Avec l'agrégateur de news France Live, Ouest France veut fédérer les médias français

Avec l'agrégateur de news France Live, Ouest France veut fédérer les médias français La plateforme abritera des contenus originaux et des appels vers des articles de médias partenaires. Les groupes Rossel et Ebra sont en discussions pour intégrer le capital.

Si les négociations avec Google dans le cadre des droits voisins ont déchiré une bonne partie de la presse française, elles ont aussi resserré les liens entre certains. C'est sur cette unité sacrée que le groupe Ouest France veut capitaliser en lançant France Live, une nouvelle plateforme d'informations disponible sur le Web et en application, qui agrège des articles et des vidéos en provenance de nombreux médias. Parmi les premiers partenaires, on retrouve L'Equipe, 20 Minutes, Télénantes, Capital, GQ, Ça m'intéresse, So Foot ou encore Slate.

A l'image d'un Google News, la homepage de France Live est composée d'appels vers les articles des partenaires. Une fois que l'internaute a cliqué sur l'un de ces appels, il atterrit sur une page "teaser" qui comprend une illustration, un titre et le début de l'article. S'il veut en savoir plus, il lui suffit de cliquer sur un lien pour consulter l'intégralité du contenu chez le média qui en est à l'origine. L'intérêt pour les médias partenaires est double : une commission sur les revenus publicitaires générés par France Live et du trafic supplémentaire chez eux.

La porte reste ouverte à tous, qu'ils soient issus de la PQN ou de la télévision

L'idée a germé en septembre 2020 à en croire le directeur du numérique de Ouest France, Fabrice Bazard. "Il s'agissait à l'époque de trouver le moyen de nous affranchir un peu de Google et de trouver une nouvelle vitrine pour les trois marques du groupe Sipa : 20 Minutes, Ouest France et Actu.fr." La pertinence d'ouvrir un tel projet à d'autres est vite devenue une évidence. "Une union un peu similaire portée par nos homologues nordiques nous a rappelé l'importance de fédérer les médias français autour d'un projet collectif", justifie Fabrice Bazard. C'est ainsi que le groupe Ouest France s'est fait à l'idée d'ouvrir le capital de France Live à d'autres acteurs du secteur et que les groupes Rossel (La Voix du Nord, Courrier Picard, Journal de l'Union…) et Ebra (Le Dauphiné libéré, Le Progrès, Dernières Nouvelles d'Alsace et L'Est républicain), sont aujourd'hui en discussions très avancées pour investir. La porte reste ouverte à tous, qu'ils soient issus de la PQN ou de la télévision, à en croire Fabrice Bazard. "Le but est que Sipa-Ouest France ne soit plus actionnaire majoritaire", affirme-t-il.

Charge néanmoins à la rédaction et aux actionnaires de valider le profil des candidats. Des candidats qui ne seront pas tous issus du monde des médias, à l'image du club de football du FC Nantes qui pourra relayer ses actualités au sein de France Live. "On s'est également rapproché des municipalités car on estime qu'elles peuvent nous permettre d'améliorer la dimension servicielle de France Live", précise Fabrice Bazard.

"On va proposer une trentaine de contenus originaux par jour pour avoir une empreinte SEO indispensable au bon développement de l'audience de la plateforme"

France Live peut s'appuyer sur une équipe éditoriale de quatre personnes chargées de hiérarchiser l'information en provenance des partenaires mais pas seulement. "On va également proposer une trentaine de contenus originaux par jour pour avoir une empreinte SEO indispensable au bon développement de l'audience de la plateforme", explique Fabrice Bazard. Un mode de fonctionnement qui fait forcément penser à celui d'Upday, l'appli de curation de news de Samsung. Ça tombe bien, la similarité est assumée. "Tout comme eux, on veut garder une proximité avec les médias partenaires." De la curation humaine donc plutôt que l'approche algorithmique de l'autre épouvantail de l'agrégation de contenus, Apple News.

Le projet France Live est bâti sur les fondations d'une plateforme lancée par une société de captation vidéo nommée MStream. "La société voulait se lancer dans les médias locaux et avait développé des applications pour une quarantaine de villes. Notre maison-mère, Sipa Presse, a racheté le tout en février dernier", détaille Fabrice Bazard. Une quarantaine d'applications "ville" complèteront le dispositif France Live en local. Elles seront déployées dans les prochains mois afin d'assurer un maillage complet du territoire national. "On a revu l'interface pour les remettre au goût du jour", précise Fabrice Bazard. Quatre d'entre elles sont d'ores et déjà disponibles : Paris live, Marseille live, Nantes live, Rennes live. Les applications de villes s'appuient également sur les contributions d'éditeurs partenaires pour relayer en temps réel les sujets forts de l'actualité locale et régionale ainsi que des informations pratiques : info trafic, météo, city-guide, offres d'emploi…

Objectif : 20 et 25 millions de pages vues par mois d'ici la fin de l'année

Côté monétisation, c'est la régie de la PQR, 366, qui est chargée de gérer la vente de l'inventaire publicitaire en gré à gré et en programmatique. Les régies locales pourront, dans une logique d'extension d'audience, diffuser de la publicité sur l'application correspondant à leur géographie. La Dépêche du Midi sur Toulouse Live, par exemple. Le bas de chaque page teaser est, lui, confié à Taboola… mais cela pourrait un jour changer. "Le but c'est de gagner en indépendance. On peut très bien imaginer France Live gérer lui-même cet aspect-là. Et pourquoi pas devenir le partenaire du bas de page de certains médias français", imagine Fabrice Bazard.

Il faudra pour cela installer France Live dans les usages. "Le premier objectif, c'est de créer une audience", confirme Fabrice Bazard. Le dirigeant espère atteindre entre 20 et 25 millions de pages vues par mois d'ici la fin de l'année. Il sera prochainement proposé aux utilisateurs de se loguer, via Facebook ou Google, pour profiter des newsletters faites maison. France Live pourrait un jour également servir de passerelles vers l'abonnement pour les médias partenaires. Une version française de Google Showcase, qui permettrait aux médias partenaires de générer des leads qualifiés sur lesquels France Live toucherait une commission. Ou, pourquoi pas, un méta-abonnement qui verrait l'internaute qui verse X euros par mois accéder à tous les contenus des médias partenaires. "Un peu à la Blendle", imagine Fabrice Bazard. Les pistes à explorer sont légions. "France Live doit être un laboratoire qui nous permettra de tester pleins de choses", espère Fabrice Bazard.