EDF lance son cloud en ciblant blockchain et calcul haute performance

EDF lance son cloud en ciblant blockchain et calcul haute performance Le géant de l'électricité va revendre de la ressource de calcul et de stockage aux côtés d'une blockchain as a service. Le tout bénéficiera de son savoir-faire en IT et performance énergétique.

EDF lève le voile sur une offre de cloud computing. L'activité est portée par Exaion, une toute nouvelle filiale active depuis le 4 décembre 2019. Le projet a été lancé par deux salariés du géant français de l'électricité avec l'aide d'EDF Pulse Croissance, l'incubateur et fonds d'investissement d'EDF. Exaion compte passer en phase de commercialisation d'ici la fin du premier trimestre. "Pour l'heure, nous finalisons les preuves de concept en lien avec des partenaires et des clients potentiels", précise Fatih Balyeli, co-fondateur et directeur général d'Exaion.

Avec cette nouvelle corde à son arc, EDF entend notamment revendre ses ressources informatiques inutilisées. "Nous n'avons pas toujours recours à toutes nos capacités informatiques. D'où l'idée de les mutualiser avec d'autres", reconnait Christophe Salomon, DSI d'EDF et président du conseil d'administration d'Exaion. Une manière également de mieux les rentabiliser. Au total, Exaion pourra distribuer jusqu'à 1 pétaflop de force de calcul, et 8,5 pétaoctets d'espace de stockage.

"Nous avons identifié plusieurs cas d'usage : le deep learning, le jeu vidéo, ou encore la simulation en mécanique des fluides"

"Nous avons bâti un cloud privé orienté HPC (calcul haute performance, ndlr) pour répondre à nos propres besoins en simulation, en calcul de risques, en IA, mais aussi dans le but d'optimiser l'équilibre de notre réseau de distribution d'électricité", détaille Fatih Balyeli. L'objectif est désormais de faire profiter de notre savoir-faire en calcul distribué à l'extérieur via un cloud public. "Nous avons identifié plusieurs cas d'usage adaptés à notre plateforme : l'entrainement de modèle de deep learning, la création d'univers 3D pour le jeu vidéo, ou encore la simulation dans le cadre de la recherche en mécanique des fluides", égraine Fatih Balyeli.

Evidemment, les clients d'Exaion bénéficieront en parallèle du niveau de sécurité qu'EDF s'applique à lui-même dans le cadre de son cloud privé, à la fois en termes matériel, logiciel et réseau. Le futur cloud public sera doté d'une architecture redondante répartie sur les deux data centers du groupe situés en France. Il tirera également parti de l'organisation d'entreprise en matière de cybersécurité. Rappelons qu'en tant qu'opérateur d'importance vitale (OIV), EDF est tenu de s'équiper des moyens de cyberprotection avancés.

La blockchain comme valeur ajoutée

Pour commercialiser son offre, Exaion entend passer par une place marché basée sur une blockchain, celle d'Ethereum en l'occurrence. "Cette chaîne de blocs permettra de tracer les transactions de bout en bout en identifiant à la fois le client et la capacité de calcul ou de stockage concernée chez nous", précise Fatih Balyeli. Les tarifs seront fixés par la marketplace en fonction de l'offre et de la demande. Pour l'heure, Exaion ne communique pas encore le nom de ce partenaire. En Europe le français iExec et le polonais Golem figurent parmi les principaux acteurs de la blockchain positionnés dans la revente de ressources informatiques. Un modèle décentralisé qui prend le contre-pied des logiques centralisés des clouds historiques tels AWS, Google ou Microsoft (lire l'article Cloud décentralisé : l'utilisateur devient fournisseur... et les prix chutent).

En parallèle du HPC, Exaion proposera d'ailleurs une offre de blockchain as a Service (BaaS). Elle permettra d'opérer sa propre blockchain, publique ou privée, et d'y faire tourner des smart contract en capitalisant sur les ressources de calcul de l'énergéticien. "La direction éthique et conformité du groupe s'assurera que les chaînes de blocs mises en œuvre seront alignées sur les exigences des autorités de régulation nationales et internationales et aux pratiques de place", prévient Christophe Salomon. D'ici fin 2020, ce BaaS sera en outre complété d'un service de coffre-fort numérique pour les portefeuilles de crypto-actifs.

Des data centers en containers

Dernière pierre à l'édifice, des petits data centers dédiés (à 1MW l'unité), hébergés dans des containers physiques, seront commercialisés par Exaion pour des besoins de forte puissance. Ils bénéficieront des mêmes conditions de sécurité et de qualité de réseaux électrique et télécoms que les autres services proposés, mais seront totalement dissociés des centres de données d'EDF.

Pour finir, Exaion insiste sur sa stratégie écoresponsable. En accord avec ses clients, ses serveurs seront sollicités en évitant les pics de consommation électrique, qui se traduisent par un impact environnemental maximal. Le cloud tirera par ailleurs parti de la certification ISO 50001 décrochée par EDF pour ses data centers en 2016. Une norme qui implique de mettre en œuvre un cercle vertueux d'optimisation continue de la consommation énergétique. "Pour l'heure, nos centres de données sont refroidis par free cooling (ventilation d'air venant de l'extérieur, ndlr) et eau glacée. Quant à la température produite par les serveurs, elle est utilisée pour chauffer des locaux de stockage", détaille-t-on chez EDF. Dans cette logique d'amélioration continue, le groupe envisage d'installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de ses data centers.