France : terre d’accueil du Cloud Computing

La France a des atouts qui lui permettront peut-être de faire naître des champions du Cloud Computing. Le Cloud Computing est principalement américain aujourd’hui. Les leaders de ce marché naissant sont outre-Atlantique. Or c’est probablement l’avenir de l’informatique : consommation de ressources à l’usage, à distance.

Les particuliers et les entreprises sont en train de migrer leurs données dans le cloud. Cette révolution de l’informatique se fera-t-elle au détriment des entreprises françaises ou européennes ? Pas si sûr.

L’énergie

L’énergie électrique est la seule variable du Cloud Computing. Les infrastructures techniques et informatiques sont fixes, elles représentent de l’investissement que les hébergeurs vont mutualiser et mettre à disposition de leurs clients.
L’ingénierie logicielle et la bonne gestion des ressources permettront d’optimiser ces coûts. Il reste que ce sont des coûts fixes, même si l’investissement sera lissé grâce à la modularité des datacenters et des équipements.
La seule différence entre un pic de consommation informatique et un creux, c’est la consommation d’électricité. Elle est utilisée pour alimenter les ordinateurs, et pour les refroidir. Or la France dispose d’un coût de l’électricité plutôt bas, grâce au parc nucléaire. Avoir leurs datacenters en France donne donc un avantage structurant pour les hébergeurs.

Le climat

L’énergie utilisée pour faire fonctionner les ordinateurs est transformée en chaleur par l’effet Joule. L’évacuation de cette chaleur est une des tâches les plus coûteuses pour les exploitants de datacenters. Il est moins efficace d’implanter un datacenter en Californie qu’au centre de la France, toutes choses égales par ailleurs. Le climat tempéré de la France permet d’éviter des étés trop chauds et trop consommateurs en climatisation.
En particulier, le climat tempéré est idéal pour le refroidissement des datacenters par l’air ambiant, « free cooling » qui est très efficace énergétiquement.

La fibre optique

Même s’il reste du travail pour fibrer toute la France, notre pays a déjà un grand nombre d’infrastructures optiques. Les réseaux de transport longue distance, datant de la « bulle Internet », début des années 2000, traversent tous la France. De nombreux opérateurs ont installé des réseaux de collecte entre les grandes villes. Les collectivités ont investi dans des dorsales optiques horizontales depuis 2005.
Les départements se dotent de schémas d’aménagement numérique. L’implantation de datacenters de Cloud Computing est d’ores et déjà possible dans la plupart des villes de France.

Les ingénieurs et techniciens

Pas de Cloud Computing sans toute une série de corps de métier : bureaux d’études en ingénierie, concepteurs de datacenters, exploitants de centres informatiques, administrateurs systèmes, ingénieurs et techniciens réseaux, techniciens de fibre optique, chefs de projets informatiques, techniciens de support clients, d’infogérance, éditeurs de logiciels, développeurs …
La France dispose de filières d’enseignement reconnues, et de techniciens ou d’ingénieurs parmi les meilleurs du monde. On peut regretter qu’il n’y ait pas assez d’étudiants dans ces filières par rapport au nombre de postes à pourvoir aujourd’hui et demain. Mais la situation de notre pays est un atout considérable.

La volonté politique

L’état a jugé que le Cloud Computing était un « investissement d’avenir », et aide le secteur grâce à la création de nouvelles entreprises publiques/privées, ou l’aide à des projets de recherche. C’est un double défi : ne pas passer à côté de cette révolution industrielle, et faire en sorte que les données des entreprises françaises ne se délocalisent pas.
Nous espérons que cette volonté publique permettra d’aider à construire une filière structurée autour de PME dynamiques et de grands groupes puissants.
La France a une carte à jouer dans le Cloud Computing. D’ores et déjà, certaines PME se démarquent par des offres innovantes. L’offre des leaders du marché est avancée, mais nous prenons le pari que cette avance ne sera pas déterminante. Aux hébergeurs français de relever ce défi.