"Le joyau de la Corse" : un gisement de plusieurs tonnes va être extrait sur l'île
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"Le joyau de la Corse" : un gisement de plusieurs tonnes va être extrait sur l'île

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Une pierre aux teintes ocre, bleu et vert sera bientôt exploitée sur l'île de Beauté. La pierre de Brando est également appelée cipolin.

Un trésor va être extrait des entrailles de la Corse. Une pierre aux teintes ocre, bleu et vert, sillonnée par des veines semblables à celles du marbre sera bientôt exploitée sur l'île de Beauté. La pierre de Brando, également baptisée cipolin, est parfois surnommée par les riverains "le joyau de la Corse". Exploitée depuis le 12e siècle, cette pierre emblématique du Cap Corse est notamment utilisée pour le revêtement des sols, autant en intérieur qu'en extérieur. Il n'est pas rare, en arpentant le nord de l'île méditerranéenne, de voir certaines bâtisses ornées de cette curiosité géologique.

Malgré ses nuances chromatiques spectaculaires et sa robustesse face aux aléas climatiques, cela fait plusieurs années que les gisements de cette pierre sont abandonnés. Cependant, une ancienne carrière à ciel ouvert va de nouveau être exploitée d'ici quelques semaines. Le site d'extraction est niché sur la côte est du Cap Corse : il s'agit de la carrière de Petre Scritte. Cette exploitation, située dans la commune de Brando, était inactive depuis 2018. Or, le groupe Brandizi souhaite désormais y relancer l'activité.

Afin de justifier la réouverture de la carrière, le groupe Brandizi met en avant son intention de relancer la production de pierre de Brando sur l'île, symbole du patrimoine Corse. Avec cet argument, le groupe cherche à démontrer la raison impérative d'intérêt public majeur (RIIPM) de son projet. Sans ça, impossible d'obtenir les dérogations environnementales permettant la réouverture de la carrière. L'autorisation d'exploitation du site, accordée par le préfet de Haute-Corse, permet théoriquement l'extraction de 200 000 tonnes de matériaux par an. Toutefois, le groupe Brandizi estime qu'environ 190 000 tonnes au moins ne seront pas de la pierre de Brando mais bien de la roche et du gravier dédiés aux activités du BTP.

Constatant un important écart entre la forte production industrielle de matériaux et la faible production dite "patrimoniale" de pierre Brando, plusieurs riverains et conseillers municipaux s'opposent à la réouverture de la carrière. L'Association contre la carrière de Petre Scritte a déposé un recours devant le tribunal administratif de Bastia afin de contester l'arrêté préfectoral qui autorise la reprise de l'exploitation. Pour le collectif, la pierre de Brando sert uniquement d'alibi au groupe Brandizi pour justifier la réouverture de la carrière.

Les opposants au projet invoquent également des préoccupations environnementales liées à la remise en service de la carrière. A l'heure où le réchauffement climatique s'intensifie, ils déplorent l'utilisation d'importantes quantités d'eau par le groupe Brandizi pour l'exploitation de la carrière : arrosage des pistes, nettoyage des camions, etc. Une partie de cette eau risque, selon l'association, d'être puisée dans les ressources d'eau des communes avoisinantes, alors même que le Cap Corse est régulièrement soumis à des vagues de sècheresse plus prononcées que dans n'importe quelle autre zone de l'île.

Les opposants redoutent également la pollution générée par les nuages de poussières qui se dégageront de la carrière. Pour rappel, le site d'exploitation est situé sur la péninsule exposée au vent les plus forts de France métropolitaine, faisant ainsi craindre aux riverains un empoussièrement de la région.

Enfin, l'association contre la carrière de Petre Scritte redoute des nuisances sonores et une dégradation de la chaussée de la RD 80 qui sera empruntée par les camions et les engins nécessaires à l'exploitation de la carrière. Cette route littorale sinueuse étant le seul axe de communication entre Brando et Bastia.