Comment la ville de Paris teste les aires de livraison connectées

Comment la ville de Paris teste les aires de livraison connectées Depuis le 24 septembre, le quatrième arrondissement de la capitale est le lieu d'une expérimentation visant à fluidifier les opérations logistiques grâce à l'installation d'aires de livraisons connectées.

Dans une capitale aussi dense que Paris, la logistique urbaine est une préoccupation de premier ordre. Raison pour laquelle la Ville de Paris a postulé à un appel à manifestation d'intérêt fret et logistique de la Région Ile-de-France. Elle a ainsi reçu une subvention destinée à cofinancer à 50% une expérimentation, en l'occurrence celle des aires de livraisons connectées dans le 4e arrondissement. Cette opération démarrée le 24 septembre et qui durera un an, estimée à 500 000 euros, est également financée par la mairie d'arrondissement. "Notre volonté est de rééquilibrer l'espace public en réduisant le nombre de places de stationnement sans supprimer les places de livraison car la vie commerciale est importante. Mais nous devons mieux connaître leur fonctionnement", explique le socialiste Ariel Weil, maire de Paris Centre (regroupement des quatre premiers arrondissements de Paris). Le but : connaître l'usage des places de livraison par les logisticiens et récolter certaines informations comme la durée et l'heure de stationnement ou encore le type de véhicule. 

Pour récolter le maximum de data, les start-up Parking Map et Parkunload ont rejoint le projet. En tant qu'agrégateur de données pour la mobilité, Parking Map met au point des applications pour mieux comprendre les flux de stationnement et de mobilité en ville. "En plus de contrôler et superviser les stationnements en temps réel, nous proposons  des applications destinées aux collectivités locales", complète Christophe Plouviez, président et CEO de Parking Map. La solution est déjà déployée dans le 13e arrondissement de Paris mais aussi sur 1 600 places de stationnement à Soissons.

Recueillir la bonne donnée

Grâce à sa variété de capteurs, au sol ou par analyse visuel comme dans le 4e arrondissement de Paris, la start-up est capable de fournir diverses statistiques et de rejouer les mouvements des véhicules pour analyser l'évolution d'un flux sur une place de stationnement. Les capteurs enregistrent et analysent une image toutes les deux secondes avant d'envoyer la trame analysée. "Le capteur nous fait part d'un état de ce qu'on lui demande d'observer en fonction du paramétrage. L'objectif étant de choisir le bon capteur, au bon endroit dans la bonne configuration pour recueillir la bonne donnée", souligne le président de Parking Map. 
Dans le 4e arrondissement parisien, les capteurs de Parking Map serviront à cerner les enjeux des logisticiens et à faire respecter le stationnement d'une heure sur les 133 places (sur 168) supervisées par les agents de police. "A Paris, on peut imaginer par exemple des stations de livraison adaptées pour des gros chargeurs et d'autres dédiées aux véhicules moins imposants pour le dernier kilomètre", suggère Christophe Plouviez, ajoutant que 75% des places de livraison sont inadaptées en matière de taille et d'occupation. Conséquence, le livreur opte généralement pour la double file.

L'expérimentation mobilise actuellement une quinzaine de logisticiens volontaires qui disposent d'une application mobile développée par Parking Map pour s'auto-déclarer et ainsi accéder aux places disponibles. Le maire de Paris Centre y voit par ailleurs de nombreux avantages. "Ce système existe pour les Vélib mais pas pour les zones de livraison. Or, cela permet de faciliter le travail des livreurs qui peuvent stationner plus rapidement, réduire leurs émissions de CO2 et raccourcir leur temps de stationnement en se garant au plus près de leur destination. Et en déclarant leur stationnement sur l'application de Parking Map, cela les dispense d'horodateur". En plus d'être un moyen de réservation de place, la technologie pourrait aussi être utilisée pour réguler et contrôler les mouvements des livreurs sur leurs places de stationnement au sein de la future zone à trafic limité (ZTL) souhaitée par la Ville de Paris.

Cette zone prévoit, à partir du second semestre 20202, de réduire le trafic urbain dans les quatre premiers arrondissements de Paris ainsi que dans les 5e, 6e et 7e arrondissements. En attendant de savoir si l'expérimentation des aires de livraisons connectées sera pérennisée, la Ville de Paris s'est associée à un bureau d'études indépendant chargé d'effectuer un diagnostic continu à six mois puis à un an. "Ce projet doit améliorer les flux logistiques dans le 4e arrondissement mais pourquoi pas, à terme, dans toute la capitale, conclut Ariel Weil. A nous de repenser les zones de livraison afin de les rendre plus efficaces."