Et si les Français recevaient aussi des good news ?

Il nous faut réapprendre à célébrer ! Assommés par les bad news et les fake news, et si les Français recevaient aussi des good news ?

Le traitement médiatique de la crise sanitaire est largement perçu comme "anxiogène" par les Français. A l’heure des mauvaises nouvelles en continu, jour après jour, l’attrait pour les nouvelles positives ne cesse d’augmenter : la presse l’a bien compris puisqu’elle s’emploie à créer des rubriques dites des « good news ». Malgré la méfiance voire la défiance envers les journalistes (10% des Français leur font confiance -études Fractures Francaise – Sept.2020), 91% de la population pensent que le journalisme est utile. Il est important de réaffirmer combien est précieux le lien avec les médias.

L’heure de la consommation des actualités négatives

Le confinement, la saturation des hôpitaux, la solitude dans les Ehpad, le nombre de morts quotidien de la Covid-19, les difficultés économiques, les fermetures des commerces et lieux de convivialité, les reportages sur une nouvelle pauvreté qui s’installe… : les unes des journaux sont consacrées à l’inquiétude, le dysfonctionnement, les polémiques, la colère et la tristesse ; Le tout dans un sentiment d’impuissance généralisé.

Pourtant il nous faut ne pas céder face à la communication d’informations négatives. Les Français semblent rejeter le traitement négatif de l’information. Si le nouveau monde n'est pas encore apparu, les mutations et les bouleversements sont nombreux.
Les médias se sont tous recentrés sur cette mission principale, celle de créateur de lien social en partageant l’information fiable en ces temps de crise sanitaire inédite et sans précédent contemporain.

Cependant, 60% des Français estiment comme trop importante la place de l’épidémie dans les médias. Pire, ils évaluent le traitement médiatique de la crise comme anxiogène, excessif, voire catastrophique. Nous sommes entrés dans une ère où chacun s’improvise reporter, expert et prescripteur : on se gargarise d’une analyse du présent immédiat qui provoque parfois des contradictions et peut amener au piège de l’angoisse incontrôlable.

Représenter pour s'autoriser

Au détour d'une phrase, d'une attitude, le rôle modèle, bien exposé, peut, véritablement, changer des destins. Aussi, l'enjeu de représentation de celui qui investit les médias est crucial.

Le conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait créé, en 2007, un groupe de travail sur la diversité dont l’objectif était d’apporter au Conseil un soutien en orientant ses recherches sur les questions relatives à la diversité dans les médias. Depuis, un baromètre de la diversité est publié chaque année et celui de 2020 révèle une représentation des Français encore trop éloignée de la réalité malgré des avancées.

Le CSA, en véritable médiateur du secteur, a vocation à sensibiliser encore plus les médias à un équilibre entre informations positives et négatives.

Pourtant, de plus en plus, des médias, attentifs à certains signaux de la société, relaient eux aussi des parcours de vie, des histoires positives. Celles-ci peuvent représenter des forces et générer des opportunités.

Sous les masques : le sourire !

Les équipes éditoriales observent un intérêt croissant des audiences pour ce qui fait sourire et de nombreux médias ont déjà mis en place des rubriques spéciales « good news », « good stuff » ou encore « la rubrique optimiste ». Les vidéos légères et autres images humoristiques battent des records de vues sur les réseaux sociaux. Ce dimanche, la France a remporté l'Eurovision junior grâce à Valentina et sa chanson "J'imagine". Une bonne nouvelle à plus d'un titre.

Les bonnes nouvelles économiques et environnementales pour demain sont là : citons l’annonce d’implantation d’un nouveau site d'Hermès en France, le développement du premier avion commercial « zéro émission » au monde d’ici 2035 par Airbus, une empreinte carbone des Français en baisse de 62%, le projet Flying Whales qui va s'implanter en Gironde franchit une étape vers la relance d’une filière de dirigeables en Europe, l’annonce de l’entreprise Vans de la sortie d’une gamme de chaussures pour les enfants autistes ayant des problèmes sensoriels, etc… Autant d'occasions de remettre au cœur de l'actualité ce qui se fait au-delà de ce qui se défait.

A un journalisme positif, mettons plutôt en avant un journalisme constructif qui prend le contre-pied de l’opposition entre le divertissement pur et l’information dite sérieuse et forcément négative. Comme le propose Le Guardian via une série baptisée « half full » depuis 2016, nous pouvons recentrer les nouvelles positives sur les solutions plutôt que sur les problèmes.

Réapprendre à célébrer

Il nous faut lutter au plus vite cette déprime collective. Les initiatives portées par les acteurs de l'économie sociale et solidaire sont nombreuses. Aux artistes, humoristes, intellectuels : continuez à nous envoyer des moments de joies et de partages sur vos réseaux sociaux. Aux communicants, journalistes, éditorialistes et diffuseurs d’informations : racontez et relayez des belles histoires, des belles initiatives, des bonnes nouvelles. Nous en avons aussi besoin !

Mathilde Aubinaud est communicante, auteure et fondatrice de La Saga des Audacieux

Louis Betton est responsable de la communication au sein du cabinet d'avocats d'affaires August Debouzy