Crise du Coronavirus : les raisons d'un emballement médiatique

Les premières alertes concernant le Coronavirus datent de décembre 2019. Plus de deux mois après force est de constater que les médias éprouvent des difficultés à jouer leur rôle et que des phénomènes typiques liés à la propagation de fausses rumeurs touchent le territoire français.

1. Trop d’infos tue l’info

Il est symptomatique de constater l’omniprésence de contenus liés au Coronavirus mais également leur traitement en mode « flux », ce qui empêche la prise de recul et rend l’approche pédagogique difficile.

Quand la grippe saisonnière tue jusqu’à 10 000 personnes par an dans notre pays, l’espace médiatique consacré au Coronavirus est en complète disproportion avec les risques de mortalité réels pour la population. Peu d’articles de presse renvoient vers la page très complète réalisée par le gouvernement https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus . Quant au gouvernement il a tardé à lancer une campagne de communication qui permettrait de rappeler les foyers à risques et le profil des personnes fragilisées par le virus (personnes âgées ou présentant un déficit immunitaire).

2. Un virus de la globalisation et qui touche aux centres de pouvoirs

Virus de la mondialisation et du monde post digital, le Coronavirus ne fait pas de distinction entre les classes. Il aurait même tendance à s’attaquer aux voyageurs d’affaires. Ajoutez à cela qu’il est né au cœur de l’usine du monde et vous obtiendrez un cocktail explosif et un thème médiatique à multiples facettes.

3. Des injonctions contradictoires qui entretiennent la confusion dans l’esprit de la population

Une poche d’infection vient d’être rendue officielle autour de l’aéroport de Roissy. Elle illustre l’un des dysfonctionnements de la politique actuelle de santé. Des français expatriés sont confinés en quarantaine dès leur retour de zones à risques quand dans le même temps, il n’existe pas de contrôle à l’arrivée des vols internationaux dans les aéroports français. Ce manque de cohérence explique la propagation actuelle de rumeurs sur le réseau Whatsapp informant d’une contamination de grande ampleur dans le département du 95 ou encore dans la ville de Montreuil.

4. Des entreprises désemparées face au Coronavirus

A l’exception de conseils basiques et incitant au télétravail, peu d’informations ont été fournies aux entreprises face au coronavirus. Se posent pourtant de nombreuses questions et plus particulièrement pour les ERP (établissements recevant du public) à l’image des centres de formation ou des supermarchés. Seules les manifestations et événements ont été clairement notifiées de mesures de restriction. Il semblerait que le coronavirus soit traité au cas par cas plutôt qu’un risque pandémique comme ce fut le cas pour la grippe A/H1N1 en 2009. Ce flou, avec des consignes limitées peuvent laisser perplexe les entreprises, dont certaines voient baisser leur activité ou encore voient des employés exercer leur droit de retrait.

5. Le catalyseur de la crise des hôpitaux et des élections municipales

La crise que traverse le monde hospitalier avec en exergue l’encombrement des urgences participe à la dramatisation de la situation et a d’ailleurs poussé le Chef de l’Etat et son Ministre de la Santé à se déplacer en personne dans un hôpital de l’AP-HP pour rassurer nos concitoyens et donner lieu à la scène surréaliste d’un Neurologue lui expliquant que ce même système de santé vanté pour sa préparation à l’arrivée de l’épidémie était sur le point de craquer.

Quand aux responsables politiques, au lieu de jouer la concorde et l’entente nationale face à l’épidémie, ils se sont saisis de manière peu responsable de la crise pour en faire un argument électoral.

6. Un phénomène de Fake News propre aux réseaux sociaux

Facebook a annoncé récemment faire la chasse aux rumeurs et fausses informations concernant le CoronaVirus. Il était temps, car comme à chaque épidémie, la frange de la population la moins informée par les médias traditionnel fait sienne rumeur et théories du complot circulant sur les réseaux sociaux et les système de messagerie de type Whatsapp. On peut saluer l’initiative du réseau social mais on peut douter qu’il parvienne à bloquer l’ensemble des contenus (certains sont sous forme de fichier audio et échappent pour l’instant aux systèmes de reconnaissance.

En conclusion

Alors que les français se montrent particulièrement inquiets face à l’épidémie, nous observons un traitement au cas par cas avec des dissonances, des consignes parfois contradictoires de la part des autorités. Les informations distillées dans les médias manquent d’un fil conducteur et ressemblent plus un jeu de Tetris qu’une construction qui permettrait aux citoyens, aux administrations et aux entreprises d’évaluer la situation dans une véritable stratégie nationale de gestion de la crise du coronavirus.