Les technologies et les datacentres façonnent l'industrie automobile de demain

Lorsqu'on parle de l'évolution de l'industrie automobile, on cite souvent en priorité la transition vers les véhicules électriques. Pourtant, c'est surtout la connectivité des véhicules qui révolutionne cet écosystème.

Au-delà du véhicule électrique, le véhicule connecté

La croissance du parc de véhicules électriques est impressionnante, avec 3 millions de nouvelles voitures électriques et hybrides rechargeables immatriculées en 2020, soit 41 % d’augmentation. On compte désormais plus de 10 millions de voitures électriques sur les routes (source Global Electric Vehicle Outlook de l’AIE-Agence Internationale de l’énergie). Mais la croissance de la connectivité des véhicules est en fait 10 fois plus forte : avec 30 millions de nouveaux véhicules connectés vendus en 2020, soit 41% des ventes actuelles de véhicules. Déjà aux Etats-Unis 91% des véhicules vendus sont des véhicules connectés (source ABI Research et AIE).

Entre 4 et 20 Térabits de données sont échangés chaque jour par chaque voiture connectée (estimations Equinix et FTI Consulting). Avec 70% à 90% de données « in-car » (produites et consommées par le véhicule), une approche big data issue des capteurs IoT qui mesure la performance de la voiture et analyse la conduite. De 5% à 20% des données sont "V2C" (du Véhicule vers le Cloud), comme les mises à jour des cartes de navigation et les services de divertissement pour passagers. De 2.5% à 5% des données sont "V2I" (du Véhicule vers l’Infrastructure), une télémétrie qui nourrit les systèmes d’aide à la navigation, de sécurité, et de maintenance. Enfin 2.5% à 5% des données sont "V2V" (de Véhicule à Véhicule), utilisées notamment par les voitures autonomes pour connaitre leur position et vitesse.

Un écosystème qui a besoin de communication

Une voiture est donc aujourd’hui connectée à un écosystème de plus en plus large et complexe. Il comprend les conducteurs, les passagers, les constructeurs automobiles mais aussi les fournisseurs de services de mobilité, d’assistance, de divertissement à bord, etc. Les infrastructures urbaines exploitent aussi les données de navigation des véhicules connectés, pour améliorer la mobilité et la sécurité, décongestionner les routes, et même réduire la pollution.

Les infrastructures IT traditionnelles ne sont pas suffisantes pour traiter cette avalanche de données liée à l’usage des voitures connectées, aux services et aux équipements connectés de la ville intelligente. Car les données sont produites et consommées en "périphérie" des réseaux, loin des datacentres, ce qui pose des problèmes de performance et donc de latence. Un enjeu critique pour les véhicules autonomes qui doivent réagir en temps réel pour assurer la sécurité. Même la latence réduite des réseaux 5G (de l’ordre de la milliseconde) ne suffit pas. Une partie du stockage et du traitement des données doit être déporté en bordure du réseau. L’edge computing utilise pour cela un maillage de datacentres distribués sur le territoire, au plus près des utilisateurs.

L’interconnexion nourrit l’innovation

Ces datacentres jouent aussi le rôle de hubs d’interconnexion où les acteurs de l’écosystème automobile peuvent se connecter de façon privée, sécurisée et instantanée via les API (Application Programming Interfaces). Pour innover ensemble.

Car analyser les données de navigation des véhicules et le trafic permet de détecter des opportunités de marché. Et de trouver au sein des hubs d’interconnexion de nouveaux partenaires pour construire et distribuer rapidement des services innovants. Non seulement sur les marchés locaux, mais à l’international avec un maillage global de datacentres. 

Parmi ces nouveaux services, les formats d’assurance en pay as you drive selon l’utilisation du véhicule (déjà 50 000 contrats souscrits en France selon les estimations de Wavestone). On encore les services de taxis connectés. Ainsi la startup singapourienne Grab analyse en temps réel 3 millions de déplacements chaque jour pour désengorger les centres villes de grandes capitales mondiales. L’entreprise a aussi développé des services de livraison et des services financiers qui répondent aux besoins d’une population hyperconnectée en recherche d’optimisation dans tous les aspects du quotidien. L’automobile connectée devient alors un maillon d’une nouvelle chaine de valeur qui ne repose plus sur la possession du véhicule, mais son utilisation ponctuelle ou régulière.

En conclusion, le développement des véhicules connectés transforme l’industrie automobile. Les besoins accrus de connectivité, d’interconnexion et de sécurité demandent de nouvelles approches technologiques, marketing et commerciales. Pour tous les acteurs de l’écosystème automobile, il sera alors crucial de miser sur les bonnes collaborations.