Ce comportement qui insupporte les autres est bon pour le moral – faut-il s'en priver ?

Ce comportement qui insupporte les autres est bon pour le moral – faut-il s'en priver ? Une étude scientifique permet de mieux comprendre un comportement agaçant mais pourtant si répandu...

Un comportement répandu en société, souvent considéré comme un défaut lorsqu'il est pratiqué à outrance, serait en fait une source de satisfaction. C'est en tout cas ce que conclut une étude réalisée par Diana Tamir et Jason Mitchell, deux chercheurs de l'Université d'Harvard.

Pour mener leurs travaux, ils ont combiné des tests cognitifs à l'IRMf (Imagerie par Résonnance Magnétique Fonctionnelle) qui permet de visualiser l'activité cérébrale. Les participants ont notamment dû répondre à des questions les concernant et, de manière alternative, spéculer sur les opinions d'autres personnes (par exemple "à quel point Barack Obama aime-t-il les sports d'hiver comme le ski ?"). 

Les résultats ont montré que lorsque les participants répondaient à des questions sur eux-mêmes, il y avait une activation accrue dans les régions du cerveau associées au système de récompense et de la motivation. Ces zones cérébrales réagissent habituellement fortement à des récompenses primaires comme la nourriture et le sexe, ainsi qu'à des récompenses plus abstraites comme l'argent.

Le comportement qui peut agacer un auditoire mais être gratifiant pour son auteur est donc le fait de parler de soi, mais ce n'est pas tout...

Dans un deuxième temps, une partie des participants a pu choisir entre deux types de questions auxquelles ils souhaitaient répondre. Selon les essais, ils devaient choisir entre : une question sur eux ou une question sur quelqu'un d'autre, une question sur quelqu'un d'autre ou une question factuelle (de culture générale par exemple) et, enfin, une question sur eux ou une question factuelle. Une rétribution équivalente à une somme comprise entre 1 et 4 centimes d'euros par question était prévue. Le montant variait en fonction du type de question, mais n'était pas le même à chaque essai. Lors de cet exercice, les participants ont montré une préférence significative pour les réponses aux questions portant sur eux-mêmes plutôt que sur les questions non personnelles.

Lorsque les montants des gains étaient égaux entre les types de questions, les participants ont choisi de répondre aux questions personnelles dans presque 70% des cas plutôt qu'aux autres questions. S'ils jugeaient qu'une réponse à une question personnelle était gratifiante, ils devaient accepter de renoncer au gain. Leurs choix de privilégier les questions personnelles leur a fait perdre en moyenne 17% de gains potentiels.  

Les auteurs soulignent que malgré la fréquence à laquelle les gens parlent d'eux-mêmes, les mécanismes psychologiques responsables de ce comportement sont encore mal compris. Ils éprouveraient en partie un plaisir à mener une réflexion sur eux-mêmes, mais également à partager des informations personnelles avec d'autres personnes. C'est une piste pour comprendre pourquoi les conversations quotidiennes montrent qu'entre 30 et 40% du temps de parole est consacré à relater ses expériences personnelles ou ses relations aux autres. Sur les réseaux sociaux, ce pourcentage grimpe à 80% si l'on compte le nombre de publications qui concernent les expériences immédiates de l'utilisateur.