À Angers, 50 000 capteurs et 178 millions d'euros pour la smart city

À Angers, 50 000 capteurs et 178 millions d'euros pour la smart city Angers Loire Métropole a noué on contrat sur douze ans avec un consortium mené par Engie. Objectifs : économiser 101 millions d'euros sur 25 ans et développer de nouveaux services.

Après Dijon, c'est au tour d'Angers de se lancer dans un vaste projet smart city à l'échelle de toute sa métropole. Rencontrés au salon Smart City Expo de Barcelone, la communauté urbaine et ses prestataires ont détaillé au JDN leurs ambitions pour cet énorme marché de 178 millions d'euros sur douze ans. Neufs compétences de la métropole sont concernées : éclairage, eau, déchets, arrosage, stationnement, mobilité, santé, consommation des bâtiments publics et vidéosurveillance. Le tout relié à un hyperviseur, sorte de centre de contrôle qui doit permettre de mutualiser en partie la supervision de ces compétences, même si les postes de contrôle de ces différentes entités continueront d'exister.

L'appel d'offres a été remporté par un consortium mené par Engie Ineo, aux côtés de Suez, La Poste et du groupe mutualiste VYV. En plus d'être l'interlocuteur exclusif d'Angers sur ce projet, Engie s'occupera de l'éclairage public, de la vidéosurveillance ainsi que de la plateforme d'hypervision. A Suez la gestion de l'eau, de l'arrosage et des déchets. La Poste (via sa filiale Docaposte) se chargera de stocker les données de ces services et doit aussi plancher sur des problématiques de logistique de dernier kilomètre pas encore déterminées. Enfin, le mutualiste VYV mettra à disposition des citoyens une plateforme de gestion des données de prévention santé (pollution de l'air, îlots de chaleur etc.)

60% d'économies d'énergie

Sur ces douze ans, environ 50 000 capteurs seront installés dans la métropole angevine, tandis que 30 000 lampadaires passeront en Led. 10 000 mâts et 5 000 armoires électriques seront également connectés, afin de permettre un pilotage plus fin de l'éclairage sur certains lampadaires ou à l'échelle d'un quartier.

"C'est avant tout un marché global de performance", précise Constance Nebbula, conseillère déléguée à l'innovation d'Angers Loire Métropole. Il s'agit donc de réaliser des économies en diminuant les consommations et en optimisant l'organisation. 66% d'économies d'énergie, 20% de réduction de la consommation des bâtiments, un arrosage 30% moins gourmand en eau, optimisation de la collecte des déchets, réduction du nombre d'opérations de maintenance grâce aux capteurs… De quoi économiser 101 millions d'euros sur 25 ans, affirme Angers. A titre de comparaison, le budget de fonctionnement de la collectivité en 2019 est de 227 millions d'euros. Ces 25 ans retenus pour calculer les économies, au lieu des douze de la durée du marché, sont justifiés par l'éclairage intelligent particulièrement cher à mettre en place et long à rentabiliser, précise Constance Nebbula.

Les entreprises du groupement se sont engagées à tenir ces objectifs de réductions, sans quoi des pénalités financières leur seront infligées. Des bonus pécuniaires sont aussi prévus en cas de dépassement d'objectifs. Ce volet d'optimisation est principalement contenu dans une "tranche ferme", c'est à-dire les éléments qui devaient figurer obligatoirement dans les réponses des entreprises à l'appel d'offres, d'un montant de 121 millions d'euros sur 178. Auxquels s'ajoute une tranche optionnelle de 22 millions, sur laquelle les entreprises ont formulé des propositions additionnelles pas exprimées par la collectivité, notamment sur les mobilités et une partie des questions de stationnement. 35 millions seront également dédiés à des projets de nouveaux services qui seront définis l'année prochaine lors de consultations avec les citoyens et le tissu local.  

Garder le contrôle

Comme avec Dijon, les villes qui se lancent dans ce genre de projets d'ensemble prennent toujours le risque de ne plus savoir gérer leurs services publics ou d'avoir du mal à changer de prestataire après plus d'une décennie de délégation. Angers assure avoir davantage limité le rôle des entreprises qu'à Dijon, avec un modèle dans lequel les entreprises sont principalement chargées de mettre en place l'infrastructure, de lui apprendre à utiliser les outils de pilotage, puis d'assurer des opérations de maintenance et de mise à jour. "Sur l'eau et l'assainissement, les entreprises disposent de quatre ans avant que l'exploitation nous revienne", assure Constance Nebbula. "Pour ce qui est de l'hyperviseur, nous nous donnons un maximum de deux ans pour en avoir le plein contrôle". Quelques briques resteront cependant pleinement gérées par le privé, notamment la signalisation et l'éclairage intelligent.

A présent, Angers doit finaliser son contrat avec le groupement d'Engie, ce qui devrait prendre deux à trois mois, et permettre de démarrer les premiers déploiements début 2020. Priorités pour commencer : l'éclairage public et la pose de 4 000 lampadaires led sur les douze premiers mois. Restera à consulter les habitants pour développer de nouveaux services.