L'IA au One to One : beaucoup d'interrogations, pas assez de vision
Clap de fin pour le salon One to One retail e-commerce ce 14 mars. Et quel tombé de rideau ! L'intervention d'Asma Mhalla, universitaire spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la tech, a, chose rare, été saluée par les applaudissements et les "bravo" dans l'amphithéâtre du Grimaldi Forum. Dans l'assemblée, une jeune femme s'enthousiasme : "C'est l'intervention la plus intéressante que j'ai entendue depuis dix ans". Les raisons de ce succès ? Asma Mhalla a offert une vision aux retailers venus chercher des réponses à la grande interrogation qu'est l'IA générative.
La quête du graal
Le One to One s'ouvrait trois jours plus tôt sur le thème : "Sous pression, un e-commerce créatif et exigeant". Alors, effectivement pressés par l'IA générative, les e-commerçants ont envoyé leurs collaborateurs pour trouver des cas d'usage pertinents. "Aujourd'hui, si une société ne fait pas d'IA, ça va interroger les actionnaires", confirme l'associé d'une solution marketing. Mais difficile de s'y retrouver quand le terme "IA" est brandi à tout-va pour vendre des solutions. "Je vois des acteurs qui sont en surcouche d'un OpenAI et qui n'apportent que très peu de valeur ajoutée, témoigne le directeur technologie et produit d'une grande marketplace. Autant travailler directement avec OpenAI plutôt que d'acheter une solution intermédiaire."
Dans un contexte de décroissance, beaucoup, encore frileux, sont venus écouter les retours des premières intégrations de l'IA générative. Cdiscount est, par exemple, revenu sur les résultats de la recatégorisation du catalogue produits grâce à l'IA générative, Leboncoin a également témoigné sur la personnalisation de l'expérience client. Mais même eux se sont montrés prudents, prévenant ne pas avoir "de boule de cristal", que la phase de test était toujours d'actualité.
Une prudence, voire un manque d'ambition en l'absence de géants français, que l'on s'autorisera à regretter, même en face d'un sujet aussi vertigineux que l'IA générative. Car les innovations et les tests présentés lors de l'événement ont été aussi nombreux que le manque de vision a été criant. On le sait, l'IA va tout bouleverser. Elle s'immiscera dans tous les métiers, tous les process, changera toutes les habitudes. L'heure des tests n'est certainement pas révolue, mais sont-ils suffisants s'ils ne s'inscrivent pas dans une vision de long terme ?
"Quand les idées foisonnent sans être fléchées, c'est ce qu'on appelle du bordel", répond Asma Mhalla, à l'évocation de la position politique et industrielle de la France sur l'IA. Pour l'universitaire, "si on demande à un Français où en est technologiquement la France dans 40 ans, il ne sait pas répondre. Un Américain, un Chinois ou un Russe, lui, saura." Et les retailers ?