Pourquoi le télétravail doit devenir le cœur de notre projet de société

"L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté" écrivait Friedrich Engels. Sans utopie, ni au détriment de la croissance économique, c'est maintenant une nouvelle liberté qui s'ouvre aux entreprises et aux salariés. Comme une manière de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle, au bénéfice de tous !

« L'innovation, c'est une situation qu'on choisit parce qu'on a une passion brûlante pour quelque chose ». Non.

Contrairement à ce que pensait Steve Jobs, l’innovation est parfois subie, par nécessité ou par adaptation aux circonstances. Dernière preuve de cette assertion, l’explosion du télétravail pendant la crise du Covid-19. Forcée, imposée presqu’infligée à l’aube du confinement, cette pratique a clairement séduit les employés... et les chefs d’entreprise. 85% des cadres expriment aujourd’hui le désir de pratiquer plus régulièrement le télétravail.

Mais avons-nous vraiment saisi l’ampleur et les potentialités de ce véritable tremblement de terre ? Et si on se risquait à un exercice de prospective à la Jacques Attali pour penser le travail à distance comme la base de notre organisation sociale pour les décennies à venir ?

Le bureau est mort, vive le bureau... à distance !

123 milliards d’euros. Ce sont les retombées financières qu’auraient le travail flexible sur l’économie française d’ici 2030.  Ce chiffre s’explique par un renforcement de la productivité des salariés de 15 à 30% grâce à cette pratique. Il traduit bien une partie des bénéfices qu’apporte le télétravail. En travaillant dans un tiers lieu, le collaborateur gagne en efficacité : il est concentré sur sa tâche (#aurevoirmachineàcafé), n’est pas dérangé par ses collaborateurs (#coucouopenspaces) et peut avancer à son rythme sur les dossiers (#adieuréunionite).

 Il en va donc de l’intérêt économique des entreprises que de développer massivement le télétravail. Le bénéfice se trouverait aussi en termes de coût. Les entreprises n’auraient plus besoin de se payer bureaux fixes à un loyer démesuré, notamment à Paris. Sur le plan managérial, l’organisation serait plus simple et moins rigide, de façon à ce que les collaborateurs puissent libérer l’intégralité de leur talent.

« Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès »

Pourtant, il est vrai que la crise du Covid-19 a confirmé que la croissance et la rentabilité ne pouvaient être les seuls critères d’évaluation d’une société moderne. Comme le préconisait Joseph Stiglitz, prix Nobel d’Économie, le PIB devrait être complété par d’autres indicateurs pour mesurer le bien être des individus. Or, on le voit, les Français ne sont pas heureux au travail. Seuls 23% des Français s’y disent très satisfaits. La solution pour les remotiver ? Le travail à distance bien sûr ! Les Français semblent y avoir pris goût puisque 74 % d’entre eux espèrent obtenir plus de jours de télétravail à l’avenir.

On peut les comprendre. Le télétravail, c’est l’efficacité plus le bien être. Chez soi ou dans un tiers lieu, on peut organiser soi-même son emploi du temps et l’adapter à sa charge de travail. On peut aussi en profiter pour retrouver le goût des plaisirs simples : passer plus de temps avec sa famille, lire, développer ses projets personnels, tout en travaillant encore mieux. Précisons. 100 millions d’heures seraient économisées d’ici 2030, si les Français se mettaient davantage au télétravail. C’est énorme et cela prouve une chose : si les entreprises sont capables de faire confiance à leurs salariés, ces derniers la leur rendront au centuple en étant performant et... heureux !  

Être plus libre, c’est être plus responsable 

Plus que jamais, la protection de la planète est également au cœur de nos enjeux de citoyen et d’entreprise. 68% des Français souhaitent par exemple adopter un comportement plus éco-responsable. Grâce au télétravail ce sont 7 millions de tonnes de gaz carbonique en moins qui seraient émises dans l’air. Ce serait un bon début pour réduire les émissions gaz à effet de serre, de 12 à 14 millions de tonnes supplémentaires chaque année et limiter la hausse du réchauffement climatique à 2 °C, comme le recommande l’ONU, d’ici 2030.

Cette baisse des émissions s’explique par la disparition des migrations pendulaires. Les centre villes seraient désengorgés, moins pollués et les campagnes réinvesties. Le prix du logement dans les métropoles baisserait fortement pour atteindre un niveau enfin raisonnable. Un monde plus vert donc, où les interactions sociales seraient toujours présentes, mais sous un format différent. Elles passeraient par des réunions vidéos ou téléphoniques à distance, ce qui permettrait par ailleurs de réduire l’exposition aux virus tels que la grippe. Pourquoi être face à face lorsque la technologie permet, si on le souhaite, d’être à l’autre bout du monde ?

Dès lors, on l’a compris. Les implications économiques, sociales et environnementales du télétravail sur notre société sont énormes. C’est une opportunité historique pour faire évoluer notre modèle, vers un système où tout le monde est gagnant !