Pourquoi l’avenir de la billettique sur smartphone est au NFC
La multiplication des nouveaux modes de déplacement (covoiturage, vélo partagé, VTC, etc.) est venue bousculer l’organisation des transports et renforcer le besoin d’interopérabilité au niveau local.
Les nouvelles formes de mobilité, souvent exploitées par des acteurs privés, ont enrichi l’offre de transport et permis une forte digitalisation des services. Parallèlement, le passage d’un mode de transport à l’autre est devenu plus compliqué, jusqu’à devenir un frein à cette multi-modalité. Parmi les mesures d’amélioration attendues par les voyageurs, 81%* plébiscitent l’utilisation d’un titre unique pour se déplacer avec plusieurs modes de transport, d'après une étude Ipsos-BCG pour l'observatoire européen des mobilités (avril 2017).
Des solutions de billettique sur mobile comme le SMS ou le QR code se développent localement mais n’offrent pas une solution universelle. Disponibles sur une partie de l’offre tarifaire (titre occasionnel le plus souvent), ces technologies ne répondent pas aux enjeux des grands réseaux : sécurité, interopérabilité, simplicité et fluidité d’utilisation.
La technologie NFC sur mobile offre, quant à elle, de nombreux avantages. En Europe, elle est déjà largement déployée sur les réseaux de transport avec plus de 20 millions de cartes sans contact en circulation. Elle est compatible avec tous les systèmes billettiques (ABT, MBT…) et permet de couvrir toute la gamme tarifaire avec un haut niveau de sécurité. De plus, la technologie sans contact offre une expérience client optimale de par sa simplicité d’utilisation.
Puce et radiofréquence
La technologie NFC sur smartphone a mis du temps à se généraliser car elle nécessite l’intégration d’un certains nombres de composants qui impactent le coût des téléphones. Les constructeurs ont longtemps réservé l’accès à cette technologie à des téléphones haut de gamme. Mais poussée par le fort développement des usages de paiement ces derniers mois, cette technologie se démocratise rapidement : elle est désormais disponible dans plus de 8 smartphones sur 10 vendus. Son mode de fonctionnement est similaire à une carte sans contact. Le mobile doit disposer d'une une antenne qui lui permet de dialoguer via radiofréquence avec les équipements de validation ou de contrôle ainsi que d'un espace pour stocker les données du titre de transport.
Pour stocker les données du titre de transport, deux méthodes coexistent. Soit dans une puce électronique embarquée dans le mobile appelée Secure Element (SE). On utilise alors une puce installée par le fabricant du mobile en usine ou la carte SIM de l’opérateur télécom. Soit directement dans une zone mémoire du téléphone appelée Host Card Emulation (HCE).
Dans le cas de l’utilisation d’une puce électronique,
l’information est stockée et sécurisée au sein d’un élément matériel appelée
Secure Element (SE) et un accord préalable avec le fournisseur est nécessaire
pour accéder au composant. Le fonctionnement étant similaire à une carte de
transport plastique, il est possible d’effectuer des transactions (validation
ou contrôle) téléphone éteint ou sans batterie, ce qui est un élément de
réassurance fort pour le client. La mise en compatibilité avec les équipements
de validation et de contrôle existants est plus simple et rapide.
Cette implémentation est aujourd’hui disponible sur la plupart des smartphones Android NFC et les iPhones de dernières générations. La carte de transport peut être installée dans la carte SIM NFC de l’opérateur mobile ou dans la puce électronique embarquée pour certains constructeurs comme Apple ou Samsung. Pour le moment, en Europe, même si la technologie est disponible sur iPhone, Apple n’a pas encore ouvert l’accès à son service NFC pour le transport.
Dans le cas de l’utilisation d’une zone mémoire,
l’information est stockée et sécurisée dans un espace mémoire dédié sur le
mobile. Ce dispositif appelé Host Card Emulation (HCE) est uniquement
disponible sur Android. Aucun accord préalable avec les fournisseurs de SE —
opérateurs mobiles ou constructeurs de terminaux – n’est requis.
Pour ouvrir le service au plus grand nombre, c’est-à-dire couvrir 100% des smartphones NFC, il est donc indispensable que la solution industrielle mise en place par les opérateurs de transport puisse faire coexister les différentes technologies : SE et HCE.
Usages en forte croissance
Au Japon, pays pionnier des usages du sans contact sur mobile, le NFC est déjà utilisé pour tous les services du quotidien : transport, paiement, fidélité, etc. Pour répondre à la forte demande sur ce marché, Apple a ouvert depuis 2016 l’accès au NFC sur ses smartphones.
En Europe, la généralisation des smartphones NFC et l’avènement des services de paiement sur mobile ont dopé l’utilisation du sans contact. Le déploiement de la technologie NFC sur mobile par le secteur du transport est enfin à l’ordre du jour et de nombreux projets voient le jour en France. L’autorité organisatrice des transports en Île-de-France (IDFM), qui régit quotidiennement près de 8,5 millions de déplacements pour l’ensemble de la région parisienne, a entamé, depuis septembre dernier, le déploiement de sa solution de billettique sans contact sur mobile sur SE.