Pour un metaverse européen

Le metaverse est un nouveau monde dont les seules limites sont celles de l'imagination. Et si sa conceptualisation n'est pas nouvelle, il aura fallu l'avènement des NFT pour que ce qui était un rêve devienne une réalité…encore à venir.

Le metaverse est un nouveau monde dont les seules limites sont celles de l’imagination. Et si sa conceptualisation n’est pas nouvelle (plusieurs auteurs de sciences fiction l’avaient imaginé depuis plus de 30 ans), il aura fallu l’avènement des NFT pour que ce qui était un rêve devienne une réalité…encore à venir.

Pas de metaverse sans blockchain

Le metaverse est un espace numérique qui se superpose à la réalité physique. La réalité virtuelle rend ce nouveau monde sensible à travers des lunettes immersives. Et tous les objets digitaux qui existent dans ce monde virtuel possèdent une valeur cristallisée et sécurisée par la technologie blockchain sous forme de tokens. Du foncier à des entreprises, des œuvres d’arts jusqu’à des vêtements numériques en passant par des artefacts ou des cartes de jeux : fongibles ou non fongibles (NFT), les tokens sont au metaverse ce que les monnaies traditionnelles sont aux économies de marché.

Comme couvent, il aura fallu qu’un GAFA (Facebook en l’occurrence) s’empare du metaverse pour que l’engouement se créait. Et pour l’instant, le metaverse reste encore de la science-fiction. Car le metaverse n’est pas simplement un autre monde rendu possible et concret par les nouvelles technologies (ce qui ne serait pas neuf : le gaming repose sur cette logique). Le metaverse est un monde digital structuré autour d’une nouvelle économie et de nouvelles formes de valeurs rendues bien réelles grâce à la blockchain.

Quelle souveraineté pour le metaverse ?

La mue de Facebook en Meta a été rendue possible par les immenses progrès technologiques de l’entreprise sur les technologies blockchain. L’annonce de Libra aura servie de leurre : l’objectif n’était pas de créer une nouvelle monnaie-monde mais de se projeter dans la DeFI. Avec la création de wallets (Novi ne dispose pas d’agrément bancaire) et de nouvelles architectures permettant au premier des GAFA de prendre un temps d’avance certain sur les technologies décentralisées.

Mais après Libra, le metaverse n’est pas sans poser d’immenses questions politiques et économiques. Ce nouveau monde sera-t-il sous l’emprise hégémoniques des géants du numérique, garants d’une nouvelle économie et d’un nouveau monde 100% numérique ? Facebook a su immédiatement déminer la polémique en insistant sur le fait que la « nationalité » du metaverse serait celle de ses créateurs. Avec une ambition de recrutement de 10 000 profils en Europe pour rassurer l’occident. Mais derrière le miroir aux alouettes, une réalité : les clefs du metaverse seront l’investissement et la recherche. Et en l’espèce, l’Europe est en retard.

Comment imposer une souveraineté européenne dans le metaverse ?

Une souveraineté strictement territoriale n’est pas applicable au metaverse. Alors paradoxalement, malgré son retard, l’Europe n’a donc pas encore complètement raté la marche. Reste à définir son positionnement : à peine le concept émergé, l’heure des choix est déjà là. Le numérique européen est un numérique normé, éthique et écologique : en imposant ces simples valeurs au metaverse, l’Europe peut encore se différencier et se positionner sur la durée.

Au-delà, le metaverse peut également être un outil pour renforcer la souveraineté européenne en favorisant l’éducation, l’appropriation, le partage des cultures. Il sera le monde que nous déciderons de construire. Alors rien ne nous oblige de le laisser entièrement aux géants du numérique : il est encore temps d’y croire et de s’emparer politiquement du sujet. Pour faire émerger un metaverse vraiment européen.