"Le joyau de la Corse" : un gisement de plusieurs tonnes va être extrait sur l'île
Un trésor va être extrait des entrailles de la Corse. Une pierre aux teintes ocre, bleu et vert, sillonnée par des veines semblables à celles du marbre sera bientôt exploitée sur l'île de Beauté. La pierre de Brando, également baptisée cipolin, est parfois surnommée par les riverains "le joyau de la Corse". Exploitée depuis le 12e siècle, cette pierre emblématique du Cap Corse est notamment utilisée pour le revêtement des sols, autant en intérieur qu'en extérieur. Il n'est pas rare, en arpentant le nord de l'île méditerranéenne, de voir certaines bâtisses ornées de cette curiosité géologique.
Malgré ses nuances chromatiques spectaculaires et sa robustesse face aux aléas climatiques, cela fait plusieurs années que les gisements de cette pierre sont abandonnés. Cependant, une ancienne carrière à ciel ouvert va de nouveau être exploitée d'ici quelques semaines. Le site d'extraction est niché sur la côte est du Cap Corse : il s'agit de la carrière de Petre Scritte. Cette exploitation, située dans la commune de Brando, était inactive depuis 2018. Pour éviter la disparition de ce matériau, symbole du patrimoine corse, le groupe Brandizi a pris l'initiative de relancer l'activité dans cette carrière.
L'autorisation d'exploitation accordée par le préfet de Haute-Corse permet théoriquement l'extraction de 200 000 tonnes annuelles de cette pierre précieuse. Toutefois, les perspectives de production restent plus modestes dans l'immédiat, le groupe Brandizi prévoyant d'extraire entre 5 000 et 10 000 mètres carrés de produits finis d'ici la fin de l'année 2025. En effet, l'entreprise ne se contentera pas d'extraire la matière brute, mais procédera également à sa transformation sur place pour fabriquer notamment des dalles prêtes à l'emploi. Selon un carrier, une dalle d'un mètre carré de pierre de Brando peut être vendue entre 70 et 110 euros la pièce.

Le projet de relance ne fait cependant pas l'unanimité et se heurte à l'opposition de plusieurs riverains et conseillers municipaux. L'Association contre la carrière de Petre Scritte a engagé une procédure juridique en déposant un recours devant le tribunal administratif de Bastia. Cette action vise l'arrêté préfectoral du 28 octobre 2024 qui autorise officiellement la reprise de l'exploitation. Les opposants invoquent principalement des préoccupations environnementales pour justifier leur démarche, craignant les répercussions écologiques de la remise en service de la carrière. De plus, les opposants redoutent des nuisances sonores et une dégradation de la chaussée qui sera empruntée par les camions et les engins nécessaires à l'exploitation de la carrière.
Face à ces critiques, le groupe Brandizi met en avant un ensemble de mesures destinées à minimiser l'impact environnemental lié à l'extraction de la pierre de Brando. L'entreprise a notamment annoncé qu'une partie significative de la carrière fera l'objet d'une revégétalisation progressive, visant à restaurer l'aspect naturel du site.