Florence Delacour met la Fondation de France sur les rails du numérique

Florence Delacour met la Fondation de France sur les rails du numérique La directrice des Ressources Internes est en charge des RH et de l'informatique. Après avoir mené un vaste chantier de transformation, elle met désormais le cap sur les services numériques.

Florence Delacour-Le Petit nous a reçu dans son bureau de l'avenue Hoche, siège parisien de la Fondation de France. En charge des systèmes d'information de cette prestigieuse maison, elle en est la directrice des ressources internes. Car au-delà de l'informatique, elle couvre également la gestion RH, mais aussi l'organisation et la gestion des risques et de la qualité. Elle nous accueille en compagnie de Christophe Looren, responsable des systèmes d'information métier, et Christophe Bregeras, responsable de l'infrastructure, de la sécurité et des centres de service de la fondation. Une présence qui illustre sa volonté de mettre en valeur la dynamique collective de ses équipes informatiques.

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Florence Delacour-Le Petit est directrice des ressources internes de la Fondation de France, et membre club Décision DSI © Fondation de France

Une dynamique de groupe qui a permis à Florence Delacour-Le Petit d'avancer très vite depuis son arrivée à la tête de l'informatique de la structure. En 5 ans, elle a accompagné, avec ses équipes, un plan de transformation complet de l'organisation, qui a impliqué l'ensemble des directions de la Fondation de France. Dans ce cadre, les processus métier ont été entièrement remis à plat  par l'organisme pour améliorer la performance dans la mise en œuvre de ses principales missions : de la collecte et la redistribution de fonds au profit de projets philanthropiques, jusqu'à l'hébergement de fondations - pour lesquelles la Fondation de France assure une mission de conseil et d'expertise sociétale. En quatre ans, 40 applications d'ancienne génération ont été migrées vers un système d'information tout neuf comptant aujourd'hui une centaine d'applications et services.

Gestion des acteurs (fondateurs, donateurs, bénéficiaires, bénévoles...), mise en place d'un ERP maison (pour la gestion des legs, des fondations, de la redistribution...), d'un nouveau système comptable (basé sur PeopleSoft)... Le chantier s'étale de 2008 à 2012. "Nous avons aussi déployé une application de gestion des portefeuilles financiers, qui repose sur SunGard Financial Systems, mais également un outil de CRM basé sur Selligent, tout comme une plateforme de Business Intelligence adossée à Oracle BI", complète Christophe Looren. Et Christophe Bregeras de compléter : "grâce à tout ce travail d'optimisation de l'organisation et des outils, nous avons gagné trois mois dans les procédures de clôture comptable des 730 fondations sous égide et réussi à optimiser la traçabilité de nos flux pour les dons et les legs."

La définition d'une stratégie numérique pour 2014

Le système d'information étant urbanisé, la prochaine étape est assez logiquement celle de la définition d'une stratégie numérique globale. "C'est bien l'un de nos principaux objectifs en 2014", confirme Florence Delacour-Le Petit. "Notre vision est celle du Cigref : une transformation numérique portée par les usages. Ce sont bien les usages qui doivent en effet conduire nos choix technologiques, et surtout pas l'inverse." Et les questions auxquelles il va falloir répondre sont nombreuses. Comment s'adapter à un parc de terminaux de plus en plus hétérogène ? Comment répondre aux besoins de travail nomade ? Comment également faire évoluer l'informatique vers l'IT as a Service, afin de livrer plus rapidement les applications ?

Repenser l'infrastructure web et construire une usine à apps mobiles

Et derrière l'enjeu du numérique, cumulé à de rapides évolutions sociétales, se cache la problématique de l'adaptation générationnelle. "Avec le numérique, le changement de génération se fait tous les 5 ans, et non plus tous les 25 ans. Ce qui engendre de nouveaux challenges IT comme par exemple dans le design d'interfaces", note Florence Delacour-Le Petit, avant de pondérer : "Il faut dépasser les clichés générationnels car la situation est plus complexe. Certains jeunes ne s'adaptent pas forcément aussi bien que d'autres. Et du côté des séniors, il en est au contraire qui excellent dans la pratique des outils numériques. Sans compter que nous devons veiller à ne pas laisser sur le côté de la route des profils, peu habitués à ces solutions, mais cependant très compétents dans leur domaine." La directrice des ressources internes de la Fondation de France est consciente du défi à relever. Selon elle, ce chantier de transformation numérique, combinant défis organisationnels, RH et technologiques, pourrait s'étaler sur presqu'une décennie.

En attendant, Florence Delacour-Le Petit ne perd pas de vue les besoins opérationnels immédiats. A la demande des fondations sous égide, elle entend notamment repenser l'infrastructure web et construire une usine à apps mobiles. En ligne de mire : se donner les moyens de délivrer des apps et sites web dans la journée. "Ce qui permettra par exemple de répondre plus rapidement à l'urgence sanitaire d'une catastrophe naturelle en lançant immédiatement une collecte de don." Autre piste étudiée : faire appel à la géolocalisation pour mieux cartographier les actions réalisées grâce aux dons collectés, et ainsi permettre aux donateurs de suivre "plus concrètement" ce qu'ils ont contribué à financer. Sachant que la Fondation de France finance 8 500 projets chaque année.

 

L'agilité : un facteur clé de réussite de la politique numérique

En matière de choix technologique, Florence Delacour-Le Petit ne veut se fermer aucune porte, y compris celle des start-up. "Pour peu que la solution proposée soit évolutive et basée sur des technologies relativement standardisées, nous pouvons être intéressés", note-t-elle. Et même si, jusque-là, la Fondation de France n'est pas habituée au cloud public, son département infrastructure étudie désormais cette piste. "Nous lançons une première expérience de mise à disposition de services, via le cloud, pour les collaborateurs se déplaçant en urgence sur site lors de catastrophe", ajoute Christophe Bregeras. "Dans cette configuration, le cloud est intéressant car il permet d'opérer de façon localisée, et ainsi d'optimiser les temps réponse de nos applications."

Dans le cadre de la définition de la stratégie numérique, Florence Delacour-Le Petit est persuadée d'une chose : l'agilité constituera un facteur clé de réussite. D'abord l'agilité du schéma directeur numérique, qui pourrait être défini, mais aussi l'agilité des process informatiques, via notamment la mise en place des catalogues de services. Avec à la clé des contrats au travers lesquels l'informatique et le client interne s'engagent en termes d'implication. Enfin, Florence Delacour rappelle que l'agilité est avant tout une posture. "Dans notre monde en évolution constante, elle réside dans notre capacité de veille et notre habilité à croiser des idées pour imaginer des innovations efficaces en phase avec les usages de nos utilisateurs", analyse Florence Delacour-Le Petit. "J'incite l'ensemble de mes équipes à s'impliquer dans la démarche. C'est à cette condition que nous réussirons".