Comment le Chinois Geely construit un florissant business de location en Europe
Un an après son lancement, Lynk &Co, un service de location de voitures appartenant à Geely et sa filiale Volvo, a discrètement convaincu plus de 30 000 abonnés de payer 500 euros par mois.
On a rarement vu un service si simple et si cher, mais cette alliance semble sourire à Lynk & Co. Cette filiale du géant chinois de l'automobile Geely, également propriétaire du constructeur suédois Volvo, propose un service de location de voitures au mois depuis un an en Europe. Après des débuts aux Pays-Bas, puis des lancements en Belgique, Allemagne, Italie, Suède et Espagne, le service vient d'arriver en France. Pas de fioritures, ni d'options en tous genres : Lynk&Co propose de louer un seul véhicule, haut de gamme, le SUV hybride Geely 01 à un prix unique de 500 euros par mois sans engagement (contrairement au leasing), maintenance et assurance comprises. Le seul choix laissé à l'abonné porte sur la couleur, et il reste limité au noir ou au bleu.
Les abonnés peuvent ensuite mettre le véhicule en autopartage pour le louer à des particuliers via une application. Ils fixent leurs propres prix, et n'ont pas besoin de rencontrer le locataire du véhicule, qui pourra le déverrouiller depuis son smartphone. Lynk&Co ne prélève aucune commission sur l'argent des locations, mais l'utilise en revanche pour faire baisser d'autant les mensualités de son abonné. Cette fonctionnalité de sous-location, déjà disponible ailleurs en Europe, devrait arriver en fin d'année en France.
Un quart d'abonnements en B2B
Lynk&Co possède également une déclinaison B2B de son service, avec une appli et un système de réservation qui permettent aux entreprises de partager une flotte de véhicules. "27% de nos abonnements proviennent d'entreprises. Nous leur permettons de réduire la taille de leur flotte en partageant un plus petit nombre de véhicules au lieu d'en attribuer un à chaque employé", explique Alain Visser, PDG de Lynk&Co et vétéran de l'industrie auto passé par Ford, GM et Volvo.
En un an, Lynk&Co a convaincu plus de 30 000 membres de débourser ces 500 euros par mois, alors que l'entreprise se fixait plutôt comme objectif d'en recruter 9 000, assure Alain Visser. Toutefois, en raison des problèmes de production que rencontre l'industrie auto, ralentie par la pénurie de semi-conducteurs, seuls 4 à 5 000 clients possèdent déjà leur véhicule et ont commencé à payer. Les autres, dont déjà 4 000 futurs clients en France, devront attendre encore quelques mois, au moins jusqu'en début d'année prochaine. Une fois que ces 30 000 membres auront reçu leur véhicule, et sous réserve qu'ils demeurent fidèles, ce serait donc un copieux chiffres d'affaires mensuel de 15 millions d'euros et un revenu annuel de 180 millions d'euros auquel pourrait prétendre Lynk&Co.
Un chiffre d'affaires d'autant plus impressionnant que le business totalement intégré de Lynk&Co semble avoir été pensé pour maximiser sa rentabilité, notamment en jouant sur les synergies avec Volvo et Geely. D'abord, le véhicule, le Geely 01, a été conçu spécialement pour le service et n'est commercialisé nulle part ailleurs (Lynk & Co propose d'ailleurs de l'acheter plutôt que le louer, un choix que font seulement 5% des clients). Sauf qu'il s'appuie sur une architecture existante, déjà utilisée par Volvo pour son modèle XC 40, ainsi que par Polestar (la filiale 100% électrique de Volvo) pour sa Polestar 2. Ce qui permet d'énormes économies d'échelle et nécessite donc des investissements bien moindres. Le manque de choix, avec un seul véhicule, et le manque de customisation dudit véhicule, forcément livré avec toutes les options disponibles et en seulement deux coloris, permettent de "diminuer les coûts assez considérablement", ajoute Alain Visser. Pour la maintenance et les réparations des véhicules, Lynk&Co fait appel au réseau de concessionnaires Volvo, une autre source massive d'économies. . Enfin, Alain Visser reconnaît sans vouloir entrer dans les détails que la maison-mère Geely vend les véhicules à Lynk& Co à un prix préférentiel. Si le tout jeune business de Lynk&Co est encore loin d'être rentable, on peut toutefois entrevoir, contrairement à d'autres services de mobilités, un chemin qui lui permettra un jour de le devenir.