Stéphane Gervais (Lacroix Group) "Une smart city peut avoir une cinquantaine de types de capteurs"
Stéphane Gervais, vice-président exécutif en innovation stratégique du groupe Lacroix, équipementier spécialiste de l'IIoT, revient sur les évolutions observées auprès des smart cities.
JDN. Le groupe Lacroix a présenté à Nantes lors de l'exposition "Souriez, vous êtes captés" les principaux capteurs de la smart city. De combien de types d'appareils une ville peut-elle être équipée ?
Stéphane Gervais. Dans une smart city, il peut y avoir une cinquantaine de types de capteurs, qui vont de la relève de la température pour analyser des paramètres environnementaux au détecteur de présence de véhicule pour les places de stationnement. Rien que pour la mesure de la pollution, il existe cinq à dix devices différents, pour l'oxyde d'azote, le dioxyde, les particules fines ou encore les UV. Une quinzaine de modèles servent à la voirie, une dizaine pour la mobilité, entre les caméras, les radars, les capteurs infrarouges ou magnétiques, etc. Et ce nombre ne va faire qu'augmenter car les collectivités veulent avoir une meilleure compréhension de ce qui se passe sur leur territoire et c'est la fusion des données de capteurs variés qui permettent d'avoir cette vision.
Quelle est la stratégie des villes en matières d'IoT ?
Il y a eu une évolution ces dernières années. Au début, les villes voulaient installer une multitude de capteurs sur tout leur territoire pour récolter de la donnée et voir ce qu'elles pouvaient en tirer. Ça a été le cas de Nice à une époque par exemple. Aujourd'hui, elles se focalisent sur un usage précis à améliorer, comme leur réseaux d'eau, et les POC se limitent à l'échelle d'un quartier. Elles oublient la technologie pour se focaliser sur la vie des citoyens. Ainsi, avec Rennes, nous sommes en train de mener une expérimentation sur des caméras embarquant de l'IA afin d'analyser la voirie. L'objectif est d'en connaître les usages pour modifier les contrôleurs de feux dans l'optique de prioriser la mobilité douce. Les villes sont aujourd'hui plus sensibles à la qualité de vie des citoyens et se veulent durables.
"Un nouvel enjeu est apparu avec le coronavirus, celui d'éliminer les contacts physiques avec le matériel"
Observez-vous des évolutions depuis le début de la crise sanitaire ?
Un nouvel enjeu est apparu avec le coronavirus, celui d'éliminer les contacts physiques avec le matériel. Nous avons des demandes pour automatiser des procédures et favoriser un contrôle par la voix, plutôt que par une action manuelle. Autre tendance durable que l'on observe : la qualité de l'air. Au-delà de la mesure de ce paramètre, les villes veulent désormais être proactives sur ce sujet. Nous travaillons avec elles sur la manière de contrôler et d'éliminer les pics de pollution. Ça passe par une régulation de la mobilité carbonée, notamment avec des contrôleurs de feu. On sent que l'innovation est devenue clé pour faire différemment et mieux. Cependant, la crise a mené à une perte de visibilité à long-terme, ce qui porte un coup aux projets IoT ambitieux.
De votre côté, quel est le principal chantier que vous menez dans l'IoT chez le groupe Lacroix ?
L'edge IA a un potentiel clé pour nous. Nos équipements sont connectés pour remonter de l'information, mais ils seront encore plus efficaces si cette information est directement traitée. Nous menons différentes expérimentations sur ce sujet pour voir le potentiel et les limites de la technologie, ainsi que la manière de l'industrialiser efficacement. Cela va prendre du temps car nous voulons nous assurer de sa maturité.
Titulaire d'un doctorat en électronique de l'Université de Bordeaux (France) et d'un MBA de l'Université de Newcastle, en Australie, Stéphane Gervais a plus de 25 ans d'expérience dans le secteur des hautes technologies en marketing international, gestion de projets et conception de produits. Il a travaillé pour des sociétés multinationales en Europe et en Asie. Stéphane Gervais occupe actuellement le poste de vice-président exécutif en innovation stratégique au sein du groupe Lacroix. Parmi ses sujets de prédilection figurent l'Internet des objets industriels (IIoT), les nouvelles technologies, l'électronique, la mobilité intelligente et la ville intelligente.