Droits de douane aux États-Unis : une opportunité pour structurer le commerce chinois en Europe
La nouvelle taxe américaine sur les importations chinoises pousse les entreprises de l'Empire du Milieu à chercher de nouveaux débouchés.
Plutôt que d’y voir une menace, l’Europe ne pourrait-elle pas transformer cette dynamique en un levier économique ?
Un afflux croissant de marchandises chinoises en Europe
Depuis le 4 mars 2025, les États-Unis appliquent une taxe de 20 % sur les importations chinoises, après un premier relèvement de 10% appliqué début février. Face à cette barrière, de nombreuses entreprises chinoises réorientent leurs flux vers d’autres marchés et notamment vers l’Europe.
Mais cette réorientation intervient alors que l’Union européenne fait déjà face à une explosion des importations chinoises. Chaque jour, 12 millions de colis en provenance de Chine entrent sur le territoire européen, soit 4,6 milliards sur l’année 2024. La grande majorité de ces colis proviennent de plateformes comme Shein, Temu et AliExpress, qui expédient directement depuis la Chine grâce à une faille réglementaire : l’exonération de TVA et de droits de douane pour les colis de moins de 150 €.
Accepter ces acteurs pour mieux les encadrer
L’Europe peut-elle continuer à absorber cette croissance sans adaptation réglementaire ? Plusieurs mesures sont déjà en discussion :
- Fin de l’exonération douanière pour les colis de moins de 150 €, afin de garantir un cadre fiscal équitable.
- Création d’une autorité douanière européenne pour centraliser les contrôles.
- Renforcement de la surveillance des plateformes chinoises, à l’image de l’enquête en cours sur Shein.
Mais au-delà de ces mesures, un autre enjeu se profile : plutôt que de subir cette mutation, l’Europe doit attirer et encadrer ces acteurs. Temu a déjà amorcé ce virage, en ouvrant des entrepôts à Rotterdam et Francfort, et récemment en France une première étape vers une implantation plus large.
Structurer un cadre économique bénéfique à tous
Encourager l’implantation de ces entreprises en Europe pourrait permettre de :
- Renforcer le contrôle des produits en imposant des normes de conformité plus strictes.
- Équilibrer la fiscalité en rendant la TVA et les droits de douane incontournables.
- Créer des emplois locaux dans la logistique et la distribution.
Ce choix permettrait à l’Europe de passer d’un statut de marché passif à celui de régulateur actif, fixant ses propres standards plutôt que de subir les décisions extérieures.
Un tournant à ne pas manquer
L’expansion des plateformes chinoises en Europe est inévitable. La vraie question est de savoir si l’Europe choisira de structurer leur présence en imposant ses propres règles, ou si elle continuera à subir un système qui échappe encore largement à son contrôle. L’heure n’est plus au constat mais à l’action.