Crise du Bio : une crise de modèle économique

Rendre la main aux producteurs, c'est leur donner les moyens d'agir avec (ou contre) des circuits de distribution de taille démesurée. Et si on commençait par la maîtrise des flux financiers ?

Les difficultés de la filière agricole biologique : un modèle économique en crise

La filière agricole biologique, autrefois perçue comme une solution durable et prometteuse face aux défis écologiques et sanitaires de l'agriculture conventionnelle, traverse aujourd’hui une période de turbulences. Derrière l'engouement médiatique et la demande croissante des consommateurs pour des produits sains et respectueux de l'environnement, se cachent des réalités économiques et structurelles qui mettent en péril la viabilité du secteur. Ces difficultés, essentiellement liées à la fragilité de son modèle économique, soulignent les tensions entre l'idéal agroécologique et les contraintes du marché.

Une demande en berne et une concurrence accrue

Si les années 2010 ont marqué l'explosion de la consommation des produits bio en France, cette tendance semble aujourd’hui en recul. Après une croissance annuelle à deux chiffres, la consommation de produits biologiques a stagné voire régressé depuis 2020. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : d’une part, la crise sanitaire et économique liée au Covid-19 a fragilisé le pouvoir d'achat des ménages, les incitant à revoir leurs priorités en matière de consommation. Le bio, souvent perçu comme plus coûteux, n’échappe pas à cette rationalisation des dépenses. D'autre part, la multiplication des labels "verts" et des démarches éco-responsables, telles que le "zéro résidu de pesticides" ou l’agriculture raisonnée, vient brouiller le message des producteurs biologiques. Face à cette concurrence croissante, le bio perd peu à peu sa place de choix dans le panier des consommateurs.

Des coûts de production élevés

Le modèle économique du bio repose sur des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, mais aussi beaucoup plus exigeantes en termes de main-d'œuvre et de gestion des intrants. Les rendements sont généralement inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle, et les producteurs doivent faire face à des coûts plus élevés, qu’il s’agisse de la rotation des cultures, de la gestion des sols ou du recours à des techniques alternatives pour protéger les cultures. Ces surcoûts sont souvent difficilement répercutables sur les prix de vente, surtout dans un contexte de pression concurrentielle accrue. De plus, la volatilité des marchés agricoles et la spéculation sur les matières premières bio aggravent cette situation.

Une distribution concentrée par la grande distribution

L'autre paradoxe auquel est confrontée la filière bio est lié à la distribution. Alors que le bio s’est d’abord développé dans des circuits courts, portés par des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) et des coopératives, la grande distribution s’est rapidement emparée de ce marché en pleine expansion. Aujourd’hui, la majorité des ventes de produits biologiques se fait dans les supermarchés, avec pour conséquence une standardisation des prix et une pression à la baisse pour les producteurs. Ces derniers se retrouvent pris en tenaille entre des consommateurs désireux de prix abordables et des distributeurs imposant des marges de négociation qui réduisent drastiquement leur revenu. Cette situation fragilise particulièrement les petites exploitations, qui peinent à trouver des débouchés rentables hors des circuits traditionnels.

La sur-concentration n’est jamais une situation confortable : les récentes décisions unilatérales de Lactalis vis-à-vis de la filière laitière le démontrent !

L'enjeu de la maîtrise financière des exploitations, par les exploitants

Offrir une solution complète de contrôle financier de leur exploitation permet aux agriculteurs de maîtriser leur situation économique et d’optimiser leur activité. Cette maîtrise financière leur permet non seulement de sécuriser la viabilité de leurs exploitations, mais aussi de s’engager plus sereinement dans la transition vers des pratiques agricoles plus durables, comme l’agriculture biologique. 

En l’absence de cette visibilité, il est difficile, voire impossible, de prendre des décisions éclairées pour l’avenir de l’exploitation et de la planète.

Les manifestations d’agriculteurs en début d’année 2024 ont rappelé la précarité de leur situation. Les revendications en faveur d’une meilleure rémunération et d’une plus grande reconnaissance de leur travail sont toujours d’actualité. Il est indispensable de leur donner les moyens de vivre dignement de leur métier, tout en leur permettant de relever les défis environnementaux qui s’imposent.

Repenser le modèle économique du bio

S’il apparaît urgent de repenser le modèle économique de la filière agricole biologique, cette mutation ne pourra se faire qu’avec les premiers concernés : les exploitants agricoles ! Pour que cela advienne, il est plus que temps de donner des outils de gestion précis et temps réel à cette filière fondamentale pour nos sociétés.