Tout ce que vous aimeriez savoir sur le cloud [2/2]

Quels sont les différents types de cloud, les cas d'usage, les applications grand public, les acteurs et les enjeux économiques ? Le point.

Quels sont les usages du cloud et les applications grand public ?

La frontière de démarquage entre l'informatique locale et l'informatique en nuage est parfois très floue. En effet, le cloud fait partie de presque tout ce que nous entreprenons sur nos ordinateurs actuellement. Vous pouvez disposer d'un logiciel local (par exemple, Microsoft Office) qui utilise une forme de cloud computing pour le stockage (Microsoft OneDrive). Cela dit, Microsoft propose également un ensemble d'applications web, Office Online, qui sont des versions internet uniquement de Word, Excel, PowerPoint et OneNote accessibles via votre navigateur web sans rien installer. Cela en fait une version du cloud computing (web-based=cloud).

Parmi les solutions les plus connues actuellement de services cloud à usage personnel que vous utilisez probablement on trouve notamment :

  • Google Drive : lancé par Google en 2012, c’est un pur service informatique en nuage, avec tout le stockage disponible en ligne pour qu'il puisse fonctionner avec les applications en nuage : Google Docs, Google Sheets et Google Slides.  Il permet aux utilisateurs de stocker, partager, modifier et visualiser différents types de fichiers, et de les synchroniser à distance avec des terminaux fixes (PC, Mac) ou mobiles (iPad ou les smartphones). En fait, la plupart des services de Google pourraient être considérés comme du cloud computing : Gmail, Google Agenda, Google Maps, etc.
  • Apple iCloud : édité par Apple, ce service cloud gratuit et extensible est principalement utilisé pour le stockage, la sauvegarde et la synchronisation en ligne de vos messages, contacts, calendriers, etc. Toutes les données dont vous avez besoin sont à votre disposition sur votre appareil iOS, Mac OS ou Windows. Apple propose des versions en nuage de son traitement de texte (Pages), son tableur (Numbers) et ses présentations (Keynote) à l'usage de tout abonné iCloud. Les contenus présents sur un compte iCloud sont automatiquement transférés sur tous les terminaux reliés à ce compte. Les données sont téléchargées et synchronisés sur chacun de ces terminaux et sont accessibles hors ligne une fois le transfert effectué.
  • - Amazon Drive : chez le grand retailer, le stockage concerne principalement la musique, de préférence les MP3 achetés sur Amazon, ainsi que les images. Si vous possédez Amazon Prime, vous bénéficiez d'un stockage illimité d'images. Il s’agit essentiellement de stockage distant pour tout ce que vous achèteriez en numérique chez Amazon et qui est intégré à tous ses produits et services.
  • - Les services hybrides tels que Spider, Box, Dropbox et SugarSync disent tous qu’ils travaillent dans le cloud car ils stockent une version synchronisée de vos fichiers en ligne, mais ils les synchronisent également avec le stockage local. La synchronisation est une pierre angulaire de l'expérience du cloud computing, même si vous accédez au fichier localement.

De même, le cloud computing est considéré comme une communauté de personnes en mobilité et disposant d'appareils distincts ayant besoin de synchroniser les mêmes données, que ce soit pour des projets de collaboration au travail ou simplement pour que la famille soit synchronisée et partage des documents, photos ou vidéos.

Mais le message resassé par tous ces fournisseurs est exactement le même : Pourquoi gaspiller un espace de stockage, coûteux et limité sur votre PC ou votre téléphone lorsque vous pouvez stocker vos documents et supports dans le cloud et les partager sur plusieurs appareils ?

Quelles différences entre cloud public, cloud privé et cloud hybride ?

Dans un cloud public, qui est le modèle standard proposé notamment par les géants du web (Amazon, Google ou Microsoft), les serveurs et les applicatifs sont mutualisés entre les clients grâce à des milliers de serveurs localisés dans des data centers situés aux quatre coins du monde. Par leurs capacités illimitées et aussi à l’automatisation de leurs processus de pré-configuration et précâblage des machines et des applicatifs, ces prestataires offrent à toute entreprise la possibilité de recourir en ligne à des solutions d’infrastructure, des plateformes de développement ou à des applicatifs et de les dimensionner en un temps record. Les clients ont une facture ajustée à leur consommation ce qui fait le bonheur des TPE/PME et autres start-up qui n’ont plus besoin d’investir dans l’acquisition d’infrastructure et d’espaces. Le Capex (dépenses d’investissement) bascule en Opex (dépenses d’exploitation) et les organisations adaptent leurs dépenses à la croissance.

Le cloud privé désigne un réseau ou un data center propriétaire exploitant des technologies de cloud computing, telles que la virtualisation. Le cloud privé est le format le plus courant et il est géré par l'organisation qu'il dessert. Ce sont des serveurs privatifs, dédiés à une seule entreprise, qui peuvent être sur site ou hors-site. En effet, le cloud privé est administré soit en interne, soit par un prestataire spécialisé permettant d’avoir un contrôle complet sur les données et sur l’infrastructure. Néanmoins, le cloud privé a un coût fixe en fonction du type de serveur utilisé, de sa capacité en termes de puissance, de stockage et de la maintenance qui est associée mais aussi un coût variable en fonction du nombre d’utilisateurs.

2 types de cloud privés peuvent exister : cloud privé géré (le cloud est créé et utilisé par les clients, mais déployé, configuré et géré par un fournisseur tiers) ou cloud privé dédié (il s’agit d'un cloud privé d'un type particulier au sein d'un autre cloud public ou privé).

Un troisième modèle, le cloud hybride, est opéré à la fois par des fournisseurs internes et externes. C’est le résultat de la combinaison d'au moins deux environnements de cloud interconnectés, publics ou privés. Ses ressources virtuelles regroupées sont développées en partie du matériel détenu et géré par une entreprise tierce, et en partie à partir du matériel détenu par l'utilisateur. En associant les deux modèles des cloud (public et privé) dans un cloud hybride, l’entreprise peut tirer les bénéfices des deux systèmes. Les données sensibles ou critiques à conserver à portée de main dans un cloud privé tout en utilisant le cloud public pour sa stratégie big data afin de traiter des volumes des données importants et répondre à des besoins de puissance de calcul temporaires avec une souplesse et un ajustement à l’usage.

Quel que soit le choix, le virage vers le cloud doit résulter d’une vision stratégique impliquant la direction, le business et la DSI afin de faire les bons choix technologiques garantissant notamment l’interopérabilité des cloud privés et publics. Le plus important est rester maitre des choix technologiques et conserver la main sur les données chaque fois que cela s’avère nécessaire et stratégique.

Parmi les fournisseurs qui se positionnement sur cette offre de service du cloud hybride, nous trouvons notamment AWS, Google (en association avec Cisco), IBM (qui a racheté Red Hat), Oracle, VMWare et SAP.

Quel est le poids économique et environnemental du cloud computing ? Quelques chiffres !

Bien entendu, l'informatique en nuage ou le cloud fait partie de l’économie numérique à l’échelle mondiale : le marché a généré 100 milliards de dollars par an en 2012[1] et pourra même atteindre 278,3 milliards de dollars en 2021 pour le cloud public[2].

Plusieurs études et chiffres ont été communiqués par Gartner, IDC, Xerfi, Cisco et CXP sur le cloud montrent une croissance du marché du cloud avec une tendance vers le transfert des dépenses informatiques des entreprises vers de nouvelles alternatives basées sur le cloud [3] :

  • En 2016 l'ensemble des data centers a absorbé 416 térawatt-heure (dont 50% en climatisation) soit 3% de la consommation mondiale, responsable de 2% des émissions globales de gaz à effet de serre (enquête du journal The Independent)[4].
  • Dans son ensemble, le secteur du numérique engloutissait près de 10% de la production électrique mondiale en 2015. Les data centers en accaparent 18%, selon une synthèse publiée fin 2017 par l'association négaWatt[5].
  • Les revenus provenant des deux clouds combinés pesaient début 2018 ; 46,1% des dépenses d’infrastructure IT mondiales, contre 41,8% en 2017.
  • Selon Xerfi, la France devrait compter 20 data centers de plus d'ici à 2020, pour atteindre les 200 implantations.
  • D'ici 2021, la capacité de stockage des data centers devrait encore être multiplié par 4, selon une étude de Cisco[6].
  • Plus de 1,3 billion de dollars de dépenses informatiques seront directement ou indirectement affectées par le passage au cloud d'ici 2022.
  • En 2022, 50% des revenus dans le secteur seront consacrés à l’infrastructure système et aux logiciels d’infrastructure.
  • Le chiffre d’affaires des infrastructures pour le cloud public a plus que doublé au cours des trois dernières années pour atteindre 9 milliards de dollars, ce qui représente une croissance de 55,8% sur un an. Du côté du cloud privé, la croissance est plus modeste (26,5%) générant 3,9 milliards de dollars.
  • Pour l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU), les data centers en 2020 devraient représenter un marché de 80 milliards de dollars.
  • D'ici à 2025, le cabinet IDC a prévu que le volume mondial de données stockées et transmises serait multiplié par 8, soit 163 milliards de Téraoctets (163 Zettaoctets).

Outre les acteurs américains du cloud, le gouvernement chinois continue à investir massivement dans le développement du cloud à la fois pour servir les besoins et la croissance des entreprises chinoises qui adoptent massivement cette technologie, mais aussi par ce que l’enjeu est le marché mondial après celui de l’Asie-Pacifique. Une étude de Canalys datant de juin 2019 a dévoilé que les dépenses en infrastructures cloud en Chine ont dépassé les 2 milliards de dollars. Cette croissance exponentielle du cloud chinois représente désormais 9% du marché cloud mondial.

Le marché des services de cloud public n’a pas fini de progresser. Le cloud devient incontournable et fait partie des stratégies à la fois business et IT des entreprises pour proposer des services accessibles, pas chers et innovants. Le Saas (Software as a service) restera le segment le plus important du marché du cloud et son chiffre d’affaire devrait croître de 22,2% pour atteindre 73,6 milliards de dollars et 45% des dépenses totales de logiciels seront faites dans le Saas à l’horizon 2021 selon Gartner.

La Chine est un des acteurs avec qui il faudra composer demain à la fois en raison d’une offre devient très intéressante en termes de coûts mais aussi en termes d’innovation technologique. La concurrence avec les gérants américains sera féroce dans les prochaines années. Face à cette concurrence, on peut même oser le mot guerre économique, la France tente de réagir et de se protéger avec un cloud souverain made in France. Les deux dernières initiatives nées d’un partenariat public-privé (Cloudwatt et Numergy) ont été un échec. Malgré tout, le français OVH reste dans la bataille au sein du top 10 mondial, mais pour combien de temps encore ? Aurons-nous un jour un Cloud National Stratégique ?

[1] UpGuard on April 3, 2019
[2] Source
[3] Source
[4] Source
[5] Source
[6] Source