VIDEO

Vous avez le droit de mentir en entretien d'embauche si cette question vous est posée

Certains sujets ont de quoi embarrasser dans un cadre professionnel. Heureusement, dans des cas précis, on ne pourra pas reprocher au candidat d'éluder la vérité.

Véritable exercice de séduction, l'entretien d'embauche met la boule au ventre à plus d'un candidat, soucieux de répondre sans trembler à toutes les questions. Toutefois, certains sujets ne manqueront pas de vous mettre dans l'embarras, au point de vous demander si vous devez répondre et, si oui, avec honnêteté.

Or, la loi vous donne raison dans certaines situations. Le processus de recrutement n'est pas une zone de non-droit et reste strictement encadré par le Code du travail. D'ailleurs, les méthodes de sélection doivent être transparentes et communiquées à l'avance aux candidats, ainsi qu'au Comité Social et Économique (CSE) de l'entreprise.

Mais surtout, "les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d'apprécier sa capacité à occuper l'emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles", précise le Code du travail. Le texte souligne même que ces informations doivent présenter "un lien direct et nécessaire avec l'emploi proposé". Toute question qui s'éloigne de ce champs n'a donc pas lieu d'être.

Dans la pratique, certains recruteurs s'aventurent pourtant sur des terrains plus personnels. Interrogations sur l'âge, l'origine, la situation familiale, le désir d'avoir des enfants, voire l'appartenance à une communauté religieuse ou à une organisation politique... Ces sujets, s'ils sont sans lien avec les compétences requises par le poste, peuvent cacher une intention discriminatoire et sont donc strictement interdits. De même, une question sur un handicap qui n'affecte pas directement l'exercice du travail est prohibée.

Interrogé sur un de ces sujets, le candidat n'a donc pas d'obligation de répondre. Dans les faits, il lui sera difficile de refuser catégoriquement de fournir une réponse à un employeur qu'il cherche à convaincre de ses qualités. Dès lors, certains candidats préfèreront un petit mensonge ou éluder le sujet. Bonne nouvelle : ceci ne pourra pas être retenu contre vous, plus tard, comme un motif de licenciement.

Un arrêté de la Cour de cassation fait jurisprudence en la matière (Cass.soc.17.10.73, n°72-40360) : dans cette affaire, un homme avait été embauché par une entreprise lilloise en qualité de fraiseur, sans préciser qu'il était prêtre. Une omission qui lui a valu d'être licencié moins de quatre mois plus tard. La justice a alors tranché en sa faveur, alléguant que son employeur n'était pas en mesure d'"exiger des renseignements sans rapport direct avec l'emploi sollicité" lors de l'embauche.

En dehors de ces cas spécifiques, la sincérité reste de mise en entretien d'embauche. Le Code du travail rappelle que "le candidat est tenu de répondre de bonne foi" aux demandes d'informations légitimes. Par conséquent, mentir sur ses diplômes, son expérience professionnelle ou ses compétences techniques peut vous coûter cher si vous vous faites démasquer après avoir décroché le poste : dans de telles affaires, la justice n'hésite pas à prononcer la nullité d'un contrat de travail.