Avec ses covoiturages au point mort, BlaBlaCar se tourne vers les trottinettes

Avec ses covoiturages au point mort, BlaBlaCar se tourne vers les trottinettes La plateforme de covoiturage s'allie à l'opérateur de trottinettes Voi, dont la marque devient BlaBla Ride en France. BlaBlaCar intégrera Voi à ses applis en échange de commissions.

BlaBlaCar met un pied sur les trottinettes de Voi. La plateforme de covoiturage et l'opérateur suédois de trottinettes en libre-service annoncent un partenariat dans le cadre duquel Voi adoptera à partir du mois de juin la marque BlaBla Ride sur ses trottinettes et dans son appli en France. Dans un premier temps, d'ici quelques mois, les utilisateurs de BlaBlaCar pourront devenir ceux de Voi très facilement, grâce au bouton BlaBla Connect (similaire à Google ou Facebook Connect) qui leur permettra d'utiliser les trottinettes avec leur compte BlaBlaCar. Dans un second temps, les flottes de trottinettes de Voi seront intégrées plus profondément dans BlaBlaCar, avec la possibilité de les réserver sans passer par l'appli Voi (désormais BlaBla Ride).  

Les deux entreprises réfléchiront également à une manière d'inciter les utilisateurs de BlaBlaCar à utiliser les trottinettes de Voi, car les deux modes de transports sont très différents dans leur approche. D'un côté, des covoiturages réservés à l'avance, de l'autre, des trottinettes louées en  temps réel, et dont on ne peut pas garantir la disponibilité à l'avance à un endroit donné. "Par exemple si vous prenez un covoiturage à 10h50, nous pourrions vous envoyer une notification push 20 minutes avant pour vous proposer d'aller au point de rendez-vous en trottinette", illustre Lucas Bornert, directeur général de Voi en France. "L'idée est que nous partagions nos données et nos API, ce qui pourrait nous permettre d'envoyer un push seulement si la personne se trouve à proximité de l'une de nos trottinettes.", poursuit-il.  

Un verni français pour Voi

Ces intégrations concernent aussi BlaBlaLines, la déclinaison courte-distance des covoiturages de BlaBlaCar. Elle pourrait d'ailleurs être la plus appropriée, observe Nicolas Brusson, directeur général de BlaBlaCar. "BlaBlalines génère beaucoup moins de volumes, mais a une fréquence d'utilisation qui a plus d'affinités avec l'usage des trottinettes. Et les utilisateurs n'ont en général pas de valise, ce qui facilite le voyage en trottinette." 

Cette alliance est-elle assortie d'une prise de participation de BlaBlaCar dans Voi, ou du moins dans sa structure française ? "C'est confidentiel", évacue Lucas Bornert. Autre inconnue, la portée de cet accord alors que deux appels d'offres sont en cours pour trier les opérateurs de trottinettes à Paris et Lyon, deux points de départs et destinations majeures des covoiturages de BlaBlaCar. Si Voi venait à perdre ces deux villes, cette intégration ne deviendrait-elle pas caduque ? Les deux entreprises assurent que l'accord n'est pas conditionné à ces enjeux. Mais Nicolas Brusson reconnaît que "le succès est évidemment lié à la capacité d'être pertinent et de gagner des appels d'offres."  

C'est d'ailleurs l'un des intérêts de ce partenariat pour Voi. Avec cette nouvelle marque et le soutien de la plus connue des start-up hexagonales, l'entreprise s'offre un verni français qui pourrait l'aider à remporter les appels d'offres qui seront organisés dans des nombreuses villes cette année. Elle lui donne aussi accès à l'immense base de 17 millions d'inscrits à BlaBlaCar, BlaBlaBus et BlaBlaLines en France.  

BlaBlaCar en mal de revenus

Pour BlaBlaCar, ce partenariat permet de renforcer ses covoiturages en proposant une option de dernier kilomètre, afin de couvrir l'intégralité du trajet. C'est aussi une nouvelle source de revenus, puisque des commissions seront prélevées sur chaque trajet renvoyé à Voi. Alors que l'entreprise s'attend à connaître 12 à 18 mois difficiles sur ses activités de covoiturage et de bus, à la fois pénalisées par la baisse du tourisme et les normes de distanciation sociale qui réduiront les places disponibles, elle a tout intérêt à diversifier son chiffre d'affaires. "Sur le court et le moyen terme, cela me semble évident qu'il y aura moins de monde dans les transports partagés - covoiturages, bus, trains - et davantage en trottinette ou en vélo, même si j'ignore dans quelles proportions", anticipe Nicolas Brusson. "Ces modes de transport ne sont pas concurrents puisque pas sur les mêmes distances, mais le facteur qui pénalise le covoiturage et renforce le free-floating est le même". 

Les trottinettes ne sont qu'une première étape pour BalBlaCar. Si le test avec Voi s'avère concluant durant la seconde moitié de 2020, l'entreprise pourrait ajouter les vélos à son offre. Et pourquoi pas l'étendre hors de France. Mais toujours avec la même stratégie : s'en tenir à la technologie et laisser des partenaires mettre les mains dans le cambouis.