Si vous êtes moins bien payé que vos collègues, c'est peut-être à cause de cette raison toute simple découverte par la science
Et si le 8h - 17h était à proscrire ? C'est en tout cas ce qu'insinue une étude britannique. Paul Kelley, docteur en neurosciences à l'université d'Oxford, s'est intéressé à l'impact à long terme des horaires de travail dits "classiques". Résultat : la plupart des salariés devraient commencer à travailler beaucoup plus tard.
Pourquoi ? Parce que selon les chercheurs, il est essentiel d'adapter le temps de travail au rythme naturel des employés. La population peut être classée en trois grandes catégories, appelées chronotypes : les "matinaux", qui vont naturellement se lever tôt et être actifs dès le matin ; les "modérés", qui s'adaptent facilement à des horaires intermédiaires ; et les "tardifs", qui se couchent tard et sont plus performants en soirée.
Les matinaux seraient plus performants en commençant à travailler dès 7 heures. Les tardifs devraient idéalement travailler à partir de 16 heures, loin des horaires de bureau habituels. Forcément, le matin en arrivant au travail, les tardifs sont déphasés, souvent fatigués et moins productifs. Ce décalage, que l'on appelle parfois "jet lag social", s'accumule tout au long de la vie et peut être destructeur. A cause de ce "jet lag social", les tardifs seraient moins heureux, moins performants et auraient donc à long terme des revenus inférieurs de plus de 30% à ceux des lève-tôt.

Ce qui est particulièrement mis en cause, c'est ce manque de sommeil qui s'accumule. L'un des chercheurs explique que faire travailler un tardif le matin s'apparente même à de la "torture". Dans une conférence, partagée par le média Slate en 2015, Paul Kelley détaillait : "La privation de sommeil affecte vos systèmes physiques et émotionnels. Votre foie et votre cœur vivent à un certain rythme et vous les privez des deux ou trois heures de repos dont ils ont besoin."
Une seconde étude, publiée en 2024 dans le magazine scientifique Nature, montre même une hausse des cas de dépression chez les tardifs. Et mauvaise nouvelle pour les tardifs : il est impossible de "modifier son rythme naturel" précise Paul Kelley lors de sa conférence. On ne peut pas "apprendre à se lever à une certaine heure", le corps doit pouvoir le faire naturellement.
Avoir des horaires adaptés à chacun est donc essentiel et aurait de nombreux bénéfices : meilleure qualité de sommeil, performances cognitives accrues, risques de santé réduits et bien-être amélioré. Paul Kelley a d'ailleurs expérimenté ces théories dans un collège anglais : en décalant le début des cours de 8h30 à 10 heures, les notes des élèves ont augmenté de 19%. Et pour la majorité des travailleurs, un début de journée à 10 heures serait également optimal.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont interrogé 1 173 Américains. Chaque participant a évalué ses moments de performance optimale sur 24 heures et son cycle naturel. L'étude a analysé l'impact des horaires de travail sur l'éducation, l'emploi, la santé et la satisfaction de vie.
Toutefois, des études complémentaires doivent être menées pour confirmer ces résultats. L'échantillon est relativement restreint et uniquement américain. De plus, elle repose sur des auto-évaluations subjectives. En France, l'application de telles recommandations nécessiterait une étude approfondie. Mais dans l'Hexagone, des voix s'élèvent déjà pour prévenir des effets nocifs du "jet lag social".