VIDEO

Ce secret bien gardé de la SNCF explique le zèle de certains contrôleurs dans les trains

Les contrôleurs SNCF et RATP touchent une commission sur les amendes payées à bord. Cette pratique, visant à lutter contre la fraude soulève des questions.

La fraude dans les transports en commun représente un coût astronomique pour les sociétés de transport. Selon les chiffres avancés par la SNCF, ce manque à gagner s'élèverait à 200 millions d'euros par an, soit l'équivalent de 25 TER neufs. Du côté de la RATP, la situation n'est guère plus reluisante, avec des pertes équivalentes à 475 bus par an.

C'est dans ce contexte que s'inscrit une pratique qui fait couler beaucoup d'encre : la commission touchée par les contrôleurs sur les amendes payées sur place. Comme l'affirment nos confrères du Parisien, les agents de la SNCF et de la RATP perçoivent un pourcentage sur chaque contravention réglée immédiatement. Cette pratique, loin d'être anormale dans le secteur, vise à encourager les contrôleurs à effectuer leur travail avec rigueur et assiduité. Le système est conçu pour inciter les agents à lutter activement contre la fraude, tout en offrant aux contrevenants la possibilité de régulariser leur situation sur-le-champ.

Les contrôleurs de la SNCF peuvent toucher jusqu'à 10% du montant de l'amende lorsqu'elle est payée sur place. Ce pourcentage peut varier en fonction des situations. Par exemple, pour un trajet Paris-Marseille sans billet, si le voyageur se signale spontanément, l'agent percevra 4% des 140 euros du billet au tarif plein, soit 5,60 euros. En revanche, si c'est le contrôleur qui découvre l'infraction, il touchera 10% des 190 euros (billet + amende), soit 19 euros.

Pour les contrôleurs, ces commissions représentent un complément de revenu non négligeable. Mais le système soulève des questions quant à son impact sur le comportement des agents. Cette incitation financière pourrait pousser certains contrôleurs à être particulièrement zélés dans leur traque des infractions, parfois au détriment de la relation avec les voyageurs. De plus, ce système pourrait créer une pression supplémentaire sur les agents, les incitant à privilégier la quantité des amendes plutôt que la qualité du service et de l'information aux usagers. Certaines critiques arguent que cette approche risque de transformer les contrôleurs en "chasseurs de primes", altérant ainsi leur mission première de service public.

Malgré les controverses, la SNCF assume pleinement cette politique de commissionnement, y voyant plusieurs avantages stratégiques. Au-delà de la simple récupération des pertes financières, ce système permet de professionnaliser et de valoriser le métier de contrôleur, tout en contribuant à l'amélioration globale du service. Les 200 millions d'euros perdus annuellement pourraient en effet être réinvestis dans de nombreux domaines : modernisation des infrastructures, rénovation du matériel roulant, renforcement de la sécurité, ou encore développement de nouveaux services numériques pour les voyageurs. Par ailleurs, la lutte contre la fraude participe à l'équité entre les usagers et maintient la viabilité économique du service public