Pour réussir sa transition écologique, l'industrie automobile doit encourager une culture de l'auto-diagnostique
Comment le contexte de la transition écologique pousse les conducteurs à reprendre leur autonomie au sein de l'entretien automobile et donc à une culture de l'auto-diagnostique.
L’abandon progressif des énergies fossiles et le passage des moteurs à combustion interne aux moteurs électriques occupent une place prépondérante dans les discussions écologiques, surtout après les décisions prises lors de la COP28. Bien que ces initiatives apparaissent cruciales pour atténuer l'empreinte écologique de l'industrie automobile, elles ne représentent pas les seules options à notre portée. En réalité, l'impact environnemental d'un véhicule repose fortement sur la qualité et la régularité de son entretien, une réalité souvent négligée qui, si elle était davantage considérée, pourrait significativement réduire les émissions de gaz à effet de serre, à condition que les conducteurs adoptent une culture de l'entretien autonome.
Les effets méconnus d'une maintenance automobile irrégulière
De nombreux facteurs concourent pour faire d’un véhicule mal entretenu une source de pollutions supplémentaires. Le premier et probablement le mieux connu est l’augmentation de la consommation de carburant et donc des émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion. On estime ainsi qu’un filtre à air encrassé accroît la consommation d’un véhicule d’environ 3 % et qu’un déficit de pression des pneus d’un demi-bar la fait augmenter de 2,4%. Un second facteur réside dans l’entretien de dispositifs spécifiquement conçus pour réduire les émissions. Les filtres à particule notamment exigent d’être changés régulièrement pour remplir leur fonction dans les meilleures conditions et ainsi préserver le climat ainsi que la qualité de l’air. A ce titre, l’entretien régulier de sa voiture est bien une responsabilité écologique individuelle qui permet de réduire son impact au quotidien.
Un instrument clé pour prolonger la durée de vie des véhicules
Mais l’entretien automobile est également un enjeu écologique de plus long terme puisqu’il permettrait d’augmenter la durée de vie moyenne des voitures et donc leur impact global en termes de construction, de recyclage et de traitement des déchets. La durée de vie moyenne d’une voiture est aujourd’hui d’environ dix ans. Un chiffre extrêmement faible qui pourrait être augmenté considérablement si chaque véhicule bénéficiait d’un entretien adapté. Le volume des ressources nécessaires à la production de voiture et au traitement de leur cycle de vie serait donc réduit d’autant.
Développer une culture de l’auto-diagnostique
Le déficit d’entretien du parc automobile s’explique en partie par des coûts excessifs et par une incapacité des conducteurs à prendre eux-mêmes en charge les tâches les plus courantes nécessaires à la préservation de leur véhicule. Le développement rapide de l’électronique embarquée a en effet dépossédé les propriétaires de voiture d’une grande partie de leur autonomie. Pourtant des solutions tels que les outils de diagnostic et de maintenance prédictive ou encore les applications de suivi personnalisé permettent aujourd’hui au plus grand nombre de recouvrer une part de cette autonomie. Les constructeurs et les pouvoirs publics ont donc une réelle responsabilité environnementale à mieux diffuser ces savoir-faire clés pour allonger la durée de vie des véhicules et réduire leur impact écologique.
Un manque de sensibilisation parmi les nouveaux conducteurs
De nombreux indicateurs le montrent, les enjeux environnementaux deviennent progressivement des préoccupations de premier plan pour les citoyens de tous les âges et en particulier pour les plus jeunes. Pourtant, si beaucoup connaissent l’impact de leurs choix de consommation au quotidien, très peu ont conscience du rôle déterminant de l’entretien automobile en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il y a un véritable déficit de sensibilisation à ces questions en plus d’un réel manque de savoir-faire.
Il y a cependant un aspect environnemental des usages automobiles auquel les jeunes conducteurs sont formés : le potentiel de réduction de la consommation par la conduite écologique. Et pour cause, cette question a été intégrée à l’examen du permis de conduire où elle compte pour pas moins de 3 points sur 30. Pour faire face au défi que représente le manque d’entretien des voitures, on pourrait donc envisager une mesure de ce type concernant le suivi du carnet d’entretien, potentiellement complétée par une formation de base à la mécanique au cours du cursus scolaire ou encore par des campagnes de sensibilisation en ligne et hors ligne. C’est en effet seulement par le développement d’une culture de l’entretien autonome que l’industrie automobile pourra réaliser pleinement sa mue écologique.