Paul Cormier (Red Hat) "Le cloud hybride est la seule voie pour déployer des services IT"

A l'occasion de sa venue en France, le président des produits et technologies de Red Hat a accordé une interview exclusive au JDN. Au programme : stratégie OpenStack et positionnement concurrentiel.

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Paul Cormier est Président Produits et Technologies de Red Hat. © Red Hat

JDN. Quels sont les axes clés de votre stratégie OpenStack ?

Paul Cormier. Ce que nous proposons aujourd'hui avec Red Hat Cloud Infrastructure, c'est une solution complète pour déployer, configurer et superviser les services cloud privés et publics. Elle inclut notre produit de stockage cloud Gluster et le plus important, c'est qu'elle propose des fonctions de management que nous sommes les seuls à couvrir.

C'est-à-dire ? 

Aucun autre acteur n'a de fonction de management pour OpenStack. Ailleurs, tout passe par des lignes de commande ou des API pour installer, déployer et gérer les clouds. Nous allons aller plus loin en annonçant en décembre des fonctions d'automatisation de management, et une autre évolution majeure au printemps prochain. Aujourd'hui nous sommes donc suffisamment matures sur OpenStack pour proposer aux entreprises d'adopter une plateforme stable.

Parmi vos clients, lesquels sont intéressés ou testent actuellement votre offre OpenStack ?

Il y a actuellement des proof of concept qui sont menés dans les banques, les télécoms et la pharmacie mais je n'ai pas l'autorisation d'en dire plus.   

Forrester disait il n'y a pas si longtemps que vous étiez trop centré sur l'OS et pas assez sur le stockage et le réseau. Que répondez-vous à cela ? 

Ce n'est pas vrai du tout. Linux est le cœur d'OpenStack. Nous proposons un middleware, un moteur de règles, du cache de données... Tout cela tourne toujours sur Linux. Pour nous, la combinaison de notre distribution Linux à OpenSatck est donc une vraie opportunité en vue de répondre aux besoins en matière de stockage, réseau, management, virtualisation, middleware...

Sur quels partenaires clés allez-vous vous appuyer en Europe pour développer votre offre OpenStack ?

Nous allons nous appuyons sur notre réseau traditionnel et quelques nouveaux partenaires. En France, nous avons noué un accord avec le fournisseur de PaaS e-Novance mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment.  

Pensez-vous que le cloud hybride soit la prochaine étape du cloud pour les entreprises ?

Le cloud hybride est la seule voie pour déployer des services informatiques. Certaines personnes pensent qu'il suffit d'appuyer sur le bon bouton pour avoir du cloud, mais cela ne marche pas comme ça. Les entreprises ont des solutions traditionnelles de virtualisation comme VMware ou Microsoft Hyper V, mais seul l'open source permet de ne pas avoir de chaînes aux pieds tout en amenant plus d'innovation. 

"OpenStack avec Linux constitue la nouvelle génération de système d'exploitation cloud"

Dell, HP, IBM mais également SuSe ou Ubuntu ont lancé leurs offres OpenStack. Pensez-vous qu'elles soient bien placées pour vous faire de l'ombre ?

Je considère SuSE comme un concurrent, mais je ne crois pas que sur OpenStack ils aient une place aussi importante que nous sur le marché des entreprises. Quant à Ubuntu, c'est un projet. Cette distribution n'est pas tournée comme nous le sommes vers le marché des solutions commerciales OpenStack. Ensuite, il faut voir que nous sommes le premier contributeur d'OpenStack. Nous travaillons dessus depuis plus de deux ans.

Mais il y a aussi des acteurs comme Piston, Nebula, Cloudscaling, Meta Cloud... Vous ne les considérez pas comme des concurrents directs ?

Ces entreprises doivent d'abord faire ce que nous avons fait il y a 10 ans. Elles ne sont pas en retard sur la technologie OpenStack en tant que telle, mais elles ne sont pas aussi mâtures que nous sur la pile Linux. Ce qui est indispensable pour accompagner un déploiement OpenStack.

Jusqu'à présent votre activité était axée en priorité sur Linux. A partir de maintenant, prévoyez-vous de vous orienter vers OpenStack ? 

Nos clients bougent vers le cloud. OpenSatck avec Linux constitue la nouvelle génération de système d'exploitation cloud. Mais notre fondation est et reste bien Linux.

Linux et OpenStack sont intimement liés. Quand nous avons commencé à proposer Linux en version commerciale, beaucoup disaient que cet OS n'était pas prêt et sécurisé pour un usage en entreprises. Dans les 10 années qui ont suivi, l'innovation a été tirée par Linux et l'open source. Je perçois donc OpenStack comme la prochaine évolution de Linux. OpenStack a vocation de se démocratiser autant que Linux aujourd'hui.

Vous réalisez aujourd'hui 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires avec Linux. Quelles sont vos perspectives financières avec OpenStack ?

Le marché Linux dans son ensemble pèse 8 milliards de dollars. L'open source a maintenant atteint toutes les sphères de l'informatique, et représente 50 milliards de dollars. Nous avons aujourd'hui une offre qui couvre le stockage open source, la virtualisation, le management de clouds, une suite middleware... Nous adressons donc non plus seulement le marché Linux de 8 milliards, mais celui de l'open source de 50 milliards.


Paul Cormier est Président Produits et Technologies chez Red Hat. Il a rejoint Red Hat en mai 2001 en qualité de vice-président directeur de la division Ingénierie. Auparavant, il a occupé le poste de vice-président directeur de la R&D chez BindView. Paul Cormier est titulaire d'un master en gestion et développement de logiciels du Rochester Institute of Technology.