Quelle plateforme rémunère le mieux ses créateurs : YouTube ou Twitch ?

Quelle plateforme rémunère le mieux ses créateurs : YouTube ou Twitch ? Le niveau de revenus ne dépend pas uniquement des montants reversés par les plateformes mais de l'engagement des audiences et de la capacité du créateur à développer des partenariats en direct avec les marques.

Quelle plateforme rémunère le mieux ses créateurs : YouTube ou Twitch ? Quiconque essaye d'établir un comparatif entre les différentes lignes de revenus possibles  (abonnements, "dons", publicité ou merchandising…) n'aura pas de réponse univoque. Tout d'abord, les plateformes sont très peu bavardes sur les pourcentages effectivement reversés aux créateurs. Ensuite, les retombées réelles dépendent du type d'émission et de live (et de ses coûts de production), de son niveau d'audience et de la relation qui est nourrie avec les spectateurs.

Ces derniers, quand ils sont engagés et motivés, peuvent s'abonner aux chaînes et faire des achats ponctuels d'encouragements (qu'on assimile à des "dons"). Par ailleurs, la variété d'outils et de gadgets servant de sources de revenus complémentaires grâce aux achats ponctuels peut être considérable, si on y ajoute le merchandising. Alors comment s'y prendre malgré tout pour comparer les deux plateformes ?

"Il est devenu très compliqué d'émerger sur Twitch"

Pour Bastien Tardy, lead influence opérations chez Reech, YouTube est une plateforme reconnue comme offrant une meilleure rémunération aux créateurs, mais lorsqu'on s'intéresse au bénéfice réel, la différence est plus nuancée. "A profil de créateur équivalent, YouTube est plus rémunérateur. En revanche, ceux qui diffusent bien sur YouTube dépensent souvent beaucoup en production, ce qui n'est généralement pas le cas sur Twitch. Au final, le gain réel peut facilement être plus important sur Twitch car un live exige beaucoup moins de temps de préparation, de frais de production et aucune post-production." Sauf qu'il faut pouvoir devenir connu sur Twitch, où de surcroit les audiences sont beaucoup plus restreintes comparé à YouTube. "Sur Twitch, le nombre de spectateurs de la chaîne aura un impact direct sur la rémunération du créateur. Or, la difficulté c'est qu'il est devenu très compliqué d'émerger sur cette plateforme", explique Claire Sananikone, directrice du pôle média de Heaven.

Les différentes lignes de rémunération possibles sur chaque plateforme sont de plus en plus similaires : abonnements et dons des spectateurs, revenus publicitaires et merchandising. Les spectateurs qui s'abonnent aux chaînes se voient offrir des avantages exclusifs (comme, sur Twitch, le visionnage sans ou avec très peu de publicités et de streams exclusifs) tout en soutenant leurs créateurs. Twitch reverse 50% des revenus nets des abonnements aux partenaires (et a priori 30% aux affiliés). Ce taux pouvait avant monter jusqu'à 70% dans le cadre d'accords sur mesure signés avec les streamers les plus populaires, une pratique que la plateforme a déclaré publiquement l'automne dernier ne plus appliquer depuis près de deux ans. Sur YouTube, à en croire Claire Sananikone, le montant reversé serait de l'ordre de 70%.

Le plus des opérations spéciales et du sponsoring

Concernant les dons, il s'agit pour les utilisateurs de dépenser de l'argent pour encourager le streameur tout en se mettant en valeur en quelque sorte. Sur Twitch, on achète des bits pour envoyer aux streamers des encouragements ("cheers"), dont le prix varie en fonction de leur format et couleur. Chaque bit rapporte un centime de dollar au créateur. L'encouragement de base vaut 100 bits : il rapporte 0,94 euro au créateur et coûte aux spectateurs 1,32 euro environ. Sur YouTube, on achète des "super chats", "super stickers", etc. pour mettre en valeur son message dans les chats en direct. "Mais ces fonctionnalités ne sont pas encore très connues du grand public contrairement à Twitch où les dons sont fortement mis en avant par les créateurs et employés par les spectateurs", précise Claire Sananikone. Dans tous les cas le système du chat pendant le live encourage les dons.

Quant aux revenus publicitaires sur Twitch, la rémunération est calculée sur la base d'un CPM fixe réputé être autour de 3,50 dollars pour les pre-roll et mid-roll : donc plus il y aura des vues, meilleure sera la rémunération. De plus, depuis quelques mois, Twitch pousse un programme complémentaire de revenus publicitaires mensuels fixes "basé sur le partage de 55% des recettes nettes obtenues", selon la plateforme. Il s'agit du PAP, qui reste pour le moment optionnel. Pour y accéder, il faut diffuser un minimum de 40 heures par mois. Quant à YouTube, la plateforme déclare au Journal du Net reverser "plus de 50%" des revenus obtenus grâce à la monétisation publicitaire des chaînes. Par ailleurs, sur les deux plateformes, il est également possible de faire du merchandising pour sa propre chaîne. Enfin, sur YouTube, des recettes sont également reversées si un abonné YouTube Premium regarde la chaîne. Aucun chiffre ne nous est en revanche donnée sur ce type de rémunération.

Rappelons au passage que les créateurs peuvent bien, voire très bien, gagner leur vie avec des opérations spéciales et du sponsoring pour les marques aussi bien sur Twitch que sur YouTube, mais à condition d'être populaires ou d'avoir été repérés par les agences en tant qu'influenceurs. Dans ces cas, les négociations se font en direct, sans l'intermédiation des plateformes. A noter également que les créateurs sont généralement présents partout et Twitch ne déroge pas à cette règle. "Un créateur qui veut optimiser ses revenus fera ses streams sur Twitch puis il ira sur YouTube pour diffuser le replay de ses lives, sans oublier TikTok où il postera des vidéos courtes avec les meilleurs moments du live. Sur un même contenu Twitch, il pourra être payé par les trois plateformes à la fois et les marques", conclut Bastien Tardy.

Partenaire YouTube vs affilié Twitch

Pour être admis au Programme Partenaire de YouTube (qui intègre maintenant le format Shorts pour concurrencer TikTok), la chaîne doit disposer de 1 000 abonnés avec 4 000 heures de visionnage valides sur des vidéos publiques au cours des 12 derniers mois ou avec 10 millions de vues valides de Shorts publics au cours des 90 derniers jours. Sur Twitch, si l'accès au rang de partenaire est plus difficile et étudié au cas par cas en fonction à la fois du contenu proposé, de la moyenne de spectateurs simultanés (indicateur clé dans cette plateforme) et de la fréquence des streams, devenir affilié, première étape pour toucher des revenus, ne semble pas mission impossible. Selon les informations données par la plateforme il faut disposer d'au moins 500 minutes et 7 jours uniques de diffusion au cours des 30 derniers jours, 3 spectateurs simultanés en moyenne et d'au moins 50 abonnés.