux entrants, auxquels les jeunes talents pourront plus facilement s’identifier. Partages d’expérience, rendu "réel" de la vie dans l’entreprise : il s’agit de tordre le cou aux idées reçues.

Parler d’évolutions internes, évoquer les passerelles (exemple d’un profil bac +3, justifiant d’une première expérience en back-office flux bancaires, évoluant en banque de marchés sur poste de Manager back-office), mieux communiquer sur l’éventail des métiers : autant de pistes à étudier. Car lorsqu’on parle de manque de lisibilité, c’est aussi là que la bât blesse. Le secteur bancaire, c’est pour beaucoup l’inconnu. Comme si un voile avait pendant des années entouré les banques pour garder leurs secrets. L’heure est à l’ouverture.

Faire connaître les métiers de la banque

Les banques recrutent de nombreux commerciaux : mais ces commerciaux sont aujourd’hui des conseillers, qui auront pour mission de réinventer la relation client. Elles recherchent en nombre des ingénieurs en informatique, notamment pour répondre aux nouvelles normes de sécurisation des paiements et opérations en ligne. Les normes en matière de contrôle des données et des dossiers créent par ailleurs de l’emploi et mettent les métiers de gestion du risque, de la compliance et du KYC (Know Your Client) en tête de liste.

La banque de détail dont la plupart des collaborateurs relève de la convention collective de la banque, doit parler de ses activités pour attirer tous les talents et recevoir les CV et lettres de motivation de candidats à haut potentiel. Elle se doit de promouvoir ses métiers en toute transparence. La secteur bancaire recèle en effet de métiers divers et variés, aussi riches qu'enrichissants.

 Savoir capter les profils techniques

L’image d’une industrie ne correspond pas toujours à sa réalité. Aujourd’hui dans le recrutement, nous constatons que les profils ingénieurs et IT Data ne montrent pas d’attrait particulier pour le secteur de la banque.

Dans le même temps, les banques se livrent un réel combat en vue d’intégrer ces profils à leurs effectifs. Les jeunes ingénieurs et informaticiens rencontrés ces derniers mois, partageaient un ressenti commun : les banques s’appuient sur des systèmes éprouvés, fiables, solides mais trop peu modernes et que l’on a peu d’espoir de voir modernisés.

Cet état de fait donne donc peu envie de s’investir, a priori, dans un projet informatique bancaire. Là aussi donc, les banques devront faire preuve de transparence et mieux communiquer sur leurs outils, les technologies employées, la nature des projets et développements à venir et, au-delà de cela, sur l’impact des projets informatiques menés sur l’ensemble de l’entreprise afin de capter les profils recherchés. En profitant notamment du dynamisme des banques en ligne ? Pourquoi pas. D’autant que les banques traditionnelles ont majoritairement créé les banques en ligne. Une preuve, d’ailleurs, de leur dynamisme, de leur esprit d’innovation et d’une transformation numérique en marche et déjà intégrée. Au lieu d’opposer ces types de structures, les banques gagneraient peut-être à les associer, en termes d’image et de communication notamment, pour profiter du dynamisme porté par le digital.