De Mulhouse à San Diego, la percée de l'agrégateur de mobilités de Transdev
Cityway, la filiale de l'opérateur de transport, développe des applis d'agrégation de mobilités en marque blanche pour des villes françaises, et désormais étrangères, notamment aux Etats-Unis.
Avec sa filiale Cityway, Transdev a déployé l'une des premières applications d'agrégation de services de mobilités (Maas) disponible en France. Depuis 2018, les habitants de Mulhouse peuvent payer et utiliser les transports en commun, parkings, vélos et voitures en libre-service municipaux via l'appli Compte Mobilités, développée par Cityway. Sont ensuite venus s'y ajouter un calculateur d'itinéraire et des réservations de taxis que l'on peut suivre en temps réel, comme chez G7 ou les VTC.
Cityway a également garni son portefeuille de clients français en remportant des contrats à Saint-Etienne en septembre 2020 et Marseille fin 2019 (où seront aussi intégrés les opérateurs privés de covoiturage et de trottinettes). Mais aussi auprès de départements et régions (Oise, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté cette année) qui souhaitent mutualiser les dépenses et permettre à de plus petits communes d'avoir aussi accès à ces outils.
Amsterdam, San Diego, Detroit
Cityway remporte aussi des contrats internationaux. D'abord à Amsterdam fin 2019, où l'appli de la capitale néerlandaise est en cours de développement par un consortium dont fait partie Cityway. Cityway s'est aussi démarqué à Detroit (février 2020) et San Diego (octobre 2020),. "Nous avons candidaté à quatre autres appels d'offres aux Etats-Unis et au Canada, ainsi qu'à d'autres en Allemagne", précise Laurent Briant, directeur général de Cityway.
Une percée qui s'est faite sans l'aide de la maison-mère Transdev (elle-même filiale de la Caisse des Dépôts), l'un des leaders mondiaux du transport public. Contrairement à d'autres services (comme le transport à la demande), qui peuvent être embarqués par les grands opérateurs de transports publics dans leurs candidatures à des appels d'offres plus larges, les applis d'agrégation de mobilités font l'objet d'appels d'offres spécifiques en France. Et à l'étranger, ce modèle de délégations de service public géantes à un seul opérateur est beaucoup moins fréquent, explique Laurent Briant, les marchés étant davantage fragmentés. "Et puisque le Maas consiste à gérer et intégrer tous les opérateurs de transports d'un territoire, il est rare de le confier à l'un de ces exploitants", ajoute-t-il.
Alliances et saucissonnage
Pour réussir à se démarquer à l'étranger, Cityway a plutôt choisi une stratégie d'alliances et de saucissonnage de ses produits. "Notre stratégie internationale consiste à signer des partenariats globaux avec des entreprises qui s'occuperont soit d'intégrer nos technologies à d'autres applis, soit des partenaires qui nous amèneront des services à valeur ajoutée", détaille Laurent Briant. Ainsi, Cityway ne fournit que certaines briques technologies, plutôt que l'intégralité de son application, à Amsterdam (back-office de l'appli), Detroit et San Diego (applis conducteur et passager). Pas toujours facile en effet de demander à une collectivité de tirer un trait sur son appli pour tout recommencer lorsqu'elle en possède déjà une.
Français ou internationaux, applis complètes ou briques, ce sont au total "une dizaine de nouveaux contrats que Cityway a remporté ces trois derniers mois", assure Laurent Briant. Avec des montants et durées extrêmement variables, précise-t-il. "Cela va d'une première approche modulaire à 30 000 euros jusqu'à des contrats de douze ans à 30 millions d'euros (sur lequel un partenaire est également rémunéré, ndlr)". De quoi assurer une maigre croissance à la société en 2020, malgré le covid : Cityway s'attend à voir augmenter son chiffre d'affaires de 2 à 3% par rapport aux 24 millions d'euros enregistrés en 2019.