Les grands groupes succombent aux charmes de la conciergerie digitale

Les grands groupes succombent aux charmes de la conciergerie digitale La start-up Jobbers s'est lancée sur un créneau porteur. La conciergerie permet de booster la marque employeur tout en améliorant l'efficacité des salariés.

Réserver des billets de train au meilleur prix, trouver un professeur particulier pour ses enfants ou une assurance qui correspond à ses besoins... Certains salariés chanceux peuvent remplir ces tâches chronophages en quelques clics. Leur secret ? Leur employeur les a abonnés à un service de conciergerie digitale entièrement dématérialisé développé par la start-up Jobbers.

Un chatbot permet de traiter la demande dans la minute. © Jobbers

Créée en 2013, l'entreprise a développé une offre 100% dématérialisée qui vise à démocratiser la conciergerie d'entreprise : "Les conciergeries classiques sont bien souvent conçues pour le comité de direction et les cadres dirigeants, même si certaines exceptions existent. Mais il n'y avait pas d'acteurs de mass market. Or, nous pensons que tous les salariés devraient avoir droit à une conciergerie", explique Jean Benedetti, fondateur et dirigeant de la société qui compte actuellement vingt collaborateurs.

Selon lui, c'est en basculant vers le digital que la conciergerie peut s'adresser au plus grand nombre : "Digitaliser la conciergerie permet d'éviter la ségrégation puisque tout le monde possède un ordinateur ou un smartphone. De plus, cela n'a aucune emprise foncière sur les locaux d'une entreprise, contrairement à la conciergerie physique", développe le dirigeant de Jobbers, qui peut se targuer d'une belle santé économique. 35 000 salariés ont pour l'instant accès aux services de Jobbers, ce qui a permis à l'entreprise de réaliser en 2016 un chiffre d'affaires de 500 000 euros, chiffre qui devrait passer à 2,4 millions d'ici la fin de l'année.

Jobbers traite 6 000 demandes par mois

Pour accompagner cette croissance, Jobbers compte passer à 60 salariés d'ici la fin de l'année et prévoit une levée de fonds cet été afin de partir à la conquête de plusieurs pays européens. Pour le moment, la start-up est quasiment seule sur ce marché de niche : "Mais les entreprises prennent conscience de l'importance de la qualité de vie au travail et cherchent de plus en plus de solutions pour retenir les collaborateurs. Je pense que le marché verra bientôt l'arrivée de nouveaux concurrents", confie Jean Benedetti.

Le fonctionnement d'une conciergerie numérique est simple : une licence est attribuée à un salarié qui peut l'installer sur son poste de travail, mais aussi sur un smartphone ou une tablette. L'interface prend la forme d'une fenêtre de chat dans laquelle le salarié peut rentrer sa demande. Celle-ci est immédiatement traitée par un bot qui appelle l'utilisateur par son prénom.

Bots et concierges professionnels agissent ensemble

"Pour des recherches ou des demandes simples, le bot est totalement autonome. Mais pour les demandes plus compliquées nous avons des concierges professionnels qui répondent aux demandes via un service de chat. Par exemple, un bot ne peut pas encore comparer des annonces de logement sur Airbnb. Nous voulons tout de même que de vraies personnes soit derrière le dispositif, même si je pense qu'à moyen terme, il serait possible de passer à du 100% bot. Mais ce n'est pas du tout l'objectif. Dans tous les cas, lors de chaque demande un bot prend réception de votre demande. Un atout à l'heure du culte de l'immédiat", explique Jean Benedetti, qui précise que Jobbers traite 6 000 demandes par mois en moyenne.

Côté prix, le modèle économique fonctionne sur la base d'une licence annuelle. En fonction du nombre de salariés équipés, le prix devient dégressif. "Une personne seule peut utiliser nos services pour 360 euros par an. Pour 100 collaborateurs, le coût individuel d'une licence tombe à 120 euros et à 48 euros pour 1 000 salariés", explique le dirigeant. Un tarif qui explique pourquoi, les entreprises de plusieurs centaines de salariés sont surreprésentées parmi les clients de Jobbers : Allianz, Axa, Groupama, Pernod Ricard ou encore Veolia ont déjà fait appel aux services de la société dirigée par Jean Benedetti.

Fidéliser et augmenter la productivité

Nexity, groupe de 7 000 salariés fait partie des plus gros clients de Jobbers. "Nous venons de faire appel à leurs services dans le cadre de notre politique de développement RH", explique Nathalie Berthelot-Briday, directeur rémunérations, relations sociales et avantages sociaux du promoteur immobilier. Selon elle, ce service de conciergerie a pour objectif d'améliorer la productivité des salariés : "Finalement, la conciergerie digitale sera une source d'économie. Plusieurs études montrent qu'au travail, les salariés passent en moyenne deux heures chaque jour sur internet, dont une à gérer des problématiques personnelles. Je vous laisse imaginer le coût que cela représente sur la masse salariale", poursuit-elle.

"Les salariés passent une heure par jour à gérer des problématiques personnelles. La conciergerie est une source d'économie"

Mais le service a aussi pour but d'améliorer la qualité de vie au travail (QVT) et in fine d'améliorer la marque employeur et fidéliser les salariés, en particulier " les millennials qui sont accros au digital. Nous avons commencé à tester la conciergerie digitale en juin 2016 avant de généraliser cela en janvier 2017", confie Caroline Peytavin, responsable de la communication interne de La Banque Postale Assurances. Selon elle, les 600 salariés basés à Paris et à Nantes se sentent valorisés, les conciergeries étant initialement réservées aux cadres dirigeants. "Chez nous, tous les salariés ont eu droit à la licence, dirigeants, mais aussi VRP ou encore conseillers sur les plateaux téléphoniques. Le service est donc utilisé pour de multiples demandes : jeune qui veut organiser un week-end à la dernière minute, mère de famille débordée qui cherche à se faire livrer des plateaux repas pour un diner, cadre en déplacement qui veut réserver un taxi…", se réjouit Caroline Peytavin, qui s'occupe de déployer le service auprès de tous les collaborateurs.

Le déploiement, justement ne doit pas se faire à la légère. "Les salariés ont parfois tendance à penser que ce n'est pas pour eux, à ne pas prendre conscience des possibilités offertes par la conciergerie. Nous menons donc une action de communication interne grâce à des salariés ambassadeurs", note Caroline Peytavin. Même son de cloche du côté de Nexity qui a même recruté un responsable QVT avec un objectif : Avoir plus de 50% de salariés utilisateurs réguliers d'ici fin 2017.

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