Pourquoi il faut promouvoir la mobilité partagée ?

Quelles sont les démarches des autorités françaises au sujet de la mobilité partagée ? L'exemple de Paris est-il représentatif de la vision de la mobilité partagée dans les autres villes françaises ?

La mobilité partagée en France

La mobilité partagée permet d’offrir différents moyens de transports (voitures, vélos, trottinettes…) qui sont le plus souvent électriques. Que ce soit dans un souci financier, écologique ou pour la recherche de flexibilité. On constate un réel engouement pour la mobilité partagée en France. 

Même si la voiture individuelle reste importante en France, les services de mobilité partagée commencent à rentrer dans le paysage. Selon une enquête de Capterra datant d'octobre 2022, 58% des Français utilisent les services de la mobilité partagée. 

Depuis la loi LOM de 2019 (Loi d’Orientation des Mobilités), le gouvernement français a mis en place différentes actions afin de faciliter l'accès aux transports partagés dans l’ensemble du pays. De plus, la France s’est engagée lors de la COP 26 d’automne 2021 à réduire de 55 % ses émissions de CO2.

Il faut noter également, que la mobilité partagée est poussée par la génération ultra-connectée des millenials. En effet, l’utilisation collaborative des ressources est en vogue. Elle permet de s’affranchir des contraintes, elle est un moyen de réaliser d’importantes économies et amène de la flexibilité à l’utilisateur.

La mobilité partagée est plus le fait des utilisateurs vivant dans des grandes villes françaises ou en périphérie de celles-ci. Elle permet à l'utilisateur de pallier à un manque de mobilité dans son territoire, mais également de faire le relais jusqu'à un transport en communs. 

De plus, la crise sanitaire et climatique a favorisé une prise de conscience profonde dans les choix de moyens de déplacement. La possession d’un véhicule personnel dans un environnement urbain n’a plus de sens pour de nombreux Français. 

Le cas “ville de Paris”

Lime, Cityscoot, Tier, Dott, Bird, Yego… En quelques années, Paris est devenu un aimant pour les start-ups de micromobilité partagée (vélos, trottinettes et scooters électriques), cela est sans doute dû aux nombreux changements qui ont été opérés au sein de la capitale (fermeture voies sur berges, modification du plan de circulation de la rue Rivoli....). 

D’ailleurs, il faut savoir que Paris est la première capitale au monde à avoir développé son réseau de mobilité partagée en libre-service : Vélib’ (vélo) en 2007 et Autolib’ (voiture) en 2011. Mais il a fallu attendre 2016 pour que la mobilité partagée revienne sur le devant de la scène parisienne avec Cityscoot (location de scooters électriques partagée). 

Ces dernières années, la politique de la ville dirigée par Anne Hidalgo a accentué ses projets sur les mobilités vertes et partagées. Paris se place dans le top 3 des capitales européennes où la mobilité est le plus développée. 

De plus, Paris est regardée de près, car elle va accueillir les Jeux Olympiques l’été prochain, et, la mobilité fait partie intégrante de la réussite d’un événement sportif d’une aussi grande envergure. 

Les chamboulements au sein de la mobilité parisienne ont commencé avec un appel d’offres de la ville afin de limiter les acteurs de trottinettes électriques en libre service. En effet, en 2020 plus de treize acteurs s’étaient déployés dans la ville provoquant le mécontentement des citoyens (trottinettes laissées sur les trottoirs, manque de civilité de la part des utilisateurs, accidents mortels à cause du non-respect des règles…). Cet appel d'offres qui a pris effet en septembre 2021 avait sélectionné trois acteurs (Lime, Dott et Tiers). Ils devaient respecter des engagements sociaux afin de lutter contre l’uberisation et la précarité des salariés et également des engagements environnementaux afin que la durée de vie des trottinettes soit plus pérenne et le recyclage mieux pris en charge. 

Malgré cette restriction au niveau du nombre d'acteurs et de leurs marges de manœuvres, le mécontentement des Parisiens a augmenté. Un référendum a donc eu lieu début avril 2023: “Pour ou contre les trottinettes en libre-service”. Et plus de 89% ont voté contre. Les trois acteurs ont jusqu’au 1er septembre 2023 pour retirer définitivement leurs trottinettes électriques des rues de Paris. Mais cela ne va pas les empêcher de se développer dans d'autres villes européennes. Par exemple, l’acteur et leader Lime a annoncé que les trottinettes parisiennes seront distribuées dans les villes et les pays limitrophes où il a gagné des appels d’offres (Lille et Londres). 

Pour ne pas reproduire le même schéma qu’avec les trottinettes électriques, la ville de Paris a anticipé et a lancé un appel d’offres auprès des acteurs des scooters électriques partagés avant que trop d’acteurs se déploient dans la ville et amènent des désagréments.Trois acteurs ont été retenus et annoncés en début d’été (Cityscoot, Yego et Cooltra).  

Ces décisions à Paris ont fait peur aux autres acteurs de la mobilité partagée, car ils ne souhaitent pas que d’autres capitales européennes ou villes françaises prennent les mêmes. 

Mais il faut noter que, cela a également permis à des nouveaux acteurs comme Danse ou Motto de voir le jour, en proposant des vélos électriques par abonnement. D’ailleurs, le fondateur de Motto, Driss Ibenmansour (qui est passé par Uber, Ofo ou Bird) s’exprime sur le sujet : « La mobilité partagée est une des réponses aux difficultés liées aux transports en zone urbaine”. 

Quant aux voitures partagées, différents acteurs se développent tranquillement au sein de la capitale comme Ubeeqo, GetAround, Zity ou encore Ouicar.  

Le futur de la mobilité partagée en France

Selon le gouvernement français, un véhicule en autopartage et électrique permettrait de remplacer 5 à 8 véhicules personnels. Une politique de déploiement massif de véhicules 100 % électrique et le renforcement des services autour de la mobilité partagée sont des leviers importants pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. En effet, la France doit réussir à équilibrer ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à ce que le territoire français est capable d'absorber via les écosystèmes gérés par l'être humain (forêts, prairies, sols agricoles, zones humides…).

De plus, l'internet des objets (IoT), qui connecte des milliards d'appareils, des smartphones au système de chauffage en passant par les voitures, joue également un rôle central dans la mobilité partagée. 

Aujourd’hui le MaaS (Mobility As A Service) est l’avenir de la mobilité verte et partagée. Le logiciel, qui est en réseau avec tous les systèmes et fournisseurs de transport, propose la combinaison idéale de moyens de transport (qui changent selon le jour, l'heure et l'utilisation). Ce service a un avenir prometteur dans la mobilité future. De plus, le traitement des mégadonnées permet également d’ajuster au mieux les demandes des utilisateurs. 

Nous savons également que l’aspect financier est un élément clef pour un citoyen, et aujourd’hui en France, la voiture individuelle coûte très cher (prix d’achat du véhicule, tarifs du carburant, cotisations d’assurance, frais d’entretien et de parking…) et s’adapte moins bien aux besoins quotidiens de l'utilisateur qu’une voiture partagée. La baisse du prix de revient kilométrique s’expliquerait par le plus grand nombre de kilomètres parcourus par le véhicule loué.  

La mobilité partagée est un enjeu primordial au sein des villes françaises afin de participer à la lutte contre le réchauffement climatique. La France a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. En ce qui concerne les dernières décisions prises en termes de mobilité au sein de la ville de Paris, les jeux olympiques l’été prochain, seront un excellent baromètre pour les juger.