Le bureau : une espèce en voie de disparition ?

La rétention des talents est un enjeu crucial pour les entreprises aujourd'hui. Et si la solution était de redéfinir l'espace de travail en lui-même ?

L’espace de travail aurait désormais un nouvel objectif : celui de répondre à l’urgence de la rétention des talents. En effet, selon une récente étude, les entreprises qui ont adopté le travail hybride sont plus susceptibles d'améliorer la rétention de leurs employés. Une tendance qui émerge également à des postes de direction, puisque 59 % déclarent travailler principalement dans un bureau flexible ou à distance, et estiment qu’il s’agit d’une tendance pérenne. Alors, les bureaux, tels que nous les connaissons, sont-ils en voie de disparition ?

La réponse est on ne peut plus claire : le bureau n’est pas en train de disparaître. Mais plutôt en train de renaître. Les entreprises ont dorénavant pris conscience que leurs collaborateurs et les futurs candidats souhaitent avant tout pouvoir travailler de manière flexible. D’autant plus dans ce contexte de grandes incertitudes, lié principalement à la pénurie de talents et la Grande démission. Les entreprises sont aujourd’hui confrontées à un enjeu crucial : celui d'attirer et de retenir leurs talents et compétences. Selon cette même étude, 65 % des entreprises recrutent désormais des travailleurs à distance pour répondre à cette nouvelle urgence.

Outre la rétention des talents, d'autres facteurs expliquent l’évolution du recrutement, qui se tourne davantage vers les travailleurs à distance. Cette approche est notamment insufflée par un changement de modèle opérationnel de l'entreprise. Cette tendance a été particulièrement remarquée en France, puisque 22 % des entreprises ont déclaré qu'un changement de modèle opérationnel était à l'origine du recrutement de travailleurs à distance. Néanmoins, ce passage au travail à distance est avant tout tiré par les préférences des candidats.

Le travail flexible, à distance et hybride, est aujourd’hui devenu une réalité via l’utilisation accrue des outils numériques. Au début de la pandémie, les services informatiques ont déployé des outils de collaboration. Cependant, si ces outils ont été perçus comme de véritables bouées de sauvetage pour la continuité des activités de certaines entreprises, les collaborateurs s’attendent désormais à ce que l'accent soit mis sur d'autres modes de travail plutôt que sur ces technologies. Ils semblent lassés et agacés par la dépendance excessive à l'égard de certains outils, qui n'offrent pas toujours une expérience optimale.   

La vidéo et la collaboration virtuelle perdent donc de leur importance et deviennent moins omniprésentes à l'avenir. Néanmoins - et c’est peut-être le plus surprenant - les collaborateurs s'attendent à utiliser davantage des outils plus classiques et traditionnels - l'e-mail, les outils de chat, au même titre que... les entretiens physiques.

Les appels vidéo et les outils de collaboration virtuelle peuvent s’avérer être difficiles à utiliser : ils nécessitent une grande puissance de traitement et sont souvent accessibles via plusieurs niveaux d'autorisation - et à juste titre d'un point de vue sécurité. Ces outils peuvent également être parfois difficiles à maîtriser, engendrent une certaine pression et charge mentale auprès des collaborateurs et peuvent être à l'origine d'anxiété, en particulier dans le cas des appels vidéo.

Concrètement, les entreprises qui sortiront leur épingle du jeu sur le volet recrutement seront celles qui feront preuve d'intelligence dans le choix et l'utilisation des outils. 

Finalement, les entreprises déclarent concentrer leurs investissements sur la modernisation et l'automatisation, qui sont toutes deux liées à une meilleure rétention des talents. Les outils technologiques, telles que les réunions virtuelles, les outils de collaboration, la messagerie instantanée et les portails et applications de libre-service, permettent aux collaborateurs d'être à la fois plus autonomes et plus connectés.

Nous sommes aujourd’hui à l’ère de la troisième vague de la modernisation de l’espace de travail. La première vague s'est déroulée du début du siècle jusqu'à la fin de l'ère pré-pandémique - de 2000 à 2020. Pendant cette période, les entreprises ont commencé à prendre le virage du cloud et à opter pour des outils numériques classiques (emails). La seconde vague, de 2020 à 2022, a été un véritable accélérateur sur les enjeux de collaboration et d’interactions virtuelles (outils de chats).

J’en suis convaincu : la prochaine et troisième vague, qui se tiendra lors de ces deux prochaines années, sera celle de l'Humain. Elle sera axée sur l'adoption d'outils numériques, mais avant tout sur la compréhension de leur efficacité. Les entreprises commencent à rassembler des outils de mesures pour les aider à comprendre comment ces outils contribuent à la productivité, à l'efficacité, au bien-être mental et au capital social. Elles pourront ensuite exploiter ces mesures pour affiner leur déploiement et l’utilisation de leurs outils.

L'avenir du travail exige une compréhension beaucoup plus fine et approfondie des aspirations des collaborateurs. Alors qu’une partie continuera d’opter activement pour le télétravail, pour d'autres, les espaces de travail se sont transformés en espaces d’échanges, de collaboration et d'idées. En bref : le bureau demeure et continuera de perdurer. C’est surtout son utilisation et son objectif qui ont été remis au goût du jour.