Les conséquences de la digitalisation pour un marché du travail temporaire croissant

Il est évident que le travail temporaire profite d’une croissance relancée certes, mais son offre et ses process doivent se digitaliser. Avec une progression constante depuis 2015, le secteur de l’intérim emploie 650.000 personnes à temps plein actuellement.

Une transformation digitale du marché du travail temporaire nécessaire mais coûteuse 

L’intérim est devenu un des modes de recrutement les plus appropriés du fait de sa flexibilité et de sa réactivité aux fluctuations et aux modifications des activités. Cependant les agences de travail temporaire doivent s’adapter aux innovations technologiques, à une intensification de la concurrence et à une incertitude de l’avenir grandissante liée à des modes de consommation de plus en plus complexes à prévoir. 

Les nombreux services pour permettre cette adaptation se déclinent notamment en l’amélioration de la gestion des plannings, la détection de profils et la vérification des identités (IdCheck). Par exemple, l'an dernier, Netflix a créé son propre logiciel en ligne baptisé Hermes afin de recruter des traducteurs.

Le vocabulaire utilisé évolue lui-aussi avec l’émergence des notions de "RH tech", de recrutement augmenté, de recrutement prédictif ; mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment de l’humain.

En effet, l’automatisation permet de gagner du temps et de préparer le terrain pour le recruteur mais ce n’est pas une solution miracle, elle se limite uniquement sur les critères stratégiques du poste à pourvoir. 

Par ailleurs, la digitalisation des process du travail temporaire nécessite des investissements importants et réguliers. Effectivement, il faut à la fois développer les outils et s’engager dans une transformation des méthodes de travail. Par exemple, l’usage des réseaux sociaux tels que LinkedIn et Facebook sont de véritables leviers pour le recrutement à condition de savoir en maîtriser les usages et les codes. 

Cette mutation numérique va considérablement modifier l’écosystème du marché de l’emploi temporaire avec une polarisation autour d’acteurs plus grands et de startups. Un risque subsiste alors, c’est l’immobilisme et l’ancrage de méthodes désormais révolues. 

Un jeu concurrentiel autour du numérique entre acteurs traditionnels et nouveaux entrants

Le panorama du paysage concurrentiel du marché du travail temporaire s’articule autour de trois sphères qui s’affrontent.

Tout d’abord, les leaders historiques : Adecco, Manpower et Randstad ; ils ont déjà lancé la digitalisation de leurs solutions et se donnent donc les moyens d’affronter les deux autres groupes de concurrents : les startups multicanales (Alphyr, Staffmatch, etc…) et enfin les nouveaux pure players de l’intérim digital. 

Peu importe dans quelle sphère se situent ces acteurs, leur adaptation aux enjeux actuels du travail temporaire dépendra du respect de 6 principes : 

  • Le renforcement de la couverture du territoire. Une communication efficace et suffisante pour rencontrer les entreprises locales et provisionner des candidats rapidement grâce à un bon maillage.
  • L’internationalisation. Dans un marché mondialisé, les entreprises de l’intérim seront amenées de plus en plus à se développer à l’international afin de recruter des profils spécifiques aux problématiques qui accompagnent cette mondialisation. 
  • La montée en gamme. Une extension de leurs prestations aux professions intermédiaires et aux cadres est nécessaire. Ainsi en 2017, plus du quart du chiffre d'affaires de Randstad s'est effectué sur le marché des cadres.
  • L’élargissement du vivier de candidats. Ce vivier de candidats doit être élargi aux travailleurs indépendants qui sont de plus en plus nombreux dans l’Hexagone en 2017 et qui représentent un secteur porteur pour le secteur du travail temporaire.
  • La constitution d’une offre globale. Les agences d'intérim doivent s'adresser à une palette de plus en plus large de personnes en demande de missions professionnelles tel que les freelances notamment dans le secteur de la technologie.
  • La digitalisation des services. La digitalisation passe alors par la possibilité, en quelques clics, de disposer de sa paie, de signer son contrat de travail et bien entendu faciliter les recherches en ligne de candidats. 

En conclusion, pour croître sur le long terme, les entreprises de l'intérim n'ont pas le choix, elles doivent se digitaliser, sans renier leur ancrage local. Pour booster leur stratégie digitale, elles doivent se concentrer sur deux points importants : la dématérialisation et l'automatisation de leurs processus. Inévitablement, nous risquons de voir certaines structures se rapprocher pour compléter et optimiser leurs offres et leurs moyens. D’autres viendront alors à disparaître au profit de jeunes pousses plus adaptables.