Un avis négatif en ligne peut coûter plusieurs milliers d'euros à son auteur

Un avis négatif en ligne peut coûter plusieurs milliers d'euros à son auteur Il peut paraître naturel de laisser un avis ou une note sur des sites ou des applications. Mais attention à ce que vous publiez et écrivez, vos posts peuvent vous attirer des problèmes.

Noter ou donner son avis à propos d'un commerçant ou d'un service sur internet est aujourd'hui entré dans les mœurs. Pour les entreprises, recueillir de bons avis est devenu essentiel pour attirer de nouveaux clients. Selon une étude réalisée par la société Partoo, une start-up spécialisée dans l'e-réputation des entreprises, 76% des personnes interrogées prennent en compte la note et les avis dans leur processus de décision d'achat. Un constat qui amène les sociétés à être de plus en plus vigilantes à propos de leur réputation sur internet.

Certains vont même jusqu'à porter l'affaire devant les magistrats. En 2021, une société qui propose des services d'architecture d'intérieur avait par exemple assigné une femme devant le tribunal de Paris pour dénigrement. Cette personne avait créé plusieurs comptes Google pour laisser six commentaires acerbes sur la page Google my business de la société. Motivés par une affaire d'ordre personnel et ne reposant sur un aucune expérience commerciale, ses messages mensongers ont été reconnus comme dénigrants par l'institution judiciaire. Cette dernière l'a condamné à payer 7 000 euros, dont 3 000 euros en réparation de son préjudice morale à l'entreprise.

Mais même quand un différend commercial existe, l'affaire peut mal finir pour celui qui donne son avis. En juin 2022, le Courrier Picard relate l'histoire d'un quadragénaire très remonté contre une notaire exerçant dans l'Amiénois. Sept mois auparavant, il laisse deux commentaires sur la page google de la professionnelle : "Un notaire qui mérite de ne pas être connu", et "Escroc de notaire. Une honte d'avoir ça en France". Le parquet avait soutenu que l'avis posté correspondait à "une injure". Le tribunal a finalement condamné l'individu à 500 euros d'amende avec sursis et à verser 1 800 euros à la plaignante.

S'il peut être tentant de se défouler sur internet après une mauvaise expérience, il vaut mieux rester pondéré dans ses propos, comme le confirme Lucie Chênebeau, avocate spécialiste du droit des médias, chez Aston Avocats. Elle conseille de "rester vigilant" et de "s'en tenir aux faits". "Il faut être précis et demeurer objectif. Cela devient dangereux à partir du moment où l'on s'emporte et que l'on généralise, notamment quand on laisse un avis très court. C'est souvent là qu'on écrit des propos injurieux, diffamatoires ou dénigrants." Les propos diffamatoires et injurieux peuvent être sanctionnés d'une amende allant jusqu'à 12 000 euros, sans compter les dommages et intérêts que la victime peut demander.