TCF V2 : pourquoi les éditeurs n'ont toujours pas fait la bascule sur l'applicatif

TCF V2 : pourquoi les éditeurs n'ont toujours pas fait la bascule sur l'applicatif L'échéance du 30 septembre approche mais les médias français tardent à déployer le nouveau framework de transmission de consentement au sein de leurs applications.

Sur ce sujet critique que représente l'implémentation de la v2 du TCF (le framework de transmission de consentement qui permet au marché publicitaire d'être en règle avec le RGPD), le monde du Web et celui de l'applicatif sont loin d'être logés à la même enseigne. Alors que 71% des sites Web des 100 plus gros médias français avaient opéré la bascule dès le 24 août, les choses sont beaucoup moins avancées pour leur pendant applicatif. "A ce jour, aucun média n'a intégré la V2 du framework au sein de son application", assure le responsable marketing produit, data et programmatique de TF1 Publicité, Paul Ripart.

Plusieurs raisons à cela. D'abord, une question de priorité. "Le Web dekstop et mobile représentant la grande majorité de nos revenus publicitaires, nous avons tout fait pour être prêt le 15 août pour cet environnement", explique le directeur du système d'information de 20 Minutes, Winoc Coppens. Pour rappel, cette échéance correspondait à la date de fin du support de la v1. La transition, en pleine période de congé, n'a pas été évidente pour les médias. Les rares ressources humaines disponibles à cette période ont donc été allouées en priorité à l'environnement qui rapporte le plus : le Web.

Les médias français ont pour la plupart intégré le SDK de leur CMP, au retour des vacances, vers la fin août

L'in-app en a d'autant plus pâti que le déploiement de la v2 du TCF y est beaucoup plus compliqué. "Les éditeurs de CMP ont d'abord dû faire valider leur SDK par l'IAB France et n'ont donc pu nous les livrer que tardivement", raconte Paul Ripart. La plupart des éditeurs, dont TF1 et 20 Minutes, n'ont reçu le SDK que fin juillet. "Le prestataire qui nous accompagne sur l'applicatif étant fermé durant les deux premières semaines d'août, nous n'avons pu nous y mettre que par la suite", précise Winoc Coppens. Les médias ont pour la plupart intégré le SDK de leur CMP, au retour des vacances, vers la fin août. Il leur a ensuite fallu faire la chasse aux bugs. "Ça implique pas mal d'aller-retours avec le fournisseur de CMP et c'est assez fastidieux", assure Paul Ripart. Le groupe 20 Minutes finalise, depuis début septembre, cette phase de tests. Il s'agit notamment de s'assurer que les principaux partenaires publicitaires lisent bien les signaux v2 envoyés via le SDK.

Le groupe TF1, qui en est au même stade que 20 Minutes, espère pouvoir soumettre à Apple et Google son application mise à jour très prochainement. "D'ici la mi-septembre", promet Paul Ripart. Car il faut aussi composer avec le bon vouloir du duo qui fait la loi sur l'univers in-app… et cela prend du temps. Compter quelques jours entre la soumission et la mise en ligne de la nouvelle mouture de l'application. Plus, si elle est retoquée par Apple ou Google dans un premier temps. "Ça arrive de plus en plus souvent qu'une mise à jour d'application nécessite plusieurs soumissions pour être acceptée", pointe Paul Ripart. Même si le refus n'est pas lié à l'intégration de la V2, le préjudice reste le même : retour à la case départ.

"L'in-app, c'est un quart de nos revenus publicitaires, l'enjeu financier est réel"

Dernière étape dans ce parcours du combattant, il faut, une fois que la mise à jour est disponible, que les utilisateurs la téléchargent. "Cela peut vite rajouter quelques jours dans la besace, le temps que les retardataires s'y mettent", souligne Paul Ripart. Une raison de plus pour être beaucoup plus rigoureux dans le cycle de tests, à en croire Winoc Coppens. "Si l'on découvre un problème sur le Web, on corrige et on est sûr que tous les utilisateurs ont la dernière version au bout de quelques heures. Sur l'in-app, ça prend plusieurs jours, le temps de faire accepter la nouvelle mise à jour par les OS et que les utilisateurs fassent la bascule", prévient-il.

Les éditeurs français sont donc sur le qui-vive. A raison d'une quinzaine de jours entre la soumission aux stores d'application et la mise en jour par une majorité des utilisateurs, il y a urgence. Passé le 30 septembre, leurs partenaires publicitaires n'accepteront plus, en théorie, les signaux issus de la v1 du framework. "L'in-app, c'est un quart de nos revenus publicitaires, l'enjeu financier est réel", rappelle Paul Ripart. Winoc Coppens se veut toutefois rassurant. "Je ne pense pas qu'il y aura de big bang fin septembre. Nos partenaires publicitaires nous laisseront sans doute quelques jours supplémentaires pour continuer à leur envoyer des signaux v1 s'il le faut."