Si vous achetez un meuble en brocante, regardez dessous – il peut révéler un trésor
Régulièrement, la presse fait écho de ces étonnantes histoires : un tableau inestimable retrouvé dans un grenier familial, des clichés d'un artiste de renom découverts par hasard ou un meuble rare déniché dans une brocante.
En janvier dernier, La Nouvelle République a révélé une nouvelle histoire invraisemblable qui pourrait arriver plus souvent qu'on ne le pense. Jean-François Marchais, négociant en antiquités dans la Vienne, flânait dans une boutique Emmaüs lorsqu'une table a attiré son attention. "Elle était pas mal, assez haute sur pied, un style Louis XVI, ovale", décrit-il. Séduit par ce meuble qui "sortait de l'ordinaire", il l'a négocié pour la modique somme de 30 euros, obtenant même une réduction de 5 euros sur le prix initial.
En rentrant chez lui, l'antiquaire retourne le meuble et fait une découverte qui va faire bondir sa valeur de 16 566,67%. Des estampilles abimées par le temps y sont inscrites : "GM", "MLR", "ML". Des sigles qui ne vous disent peut-être rien, mais qui révèlent que le bien appartenait à la couronne française, "GM" étant l'acronyme pour "Garde-meuble de la couronne royale".

Ces biens sont extrêmement prisés sur le marché de l'art. L'honnête antiquaire, lui, a décidé de redonner gratuitement la table au Mobilier national, institution héritière du Garde-meuble royal. "Je ne peux demander à quelqu'un de rembourser un objet qui lui a été volé", a-t-il déclaré à nos confrères, alors qu'il aurait pu revendre ce meuble jusqu'à 5 000 euros selon ses estimations.
Savoir repérer ces estampilles est essentiel pour espérer dénicher un trésor. Une grande quantité de meubles royaux serait en circulation aujourd'hui en France – difficile de savoir combien exactement, pendant la Révolution de nombreux biens disparaissent. En 1793, le château de Versailles est intégralement vidé. 17 000 lots sont alors vendus pour renflouer les caisses de l'Etat.
Depuis, l'Etat recherche ces biens et en rachète certains. Ce fut le cas en 2011, lorsqu'une table à écrire de Marie-Antoinette a été acquise pour 6,75 millions d'euros. Si vous trouvez un objet estampillé "GM" (Garde-meuble), il est conseillé de contacter le Mobilier national pour signaler votre découverte.
Ces estampilles et marquages sont essentiels pour authentifier un meuble ancien et déterminer sa valeur. L'estampille, devenue obligatoire à partir de 1743 sous Louis XV, est une signature en creux frappée sur le bois qui permet d'identifier l'ébéniste.
Il existe de très nombreuses estampilles différentes permettant d'identifier les créateurs ou propriétaires d'un meuble. Parmi les plus notables, on trouve les marques des grands ébénistes du XVIIIe siècle comme Jacques Dubois (marqué DUBOIS) ou Georges Jacob (marqué G · IACOB), ou les marques de château comme "F" pour Fontainebleau et "CP" pour Compiègne.
Ces précieuses indications ne sont pas toutes logées au même endroit. D'après le site spécialisé Meubliz, pour une table, elle est située sous le plateau ou sous la ceinture. Quant aux chaises et fauteuils, la marque est souvent centrée sous le bois de la ceinture d'assise, parfois sur l'intérieur des bras. Attention toutefois, car des faux circulent. Les artisans les plus célèbres étaient souvent copiés.