Le travail à distance ne suffira pas à endiguer la charge mentale des femmes
Depuis la pandémie, des millions de salariés travaillent à domicile, causant par la même occasion, la plus importante expérience RH et logistique que le monde du travail ait jamais connue.
Expérience qui a bouleversé l’organisation des entreprises que nombres d’entre elles veulent pérenniser en 2022.
Les confinements de 2020 ont mis en lumière la charge mentale subie par les femmes, un phénomène loin d’être nouveau alors que déjà en 2018 Ipsos révélait dans une étude que le phénomène touchait 8 femmes sur 10. La flexibilité et l'autonomie que le télétravail offre peuvent être perçus comme des avantages non négligeables pour les femmes actives, leur permettant de mieux jongler avec les exigences de leurs vies professionnelles et personnelles. Cependant, le simple fait d'autoriser les employés à travailler à domicile ne suffit pas à endiguer cette charge mentale. Il est temps d'être vigilant et de soutenir plus que jamais les femmes salariées dans cette transition vers le travail à distance.
Toujours en France, une autre étude menée par le syndicat Binet auprès de 34 000 cadres a révélé que les femmes qui travaillaient pendant le confinement et ayant des enfants de moins de 16 ans déclaraient consacrer quatre heures supplémentaires par jour au travail domestique, contre trois pour les hommes. Près de la moitié des femmes ont déclaré passer quatre heures supplémentaires par jour à s'occuper de leurs enfants, contre 26% des hommes.
Les avantages du travail à distance pour les femmes actives
L'un des principaux avantages constatés du télétravail est le sentiment de flexibilité qu’il procure aux employés. Pour les femmes en particulier, cela a permis un meilleur équilibre entre travail et vie privée, sans compromettre la possibilité de "gravir les échelons". D’autres avantages sont tout aussi évidents : fin du stress lié aux trajets, diminution du risque de retard ou d’absentéisme, plus de possibilités pour les personnes vivant en dehors des grandes villes, etc.
Le travail à distance n'est pas sans poser de problèmes
Si le passage au travail à distance a apporté de grands avantages, il ne faut pas pour autant en négliger les difficultés qui lui sont propres. Si la pandémie a mis à rude épreuve tous les parents travaillant, une étude de McKinsey et Lean In sortie en 2021 a montré que ce sont les femmes qui ont assumé la plus grande part du travail non rémunéré, notamment les tâches ménagères, la garde des enfants et des personnes âgées.
L'étude détaille davantage ses résultats en révélant qu'une femme sur trois a envisagé de réduire ou de quitter son emploi pendant la pandémie. À noter que si cela se traduit en acte réel, cela risque d’entraîner des conséquences sur les opportunités de progression de carrière des femmes. Il faut d’ailleurs préciser que 62% des femmes affirment que le Covid a eu un impact négatif sur leurs perspectives de promotion.
La culture est essentielle
Pour que le télétravail offre aux femmes un environnement propice à leur réussite, les entreprises doivent s'éloigner de la vision traditionnelle d’une journée de travail typique et donner à leurs employés une plus grande autonomie quant à leur organisation.
Pour ce faire, la transition vers un mode de travail axé sur les résultats plutôt que sur la quantité de mails échangés ou réunions tenues du salarié est à travailler dès maintenant. Cette transition sera toutefois impossible sans l’utilisation des nouvelles technologies de communication.
La technologie pour aider à combler le fossé
Le monde de la technologie a rapidement reconnu le potentiel du travail à distance et la nécessité de disposer d'outils adaptés à ce nouvel environnement et pouvant jouer un rôle précieux dans la communication et la diminution du nombre de réunions des employés et leurs équipes.
La dernière édition de Women Matter, "Women and The Future of Work : A Window of Opportunity in Western Europe ?" montre qu’en France, et contrairement à l’Allemagne où les effets seront neutres, l’impact des nouvelles technologies sur le travail est en faveur de l’intégration professionnelle des femmes le portant à 48,8% d’ici 2030. Ces résultats contredit ainsi l’idée reçue d’un "biais technologique" inéluctable qui favoriserait les inégalités femmes-hommes sur le marché du travail.
Toutefois, nous devons nous efforcer de faire un usage judicieux de la technologie. Plus de technologie n'est pas synonyme de meilleure technologie. Il faut une stratégie et une mise en œuvre soignée qui permettent aux employés d'utiliser ces outils de manière saine et organisée. À partir d'aujourd'hui, les managers du monde entier doivent commencer à donner l'exemple d'une utilisation correcte de ces nouveaux outils afin de donner à leurs collaborateurs – et aux femmes en particulier – les moyens d'éteindre et de tracer la frontière entre le travail et la maison.